jour 10 -pt 2-

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Je me suis retrouvée en face de lui. Moi figée derrière la porte vitrée de la superette. Et lui, assis par terre. Il tenait à sa main un mouchoir  qu'il sentait. J'étais terrorisée, vraiment. Tamou se trouvait derrière moi. Je sais qu'il l'a vu me rendre la monnaie. Sans penser je prends deux pièces et les lui tends. 

 Je lui ai donné deux piéces?? J'ai agis sans penser. Et j'ai vite avancé. 

C'est pas la première fois que je le  vois. La dernière fois j'étais avec Ghalia.  Nous sommes passées vite devant lui. Et il nous a jeté derrière notre dos d'une voix grave:

"Vous faites la course?"

Quand on veut ressortir, je dis à ma sœur de passer calmement devant lui et pas courir. Elle me dis ok. On passe devant lui d'un pas calme et là il nous dit: 

"C'est bon là, vous avez pris ce que vous voulez. Vous faites plus la course hein?". 

On marche sans se retourner, une fois la superette dépassée. On court jusqu'à la maison. 

Bref, je disais. Je marche avec la dame. Je me sentais pas bien. Faut savoir que des fois j'ai des mauvais pressentiments. Et là je le sentais.  Je me retourne, je vois la silhouette d'un homme, à quelques pas de nous. J'arrivais pas à distinguer son visage car il avait une capuche sur la tête. Je me tourne vers Tamou et lui dit de voir si c'est lui. Elle le regarde et me dit oui. On étaient suivies.

Là j'ai eu très peur. Je tourne à droite de la ruelle . 

Et je crie: "Cours!"   (Je ne suis pas quelqu'un de sportif. Et la dame non plus. Elle est un peu vieille). 

Je me suis mise à courir, courir, courir... Je tourne vers elle et je la vois derrière moi toute petite en train de courir. J'essayais de ne pas rire. Vous savez courir avec une djellaba c'est pas évident...

J'ai dépassé la porte de notre immeuble. Et là elle me crie tout en me suivant: "Kenza, t'as dépassé l'immeuble!" Comme si j'étais aveugle. Je pouvais pas attendre que ma sœur m'ouvre avec l'interphone. C'était mort. 

Je continue de courir jusqu'à un garage ou se trouvait des hommes qui travaillaient toujours. Je me tourne pour la voir et là elle arrive. Elle était essoufflée. Elle m'a dit devant l'homme qui réparait la voiture: "Be3da il y'a un homme, il pourra nous protéger". Prière de ne pas payer attention à ce qu'elle a dit. Meskina elle s'y connait pas. 

Je tiens à préciser que il restait 15 min avant ftour. La rue était totalement déserte. 

On reste quelques secondes pour voir si le clochard vient ou pas. Mon cœur battait la chamade. 

Au bout d'une minute, elle me dit qu'il nous a perdu. Donc on essaye de partir au Carrefour sans trop rajouter.  Et devinez quoi?

On l'a trouvé fermé. On avance un peu plus. Il n'y avait rien. Ni les gardiens, ni les voitures, ni les passants. Même les chats avaient disparus. Vraiment. J'étais terrorisée. Ca fait de années que j'habite ici. Casablanca, ville des embouteillages... C'était comme au désert. Il y avait que des sdf qui marchait, un sac en plastique noir sur le dos.  Tamou m'a dit que soubhana'Allah c'est la première fois elle sort  sans téléphone et il y a tout ça qui nous arrive.

Je lui dis: "Vient on part au Souk, c'est juste à coté". 

On part, tout était fermé. On voit une dame approcher.  Elle était Camerounaise.

Je la vois et je lui dit en Français, d'un air poli:

-Excusez-moi, vous n'auriez pas vous un hanout sur votre chemin?

- Un quoi?!

Je me dis: "Elle capte pas l'arabe".

-Heuu... Je veux acheter du fromage mais tout est fermé. Vous avec pas vu une supérette ouverte à coté?? 

-Non désolée...

-D'accord, merci.

Et je rebrousse chemin.

Tamou me demande ce qu'elle m'a dit. Je lui dit que elle ne sait pas. J'avais pas envie d'expliquer. 

-Viens on rentre, c'est bon. 

Je rentre à la maison et là ma mère me dit qu'on est parties une éternité. Je lui dit qu'on a rien ramené et je laisse  la dame lui expliquer.

A l'heure du ftour, on avaient reçus des invités et je me suis mise à raconter ce qui nous est arrivées. Mon oncle a rit. Et mon père m'a dit que j'en ai fait tout un film.  Baba il sait que j'ai beaucoup d'imagination et que j'adore inventer des histoires. Mais cette fois , c'était pas le cas.

Bref, les hamburgers était bons mais il y avait le fromage qui manquait.

Voilouuu!

Ramadan dial KenzzWhere stories live. Discover now