★ 𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏

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Venus




Tito Salvatore.

Mon ennemi numéro 1. Et pourtant, le destin a voulu que nos deux noms se ressemblent. Je suis absorbée par son portrait qui me renvoie à mon pire cauchemar. Je sais que ça fait un moment que je suis postée devant mon mur, mais c'est plus fort que moi.

Quelque chose vibre à ma droite et me sort de ma transe. Je baisse assez la tête pour voir l'écran de mon téléphone. En voyant le nom d'Andrea apparaître à cette heure tardive, je souffle d'agacement. Je prends le temps de tirer ma chaise et de poser mes fesses dessus avant de décrocher.

— Allo, dis-je avec une lassitude peu dissimulée.

— Bonsoir Venus, je te dérange ?

— Oui, fais vite.

— Je voulais te demander... Tu serais disponible pour un cours de danse classique demain soir ?

Je me pince l'arrête du nez, sidérée par les noms qu'il trouve à chaque mission. Il pourrait m'appeler sur mon téléphone de travail qui est intraçable, mais non, c'est trop simple pour lui.

— Avec qui ?

— J'arrive en bas de chez toi, tu n'as qu'à monter quelques instants que je t'explique.

Sans lui donner de réponse, je raccroche et me lève de ma chaise. Le voir est la dernière chose que je souhaite actuellement, mais je n'ai pas le choix. Je referme minutieusement les différents tiroirs de mon bureau. Une fois que c'est fait, je sors de la pièce. Mon regard glisse une dernière fois sur ce tableau et les fils rouges qui le composent.

Instinctivement, mon poing se resserre sur la poignée ; à m'en faire mal. Je claque la porte sans le vouloir et la ferme à double tour pour être sûre que tous mes secrets restent cachés derrière ce bois.

Arrivée dans ma chambre, j'ouvre l'armoire qui me sert de dressing et pioche quelques habits. Je passe un jogging noir par-dessus le short de sport que je porte ainsi que le pull assorti. Je saisis la première casquette qui me vient et abat également ma capuche. Une fois que les lacets de mes baskets sont faits, j'empoigne mon téléphone et quitte mon appartement en le refermant à double tour derrière moi.

À peine ai-je ouvert la porte du bâtiment que je vois la grosse berline noire d'Andrea. Tout est toujours dans la discrétion avec lui.

Je souffle de nouveau et glisse mes mains dans les poches de mon sweat pour les couvrir de la fraîcheur de ce mois de septembre. J'ouvre la portière côté passager et la referme immédiatement. Je tourne alors la tête et remarque qu'Andrea me regardait déjà, avec ce sourire que je déteste tant. Il essaye d'être un second père pour moi, mais il ne comprend pas que je n'en ai pas besoin.

— Bonso-...

— Quelle est la mission ?

Il semble surpris de la façon dont je le presse, mais rapidement, il se met à sourire avec ce qui me semble être de la fierté. Ça aussi, je déteste. Comme s'il avait quelque chose à faire avec la femme que je suis devenue. J'en ai marre de ces hommes qui se croient créateur du monde. Je suis morte il y a une dizaine d'années de cela dans une usine abandonnée, et si j'ai ressuscité, c'est uniquement grâce à moi-même.

— Bien..

Il ne cherche plus à faire la conversation. Il tend sa main gantée vers la banquette arrière pour me tendre un dossier beige, tout droit sorti des placards du commissariat. Je l'observe droit dans les yeux, tentant de le sonder pour y voir une quelconque réponse mais il se contente de fixer le dossier. Je soupire et m'en saisis pour le ramener vers moi et commencer sa lecture.

The Vendetta [EN PAUSE/RÉECRITURE]Where stories live. Discover now