Chapitre 3 - Sebastian

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Royaume du clan Wegener

14 Septembre 1303

Je fixe le plafond, tandis que ma dernière conquête dort à mes côtés. Qui aurait cru qu'une fille de servante se trouverait dans mon lit ? Pas moi, en tout cas. Celle-ci n'avait pas hésité à me séduire une seule seconde, à mon plus grand étonnement. Mon père ne m'a pas prévu d'épouse, du moins, pour le moment. Je ne sais même pas s'il est en train de chercher des prétendantes.

La jeune femme gémit à mes côtés, et se tourne vers moi, les yeux mi-clos. Le drap ne recouvre que très partiellement le bas de son corps.

— As-tu assez dormi ? demandé-je en lui caressant la joue.

— Pas après ce que tu viens de me faire, répond celle-ci en affichant un sourire provocant.

— Tu ne m'as même pas dit ton nom, lui fais-je remarquer.

Cette dernière se redresse, dévoilant sa poitrine nue. Elle sourit doucement, puis se remet à califourchon sur moi, promenant ses doigts sur mon torse. Un frisson me parcourt l'échine. La jeune fille se penche légèrement en avant, et chuchote au creux de mon oreille :

— Anja.

Je lui adresse un sourire empli de sous-entendus, et glisse mes mains sur son dos, jusqu'à ses fesses. Anja se saisit de ma lèvre inférieure avec ses dents, tandis que sa poitrine s'écrase doucement sur mon torse. Une nouvelle excitation m'envahit.

J'entends soudainement frapper à la porte, ce qui fait naître un sentiment amer de frustration. Pourquoi faut-il toujours quelqu'un pour me sortir de mes gonds ?

— Quoi ? hurlé-je.

— Fürst Sebastian, le Roi vous attend pour l'accompagner au dîner d'ordre diplomatique.

Je pousse un soupir, penchant ma tête en arrière, m'enfonçant dans l'oreiller. Anja affiche une petite grimace, tout en reposant le pied hors du lit. Sa longue chevelure brune descend en cascade dans son dos, ne dissimulant que légèrement son postérieur. Sa peau laiteuse et son corps, semblable à celui d'une déesse, m'appartiennent, désormais. Tandis qu'elle se penche pour ramasser ses vêtements, je ne peux m'empêcher de glisser ma main sur sa fesse droite. Anja se tourne vers moi, me regardant d'un air provocant.

— On vous demande, Mein Fürst, murmure-t-elle du bout des lèvres.

— Et alors ? Ils peuvent bien attendre, tu ne crois pas ? questionné-je en me redressant à mon tour.

— Vous ne craignez pas qu'on vous réprimande, une nouvelle fois ?

Je hausse les épaules, indifférent. J'ai pris l'habitude de décevoir mon père. Avant de le rejoindre, je tiens à finir ce que j'ai commencé avec Anja. Je la saisis par le poignet, et l'allonge sur le lit. Cette dernière rit doucement, en portant ses mains sur mes joues. Hors de question que je reste frustré toute la journée à cause de ce vieillard et de ses rencontres diplomatiques à la noix. Anja m'embrasse avec fougue, et je fais de même. Sentant l'excitation arriver, je m'empresse de m'introduire en elle, en faisant des vas et viens régulier. Une fois qu'elle a joui, je me retire rapidement, et enfile mes vêtements.

— Vous reviendrez, ce soir ? demande-t-elle, la mine boudeuse.

— Oui. Tu m'attendras ici, ordonné-je en quittant la pièce.

***

Je rejoins mon père dans le hall du château, en enfilant les boutons de ma chemise à jabot. Mon paternel m'observe avec un regard glacial.

— Je peux savoir ce que tu faisais ? demande-t-il en croisant les bras.

— Vous voulez vraiment le savoir ? le défié-je en redressant le menton.

— Hâte de t'entendre, mon fils.

— Elle s'appelle Anja, lancé-je avec fierté.

Le Roi Herbert se fige un instant, puis lève les yeux au ciel. Il me saisit par le bras, et m'emmène loin des oreilles indiscrètes.

— Qu'est-ce que tu cherches, au juste ? À salir notre sang ? Tu seras père d'une lignée de bâtard ! tonne celui-ci.

Je ne vacille pas, le regardant droit dans les yeux. Je sais très bien ce que je fais, et je n'en ai aucune honte. Je recule subitement, retirant mon bras de son étreinte.

— Vous vous inquiétez un peu trop à mon sujet, père, fais-je remarquer en lui tournant le dos.

— Je m'inquiète pour l'avenir du royaume, celui de notre clan ! s'exclame-t-il froidement.

Je m'arrête, et me tourne vers lui. Il ne me fait pas confiance, je le sais. Soit. Il verra que je serais un souverain bien plus respecté que lui, j'en suis certain ! Je peux être une bonne surprise, et il ne s'en rend pas compte.

— Il n'arrivera rien à ce royaume, me contenté-je d'annoncer en me dirigeant vers les portes du château.

— Nous sommes en guerre contre le clan Rühle ! Leur armée est aux portes du royaume ! si je me fais tuer sur le champ de bataille, tu seras le seul à pouvoir continuer mon œuvre !

— Je sais, père. Vous me l'avez déjà dit une centaine de fois depuis hier...

S'il disparait, je deviendrais souverain. Ce clan a besoin d'être gouverné d'une main de fer. C'est ce que j'attends depuis ces nombreuses années !

L'écuyer me tend les rênes de ma monture, que je saisis sèchement. Je monte ensuite sur l'étalon qui m'était attribué, et attend mon père. Ce dernier me rejoint, puis nous empruntons la route menant au royaume voisin, suivi d'une garde composée d'une dizaine d'hommes. Je dois avouer que j'ai hâte de revoir le clan Steinsaltz. Il me semble intéressant de l'étudier de très près, juste au cas où... 

Le glaive et le sang (AUTOEDITION)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant