Chapitre 3.

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Quelle... curieuse petite créature...

Nikolai observait la femme face à lui, elle était terrorisée, même sans sentir son odeur il l'aurait deviné à la manière dont ses ongles parfaitement coupés s'enfonçaient dans le bois. C'était l'effet qu'il faisait, en général, surtout quand il était de mauvaise humeur, et Nikolai était toujours de mauvaise humeur. Le simple fait d'avoir dû se rendre à Jaykam l'avait rendu ronchon, il n'avait aucune envie d'être là, il y avait trop de monde, et maintenant qu'il voyait avec qui il devait travailler, il regrettait encore plus.

Une humaine, une femme en plus. Pas qu'il la pense plus incompétente qu'un homme, seulement, l'expérience lui avait appris que les femmes étaient une source infinie de problème et celle-ci était plutôt jolie. Elle avait d'épais cheveux noirs remontés en chignon dont plusieurs mèches s'échappaient pour venir caresser la courbe gracile de son visage. Sa peau était tellement pâle que les veines dans son cou étaient bleues, et de là où il était, il pouvait voir sans mal le palpitement paniquer de son pouls. Elle avait de grands yeux, presque de la couleur d'un miel brun, et joliment écarquillé.

Oui, cette femme allait définitivement lui causer des problèmes. Et s'il était socialement admit qu'il foute son poing dans la figure d'un homme trop emmerdant, il ne pouvait décemment pas frapper une femme, surtout si elle n'avait pas l'air de pouvoir lui rendre son coup...

Il grogna de plus belle face à sa main tendue et elle tressaillit, ses doigts tremblèrent légèrement, mais il ne résista pas à l'envie de les lui serrer. Comme il l'avait prédit, elle était minuscule par rapport à ses grosses paluches d'ours aux cales dû au travail. Il enroula les doigts pour la serrer brièvement et sa main disparut entièrement dans la sienne. Il serra à peine, parce qu'avec une main aussi délicate, ce serait dommage de l'abîmer.

— Nikolai, se présenta-t-il dans un grondement.

Il n'avait aucune envie d'être là, mais son culot l'intriguait, elle tremblait presque de peur, mais ça ne l'avait pas empêché de le corriger. Elle sembla reprendre un peu de contenance et inspira profondément, les yeux de Nikolai quittèrent son doux visage pour se poser sur sa poitrine, boutonné jusqu'au cou. Les humaines, songea-t-il agacé, toujours à se vêtir avec pudeur d'horrible chose pleine de boutons que ses grosses pattes d'ours n'étaient pas aptes à défaire. Cela dit, il n'aurait même pas essayé, non, s'il l'avait voulu nu il se serait contenté d'arracher sa robe, l'avantage de tous ces petits boutons délicats, c'était qu'il n'était pas du tout solide.

Elle se racla la gorge et il revint à son visage. Si elle avait remarqué son égarement, elle n'en fit aucune remarque.

— Le message disait que vous cherchiez une décoratrice d'intérieur, pouvez-vous m'en dire plus ?

Sa voix tremblait légèrement, mais il ne fit rien pour la rassurer.

— Une maison, des enfants, bébé, besoin de meuble ce genre de truc.

Comme s'il avait dit un mot magique, le visage de Cassandra s'illumina.

— Oh ? Vous allez avoir des enfants c'est merveilleux.

— Non, grogna-t-il.

Elle sursauta en écarquillant de nouveau ses yeux de miel, pâlissant encore plus qu'elle ne l'était déjà.

— Oh... mais alors pourquoi...

Nikolai fut tenté un instant de la laisser dans le flou total, mais un seul regard à l'air mortellement sérieux de Kana le convainquit de ne pas trop jouer avec l'humaine. Pour une raison qui lui échappait, la vipère semblait l'apprécier. Et Kana aimait presque aussi peu de monde que lui.

— Les membres de la meute vont avoir des bébés, on a une maison, on a besoin de décoration.

De nouveau, elle sembla plus détendue.

— Vous appartenez à une meute ?

Il gronda sans répondre tant la question était stupide, il venait de le dire, elle le faisait exprès ?

— OK, très bien, pouvez-vous m'en dire plus sur ce que vous espérez, dans quel style, peut-être les couleurs ? Je pourrais faire un nuancier et on fixera une date pour que je visite l'endroit et prenne des mesures.

Nikolai avait déjà mal à la tête. Merde, sérieux ? Pourquoi c'était à lui de choisir. Soudain lui vint une idée. Kana allait le tuer, s'il faisait ça, ce qui la rendait encore plus attrayante.

— Très bien, allons-y maintenant.

Il se leva de sa chaise minuscule, faisant de nouveau taire toutes les conversations, et attrapa l'humaine par le bras pour la mettre à son tour debout. Elle poussa un petit cri de surprise et de peur mêler.

— Où ça ?

— Dans la maison, comme ça vous pourrez commencer tout de suite.

— Mais... ce n'est pas comme ça qu'on...

Il la fusilla du regard et elle se tut en avalant sa salive.

— Vous avez d'autres rendez-vous ?

Elle secoua la tête, serrant contre son cœur son bloc-notes. Trop mignon, comme s'il allait la protéger de lui.

— Cinq mille.

Ses yeux s'écarquillèrent, choqués.

— Cinq mille sans compter le budget pour les meubles, si vous vous libérez entièrement pour nous.

S'il pouvait l'avoir vingt-quatre heures sur vingt-quatre, la décoration serait faite rapidement et on le laisserait peut-être enfin tranquille pour l'hiver.

— C'est beaucoup trop, murmura-t-elle.

— La maison est très grande.

En réalité il n'avait aucune idée de comment payer une décoratrice d'intérieur et il s'en fichait, ils en avaient les moyens, cinq mille c'était ce qu'il avait gagné en une semaine durant son job d'été, un prix aussi élevé était censé le déconseiller de sauter la fille de la riche famille. Il ricana intérieurement, les humains étaient tellement idiots, c'était la fille qui était venue à lui, ça aurait été honteux de le lui refuser, aucune femme ne devrait se marier sans rien connaître du sexe.

— Les cinq milles comptent aussi une entière disponibilité pour ce job, coupa-t-il quand elle fit mine de protester de nouveau.

Elle était idiote ou quoi ? Il lui proposait une grosse somme d'argent et elle refusait ? Il l'entraîna hors du restaurant sous l'air réprobateur de Kana. Ce constat le mit un peu de meilleure humeur et une fois dehors il la lâcha.

— Venez voir la maison tout de suite où je trouve quelqu'un d'autre pour le job, bluffa-t-il en se mettant à marcher.

Quelques secondes plus tard, des pas précipités lui assurèrent qu'elle le suivait.

Parfait, il avait sa décoratrice, plus qu'à lui montrer le coin, la laisser se débrouiller et il pourrait rejoindre son lit et ne plus en sortir pendant plusieurs mois. Un plan parfait.

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Et voici donc Nikolai X) charmant n'est ce pas ?

Proie & Prédateur - L'Humaine et l'OursWhere stories live. Discover now