Screaming Heart

Chapitre 15

− Mais c'est pas possible d'être aussi abruti, grogne-t-il derrière moi.

Al est dans mon dos, la main plaquée sur ma bouche, ce qui ne sert plus à rien. Arion relève la tête, lui aussi surpris de le revoir plus vite que prévu.

− Qui est là ?

Je plonge mon regard dans celui des hommes l'autre coté du buisson, qui sont debout et nous fixe. Mon cœur s'emballe, mes mains sont toujours liées, je n'ai aucun moyen de me défendre. Et laisser Al contre quatre, c'est peine perdu. La seule option serait de s'enfuir tous les trois au dos d'Arion, je ne vois que cette chance là de ne pas mourir là tout de suite.

− Aide moi à monter sur Arion, dis-je à Al.

Il me regarde de haut en bas, comme si ma requête ne lui convenait pas. Avec le peu de volonté qu'il a, il accepte à contrecœur de me faire la courte échelle, pour que je puisse me glisser sur la selle de mon cheval. Je lui tend le bras en retour pour qu'il monte lui aussi à son tour. Mais il reste regarder ma main. Les buissons se mettent à s'agiter, les quatre hommes sont en train de passer à travers. Je vois déjà la tête du premier, son regard est semblable à celui d'Al dans la ruelle face à sa victime, un large sourire sur ses lèvres. Mais a ma grande surprise Al ne prend pas ma main en retour, mais tape sur l'arrière-train d'Arion, ce qui le fait démarrer au quart de tour.

− Tu ne me servirai à rien ici, à part de me gêner, dit-il au moment de claquer la peau d'Arion.

Peut-être que je ne servirait à rien avec mes mains liées, mes blessures et ma fatigue, mais il ne fera jamais le poids face à ces hommes. Ils viennent d'Harenae, il n'y a aucun doute là-dessus. Leur peau d'un teint bronzé et leur goût pour les conflits les trahissent. Mais je n'ai vu qu'un des hommes, mais Kassian pourrait faire partie de l'un des autres. Je ne peux pas laisser passer cette chance. Si il est présent, je pourrais enfin faire ma vengeance, ma justice. D'un coup de rennes, j'ordonne à Arion de faire demi-tour. Peut-être que Al considère que c'est son combat, mais c'est aussi le mien, plus que le sien si Kassian se retrouve au même endroit que nous. Je ne peux pas laisser passer cette occasion en or. J'entends des voix, des cris, et du métal qui s'entrechoque. Mais Al est bien trop rapide dans la pénombre pour que je puisse le suivre, je ne suis même pas sur que ce soit vraiment lui. Les arbres cachent à la lune, ce lui limite la lumière. Je ne peux pas descendre d'Arion, je serais bien vulnérable au vu de mon état. Mais comment savoir où il est sans me faire repérer. Je tente d'attraper ma dague mais impossible de couper les cordes autour de mes poignets. J'ai beau frotter la lame, c'est peine perdu sans la force de mes bras, alors j'abandonne l'idée. Pour le moment je reste tapis dans l'ombre des arbres pour observer. Le fer continue de s'entrechoquer dans la nuit. Je tente voir leur visages, mais impossible d'aussi loin. Je ne sais même si Al s'en sort vraiment ou pas. Mais, si j'apparait soudainement sous leurs yeux, ils devraient être déstabilisés, ce qui me permettrai à la fois de voir leur visages, et de récupérer Al si il le faut. Mais le laisser là, ferait de moi complice de son meurtre, même si le savoir mort ou non de changerait rien à ma vie. La vision d'abandonner quelqu'un qui à fait tant d'effort pour me retrouver, même contre son gré, ne me parait pas juste. Alors j'élance Arion entre les buissons et surgit au milieu de la bataille. L'un eu un hoquet de surprise en me voyant. Un autre gît sur le sol toujours vivant dans une mare de sang, sur laquelle des feuilles flottent. Un autre se bat contre Al, qui me jette un regard noir.

− QU'EST-CE QUE TU FAIS ENCORE LA, hurle-t-il pour que je l'entende.

Mais je ne vois pas le quatrième homme. La chair de poule me caresse la peau au gré vent. Je tourne mon buste de tous les coté pour tenter de l'apercevoir avant de me faire piéger. Mais il se trouve simplement accroupie au sol, au-dessus de son camarade ensanglanté par terre. Il tient un couteau pointé en sa direction.