Du café et des écureuils

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La semaine passa rapidement et vendredi arriva, apportant avec lui la commande de ce client très spécial. Edna se surprit à guetter son arrivée à chaque tintement de la sonnette. Les clients défilèrent tout le week-end et elle lutta contre le sentiment d'irritation qui s'emparait d'elle à chaque fois que quelqu'un entrait et qu'elle constatait que ce n'était toujours pas lui.

Lorsqu'elle ferma la boutique, le lundi soir, elle avait perdu tout espoir de revoir Pedro. Il avait sans doute déjà oublié la petite librairie. Edna alla dîner avec quelques amis, ce qui lui fit un peu oublier sa déception, et rentra chez elle d'un pas léger. La nuit était tombée sur Londres, soulageant enfin les rues de la chaleur écrasante des rayons du soleil.

Installée devant la petite table de sa cuisine, la fenêtre grande ouverte pour laisser entrer la fraîcheur du soir, Edna résista en usant toute sa volonté à la tentation d'aller fouiner sur Instagram pour voir ce que faisait Pedro Pascal à Londres. Elle attrapa à la place un livre et parvient tant bien que mal à penser à autre chose.

Lorsqu'elle arriva à la librairie le lendemain matin, le vieux Harry avait déjà commencé à ouvrir les cartons de la livraison du jour.

- C'est chargé aujourd'hui, grommela-t-il sans même se retourner pour la saluer.

En souriant, elle lui tendit un gobelet de café. Harry était propriétaire de la librairie depuis près de cinquante ans et malgré son âge, il travaillait toujours avec entrain. Il avait été difficile pour lui de faire confiance à Edna, lui qui avait toujours travaillé seul, mais il avait fini par s'habituer à la présence de la jeune femme et commençait même à l'apprécier.

- Je m'en charge Harry, ne t'en fais pas. Occupe toi plutôt des mails, il faut que tu fasses attention à ton dos.

Il se redressa tant bien que mal et rajusta ses lunettes sur son nez.

- C'est gentil, Edna.

Cette dernière alla déposer ses affaires dans le placard du comptoir, avant d'attaquer l'ouverture des premiers cartons. C'était toujours un bonheur de découvrir les livres qu'elle déballait, même après des années passées à pratiquer ce métier. Elle s'habituait doucement aux éditions et aux couvertures anglaises, qu'elle trouvait tellement colorées et jolies en comparaison aux mornes chartes graphiques des éditeurs français. Chaque soir, elle rentrait chez elle avec de nouveaux livres, et ce soir là n'allait pas faire exception.

La matinée avança rapidement et à midi Edna avait presque terminé de déballer et ranger la livraison du jour. Les clients étaient toujours rares, mais cela n'avait rien d'exceptionnel d'après Harry qui lui avait assuré que le mois d'août était toujours très calme.

Edna était en équilibre sur la dernière marche de l'escabeau et essayait tant bien que mal de dégager un peu de place en haut d'une étagère lorsque la sonnette de l'entrée retentit.

- Bonjour !

Elle se figea en reconnaissant la voix qui venait de la saluer. Il avait quand même fini par revenir ! Edna pensa l'espace d'une seconde à son pantalon kaki, maculé de poussière, à ses cheveux qu'elle avait relevés en chignon car ils lui tenaient trop chaud et à son t-shirt noir qui ne devait plus tellement l'être après sa matinée sportive. Dire que la veille encore, elle portait une jolie robe d'été qui la mettait en valeur, il fallait qu'il revienne maintenant ! Elle tapota son pantalon pour le dépoussiérer en descendant de l'escabeau et lui sourit.

Vêtu d'un jean et d'un t-shirt violet, il avait remplacé sa casquette par une paire de lunettes de soleil à la monture épaisse, qu'il releva sur sa tête en lui rendant son sourire. Ses cheveux étaient ébouriffés, comme s'il sortait du lit, et sa barbe était plus fournie que quelques jours auparavant.

Un été anglaisWhere stories live. Discover now