Nuit.

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Le soir est tombé, la ville est éclairée. La brise du bord de mer fouette tes cheveux.
Tu sens le sel et le vent qui caressent ta peau.

Tes pas se perdent le long des ruelles, proches de l'eau, loin du sens. Tu t'égares dans ce creux que tu connais si bien.

Ce qui enfle dans ton ventre annonce l'orage, pourtant l'été est déjà là. L'air est encore frais, mais pas assez pour que tu trembles.

Tu n'entends rien des bruits de la ville, tout est comme dans un rêve. Tu flottes à quelques centimètres au-dessus des pavés.

Tu avances seule, tu as besoin de ça. Tu as refusé que tes amis te ramènent chez toi.
Tu préfères la compagnie de la nuit.

Tu erres, musique aux oreilles.

Et quand tu dois traverser la route, surtout, ne lève pas les yeux.

La lumière des phares qui s'approchent t'enveloppe.

Tu n'accélères pas ; si elle t'écrase tant pis.

Quelqu'un hurle.

Tu sens la voiture t'effleurer, juste dans ton dos. Un frisson parcourt ton échine : tu adores ça.

Cette fois encore, tu as perdu.

Tu leur as fait peur.

Tu joues à ce jeu depuis plusieurs mois déjà. Et tu sais qu'un jour tu gagneras.

Ça ne t'amuse pas. Mais c'est ton jeu.
Tant pis, tend pis, temps pis. C'est ce que tu te répètes en boucle dans ta tête.

Tu sais qu'un jour on te heurtera assez fort,

Pour qu'enfin tout soit fini.

DésordreWhere stories live. Discover now