Chapitre 15

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Je pose enfin ma valise sur le lit de l'hôtel. Le voyage en avion était terriblement long, et le décalage horaire m'a complètement perturbée. Je m'allonge de tout mon long sur le lit pendant que Damiano part voir la chambre de Victoria, encore une fois accolée à la notre. Je ferme les yeux et au moment où je me sens partir dans un sommeil bien méritée, je sens Damiano se jeter sur le lit à côté de moi.

- Oh non Dam, je dormais, je marmonne.

- Il est deux heures de l'après-midi, il est hors de question que tu ne dormes !

- Ah ouais ? Bah pas pour moi, c'est l'heure de dormir.

Je me tourne pour qu'il soit dans mon dos, mais il m'attrape et me tire.

- Si tu dors maintenant tu n'arriveras pas à caler ton horloge sur celle d'ici.

- Pas grave, je grogne.

- Hors de question ! il me dit.

Je soupire, il ne va donc pas me laisser tranquille. Je capitule, trop rapidement à mon goût, mais je suis trop fatiguée pour résister.

- Qu'est-ce que tu veux qu'on fasse alors ? je lui demande.

- Si on allait prendre un petit thé quelque part ? Pour te redonner des forces ? il me propose.


Une fois que nous nous sommes habillés de façon à sortir le plus anonymement possible, nous partons vers un salon de thé que Damiano a repéré sur internet. Je lui demande de partir en métro et non en voiture. Je veux pouvoir me balader dans New York comme je me balade dans Barcelone habituellement. Un garde du corps nous est attribué par son agent puis nous partons. Fatiguée, je suis contente malgré tout de pouvoir visiter New York. Heureusement que j'avais fais un passeport il y a quelques années en me disant que ça me servirait un jour, même si finalement je ne suis allée nul part à part à Barcelone. J'ai du mal à croire que là je suis à New York. New York ! Les Etats-Unis d'Amérique ! 

Damiano nous guide devant une magnifique enseigne à Manhattan. C'est un salon de thé parisien qui s'est installé à New York. Je suis heureuse de trouver un peu de France dans cette grande ville. Depuis que je connais Damiano, je n'ai pas encore eu l'occasion de lui faire découvrir ce que j'aime de la France. Et la pâtisserie fait partie du top cinq des choses que j'aime le plus dans mon pays. L'enseigne ressemble à celles que l'on peut trouver dans les rues parisiennes. En blanche, on ne peut pas le louper. Dans la vitrine est dressée de belles pâtisseries appétissantes et l'on peut voir que le salon de thé est bien remplie. J'espère qu'on va pouvoir trouver une place. On entre, Damiano devant et moi sur ses talons. Une employée se dirige vers nous.

- Bonjour, vous venez pour consommer sur place ou prendre à emporter ? elle demande avec un léger accent français.

Heureuse d'avoir l'occasion de parler dans ma langue natale après plusieurs mois à jongler entre l'anglais et l'espagnol, je prends la parole sans laisser le temps à Damiano de le faire :

- Pour manger sur place.*

- Suivez-moi, elle me répond en français avec une sourire rayonnant.

- Sur une table si possible à l'abris des regards, je rajoute. Et il faudrait une table séparée pour la personne qui nous accompagne, je rejoute en me tournant vers le garde du corps qui nous suit depuis notre sortie de l'hôtel.

La serveuse nous installe sur une table à l'abris des regards pendant que le garde du corps s'installe quelques tables plus loin. Elle nous donne la carte puis nous laisse seuls.

- Laisse moi commander pour toi, je propose à Damiano.

- Avec plaisir. Je te sens à ta place ici, ça fait plaisir, il rajoute alors que je parcours la carte.

- J'avoue que mon pays me manque un peu des fois, je réponds en posant la carte, après avoir choisis ce que j'allais nous commander.

- Je te promets que dès qu'on peut, on partira en vacances là bas.

Je souris pour le remercier. 

- Est-ce que ça te dérange si on prends la formule brunch ? C'est un peu cher et je ne pense pas pouvoir en payer la moitié... je lui demande.

- Bien sûr, fais toi plaisir. ça me dérange pas de payer quand tu as besoin tu sais.

Je grimace. Son attention me touche, mais me gêne. Je ne veux pas vivre au crochet de quelqu'un, et ce malgré tout l'amour que je porte à Damiano. J'espère que le travail que m'a donné Lola va me permettre de subvenir à mes besoins. La fatigue et les questionnements que je refoule ces derniers temps me remonte d'un coup en pleine face, comme une gifle. Le décalage horaire ne me réussit pas. La serveuse revient vers nous et je passe commande. 

- Est-ce que ça va ? finit par me demander Damiano alors que je reste silencieuse.

- Oui, je suis juste un peu fatiguée, le changement d'heure tout ça, tu vois.

J'avale ma salive avec difficulté. Je n'aime pas lui mentir, mais je ne veux pas gâcher sa tournée avec mes doutes alors qu'il m'offre la possibilité de vivre une expérience incroyable en le suivant à travers les Etats-Unis.

- Je sais, la première fois c'est pas facile, on ira se coucher de bonne heure si tu veux, il me dit en souriant.

La serveuse arrive avec notre brunch, puis repart, nous laissant à nouveau seuls. Adorant la pâtisserie et la pratiquant moi-même dès que j'en ai l'occasion, j'explique à Damiano quel est le nom de chacune d'elles et de quoi elles sont faites. Damiano m'écoute, il semble captivité par ce que je lui dis et je suis contente de lui faire partager à mon tour quelque chose que j'aime. On déguste ces pâtisseries délicieuses tout en parlant de tout et de rien. Je sens le regard de certains clients peser sur nous, mais j'essaye d'en faire abstraction. 

Après notre brunch / goûter au salon de thé, nous nous sommes balader dans les rues de New York avant de retourner à l'hôtel. Camouflés sous nos capuches, on a presque pu passer inaperçus. Quelques personnes se sont retournées sur notre passage. Malgré ça j'ai passé un agréable moment avec Damiano.

A l'heure du repas, nous décidons de rejoindre le reste de l'équipe. C'est l'occasion pour Damiano de connaître le planning des prochains jours et pour moi de savoir ce que je vais pouvoir faire de mes journées. Je reste silencieuse tout le long du repas, ce qui ce dit ne me concerne pas. J'observe l'effervescence présente sur cette table et je souris. Malgré tous les inconvénients de cette vie, je suis heureuse d'en faire partie. Après le repas, nous retournons dans notre chambre. Soulager de pouvoir enfin dormir, je me laisse tomber sur le lit. Damiano s'allonge à côté de moi avant de poser sa tête sur mon épaule.

- Tu veux nous accompagner demain à nos interviews ? il me demande.

- Non, je préfère éviter, je lui réponds, me rappelant la dernière fois que je l'ai accompagné. Je pense que je vais travailler et peut-être aller me promener un peu.

- En fait, notre équipe a engagé un agent de sécurité en plus, qui sera avec toi peu importe où tu iras.

- Ce n'était vraiment pas obligé, je lui réponds.

- Si, il est hors de question que ce qu'il t'est arrivé t'arrive une seconde fois, je m'en veux déjà assez de ne pas avoir pu te protéger.

Il se relève pour me faire face, plongeant ces yeux dans les miens. Pour la première fois je remarque qu'il s'en veut réellement, alors qu'il n'y est pour rien. Ce n'est pas lui qui décide qui sont ses fans, et encore moins qui les incitent à m'agresser.

- Je ne veux pas que tu te sentes coupable, rien de ce qui est arrivé n'est de ta faute, d'accord ? je lui dis en attrapant son visage avec mes mains, avant de l'embrasser.


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* Les dialogues en gras sont dis en français.

Quand tout nous oppose [Maneskin]Where stories live. Discover now