os-Silence assourdissant.

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La haine. Ce sentiment de détestation faisant bouillir le cœur. On ne peut vivre sans la ressentir. Elle pousse à des actes remplis de péchés, parfois impardonnables. Si l'on vit muni d'un cœur, on vit muni de haine. La haine est une raison de vivre, qui en vaut bien d'autres. La haine rend non seulement aveugle et sourd, mais incroyablement bête. La haine habite le cœur, comme si c'était son hiver. En opposé, l'amour serait l'été, cette période bien plus désirée. La haine tue, l'amour meurt. Souvent, haine et amour sont mis à l'opposé, l'un représentant le mal en lui-même et l'autre le bien à l'état pur. Cependant, la haine naît du mal, comme du bien. La haine est inévitable, sur chaque route, chaque petit chemin tracé, on rencontre la haine, comme l'amour. L'amour ne frappe pas toujours avec un grand A, et lorsque l'amour s'enfuit du chemin, ou n'apparaît que trop tard, le passant se voit inondé de haine. Beaucoup tombent dans les profondeurs de cette colère retenue et suivie, tandis que quelques-uns remontent à la surface et agissent selon la réflexion et la sagesse.

Ce sentiment détestable vit dans le cœur d'Hajime. Il le fait battre, bien fort, comme si la haine était devenue son carburant. Si on pouvait récapituler les pensées d'Hajime, elles se reporteraient à un seul mot : la haine. Hajime hait beaucoup de choses, à commencer par sa vie en générale. Il hait ses parents, qui l'ont élevé et éduqué à l'argent. Il hait ses amis, ces grands égoïstes s'amusant à coucher à droite et à gauche tous les soirs. Il hait l'argent, cette chose définissant son identité. Il hait ses cours, qu'il trouve complètement stupides, idiots. Il hait ce jeune blond, muet comme une carpe, ne cherchant jamais à s'exprimer.

Pourtant, il continue de rendre visite à ses parents tous les weekends pour s'assurer qu'ils aillent bien. Il continue de passer du bon temps à rire avec ses amis tous les vendredis soir autour d'une pizza. Il continue de chercher à amasser l'argent, pour pouvoir vivre tranquillement plus tard. Il continue de se rendre en cours pour obtenir les meilleures notes et être pris dans l'université qu'il souhaite. Il continue de regarder ce jeune blond, le matin comme le soir sur le quais de la gare.

Derrière chacune de ses couches de haines, se dressent une couche d'amour ou d'intérêt. Bien cachés au fond de son cœur, nul ne doute de leurs existences. Son visage à l'air grave, fixant chaque passant devant lui, et quelquefois regardant discrètement un certain jeune homme. Depuis trois jours, il n'a pas adressé la parole à Seishu, ni eu la moindre interaction avec lui. Leurs interactions quotidiennes sont plutôt rares en fait, dans les classes, Seishu prend toujours le soin de se mettre à l'opposé d'Hajime. Les midis au self, Hajime n'a jamais sû où mange Seishu, tout ce qu'il sait c'est qu'il ne mange visiblement pas en public. Même pour rentrer en bus, Seishu prend toujours le soin d'arriver après Hajime et de se mettre à son stricte opposé pour attendre le bus. Naturellement, ils se retrouvent assez éloignés et descendent chacun de leur côté à leur arrêt respectif à chaque fois.

Avec quelques minutes de retard, leur bus s'arrête à leur arrêt. Trouvant dommage de n'avoir rien eu avec Seishu depuis quelques jours, il décide de monter après lui. Coup de chance, la place à côté du jeune blond est vide, Hajime s'assoit à côté de lui, sans même demander la permission. Dans un silence total, les deux étudiants restent à côtés, fuyant tous deux le regard de l'autre. Le silence ne se brise que lorsque Seishu se voit obligé de demander à Hajime de se décaler pour qu'il puisse descendre en se voyant approcher de son arrêt.

« Quoi? Tu peux passer quand même, j'ai pas besoin de me lever. T'as un gros cul mais quand même.
- Pardon?
- Olalala. »

Il se lève, pour laisser le passage au blond qui le prend.

«C'est bon, t'es content?»

Seishu ne répond pas et descend du bus quelques secondes plus tard les joues légèrement rosies. Il commence à marcher et s'arrête au milieu du trottoir en posant sa main sur sa bouche. L'idée même que quelqu'un regarde ses formes le dégoûte, mais alors que ce soit Hajime le dégoûte encore plus. Il aurait été son petit ami, il n'aurait rien dit, mais leur relation est à l'exact opposé de couple. Enfin, Seishu ne se remet même pas en question après s'être naturellement imaginé en couple avec le brun. Il se l'imagine souvent pourtant, il serait peut-être temps de se questionner. Au moindre petit mouvement du brun qu'il juge audacieux ou insolent, il s'imagine dans exactement la même situation, mais en étant en couple. À se l'imaginer quotidiennement, il ne trouve pas cela très désagréable, mais il est assez conscient pour se rendre compte qu'ils ne seront jamais ensemble. Il sent un poids, un peu plus petit que lui, sûrement à cause de ses talons lui heurtés le dos. Il se retourne en retirant la main de sa bouche et découvre avec surprise Hajime.

𝗞𝗢𝗞𝗢𝗡𝗨𝗜 - 𝗥𝗘𝗖𝗨𝗘𝗜𝗟 𝗗'𝗢𝗦Where stories live. Discover now