jour d'école

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Solis se cogna la tête sur son plafond penché et, au passage, à quelques vases en argile. Sa chambre était baignée de lumière grâce à une grande fenêtre, éclairant le papier peint à motifs floraux. De nombreux bocaux garnis de coquillages s'entassaient sur ses étagères, sans compter le nombre extravagant de plantes disposées dans la chambre. Solis venait de refermer un livre dont elle rêvassait encore à cet instant, assise sur son lit. L'elfe fixait le mur tout en frottant son crâne. Son regard se posa alors sur l'horloge solaire accrochée au mur.

Elle fronça les sourcils, la lumière était bien trop forte sur le cadran, il était bien trop tard.

- Bougre de fée mutante ! se mit-elle à jurer.

L'elfe enfila une chemise froissée, une jupe noire et des chaussettes lui montant jusqu'aux genoux. Elle passa devant le miroir, ajusta ses cheveux blancs qu'elle releva dans un chignon décoiffé, se passa un coup sur le visage et se brossa les dents.

Dans la précipitation, elle enfila ses chaussures et son manteau. Elle saisit son sac rempli à ras bord de grimoires, bougies, plantes, de feutres, stylo et cahiers. Elle dévala les escaliers sous les cris injurieux de son petit frère qu'elle venait apparemment de réveiller. Son père était en train de déjeuner. Il la regarda de ses yeux ronds, comprenant que sa fille était en retard. D'un air détaché, il lui servit un verre de jus de pomme, encore dans sa propre phase de réveil. Sa mère, elle, déjà sur le pied de combat, lui donna un sandwich, les lèvres pincées.

- Dépêche-toi, tu es en retard ! cria-t-elle alors que Solis courait déjà dehors.

Comme si elle n'était pas déjà au courant...

Arrivée au centre-ville, elle monta dans la première cabine qu'elle trouva ouverte. C'étaient des wagons blancs en lévitation qui grimpaient jusqu'en haut de la cité. À cette heure-là, il y avait du monde sur la grande place et elle devait bousculer certains passants dans des excuses inaudibles.

Plus tard, il serait hors de question d'habiter en ville, elle s'imaginait déjà vivre tranquillement à la campagne, sans officiers propageant les idéologies de L'emique, le chef de son pays qui se prénommait Kerkson. Loin des grandes affiches avec sa tête imprimée en grand sur tous les murs du centre-ville. Il avait peut-être l'air d'un homme charmant, mais avec ses yeux perçants qui semblaient vous fusiller du regard, ses cheveux blancs plaqués et son sourire sarcastique, Solis avait bien son avis dessus. Même son habituel costume bleu foncé, qu'il paraissait mettre tous les jours, l'énervait tout autant.

Kerkson avait en lui quelque chose de mauvais. C'était lui et ses prédécesseurs qui avaient fermé le pays à toute civilisation extérieure depuis 80 ans. Créant ce qu'ils appellent "le nouveau monde" en l'an 400. Solis savait qu'il y avait un pays au nord qui était frontalier, mais un vaste mur les en séparait. Elle détestait ça, ce qu'elle voulait, c'était voyager et vivre des aventures comme dans les livres qu'elle lisait parfois, mais ce concept ne deviendrait jamais une réalité pour elle. Elle était née en 464, et à l'âge de 16 ans, elle faisait partie de cette société renfermée sur elle-même.

Ce n'était décidément pas son jour, un grand marché s'étendait sur la place et même sur la route pavée. On y vendait du tissu, des herbes pour les potions, des objets censés repousser le malheur - très demandés en ce moment -, des bâtons magiques spécialisés dans différents domaines de la magie, des équipements pour l'astrologie ou l'herbologie. Toutes sortes de livres et la nouveauté ; des ailes qu'il était possible d'accrocher dans le dos et qui permettaient de voler. Elles étaient réglementées en ville, mais étaient très pratiques pour voyager en solitaire. Solis aurait beaucoup aimé en avoir, mais elles étaient vraiment trop chères. Est-ce que ça lui permettrait de passer au-dessus du mur ?

La Magie Bleue - L'histoire Du Passé Where stories live. Discover now