CHAPITRE 7 - JODY

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Pour ce chapitre, je vous conseille d'écouter Vertigo de Raphaël Lake :)
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  J'attends d'un pied agacé le nouveau, qui est censé me rejoindre devant la cafétéria. Il a déjà cinq minutes de retard, et je sens que, s'il ne se pointe pas d'une minute à l'autre, je m'empresserais d'aller rejoindre Beth.

  Ça ne devrait pas prendre très longtemps. Le campus n'est pas immense, contrairement à d'autres facultés et, avec un peu de chance, j'en aurais rapidement fait le tour. J'ai encore du mal à croire qu'il ait eu le culot de demander à M.Lewis que je sois sa marraine. On dirait bien qu'il a décidé de me rendre la vie impossible. Je l'ai vu dans ses yeux la veille. Il n'est pas prêt d'en avoir terminé avec moi, mais la raison de cet acharnement m'échappe. Peut-être est-ce simplement la conséquence d'un ennui mortel, ou bien peut-être qu'il cherche à se prouver quelque chose à lui-même. Dans les deux cas, j'ai l'impression d'être face à un enfant de dix ans.

En parlant du loup, le voilà qui arrive, un sourire mesquin aux lèvres, et je me raidis instantanément. Il y a quelque chose chez lui qui, malgré moi, me déstabilise. Je repense soudain à notre proximité dérangeante de la veille, quand il s'est approché pour me murmurer qu'on allait bien s'amuser ensemble.
Que voulait-il dire par là ?

—Salut, Thompson.

Sa voix grave me tire de mes pensées. Je ne m'étais même pas rendu compte qu'il était arrivé à mon niveau. Il me dévisage à présent avec un regard appuyé, comme s'il cherchait à deviner où est-ce que mon esprit s'était réfugié durant l'espace d'une seconde.

—Salut, je réponds d'un ton las, qui trahit mon manque d'emballement face à la situation.

Il me sonde avec intérêt avant d'arquer un sourcil.

—Tu devrais essayer de sourire, parfois. Tu verras, ça change la vie.

Il illustre ces mots en dessinant un sourire sur ses lèvres du bout des doigts, tandis que je le scrute d'un air désintéressé.

—Je préfère conserver ma réserve de sourires pour ceux qui le méritent, je rétorque en levant les yeux au ciel.

—Aïe... ironise-t-il en prenant un air faussement blessé.

Je soupire avant de l'observer quelques secondes. Je me suis jamais attardée sur son physique, hormis ses yeux, mais je dois avouer qu'il n'est pas désagréable à regarder, de l'extérieur. Évidemment, il perd son charme à l'instar où il ouvre la bouche ; c'est certainement pour cette raison que je n'avais jamais remarqué la finesse de ses traits, ni la beauté de leur assemblage. Ses cheveux noirs sont en bataille, sa peau est blanche sans être pâle, son nez est fin. Je ne prends pas le risque de me pencher sur ses lèvres, de peur qu'il n'en joue. Il est entièrement vêtu de noir, ce qui est assez perturbant, mais dans le bon sens. J'ai assez de mal à l'imaginer dans des vêtements de couleur, à vrai dire.

  Après tout, l'apparence, ce que nous dégageons, est la vitrine de l'âme, de nos pensées et nos croyances. Et, en ce qui le concerne, son style est aussi noir que son âme.

—Je te dérange pas ? m'interrompt-il d'un ton moqueur.

Sa question me tire brusquement de mes pensées. Je rougis, affreusement gênée. Je dois le fixer depuis au moins deux minutes.

—Euh...je...

—Je comprends... c'est difficile de se remettre d'une telle beauté... lâche-t-il, en se passant la main dans les cheveux d'un air confiant.

Sa réponse me sort de mes gonds.
  Il n'est quand même pas sérieux, si ? Comment peut-on être aussi imbus de soi-même ?

—Crois-moi, c'est bien la dernière chose à laquelle je pensais.

Buried in liesWhere stories live. Discover now