★ 𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟑

3.5K 136 142
                                    


Venus




J'ai besoin de me vider la tête.

C'est pareil à chaque fois. Je sens mon cœur lourd à m'en faire mal. Parfois, je doute de mon habileté à tuer des gens. Appuyer sur la détente prend plus que ce qu'on pourrait croire. Pourtant, si quelqu'un en est capable, c'est bien moi. J'ai été éduquée pour prendre n'importe quelle vie, sans jamais ressentir de peine. Mais cette douleur persiste, comme si les âmes que je prenais s'infiltraient en lui pour me tourmenter.

Ma mère ne cesse de m'appeler et de m'envoyer des messages, mais je suis incapable de répondre. Elle n'a jamais compris pourquoi j'ai suivi les pas de mon père, et je crois qu'on ne se comprend tout simplement pas.

Depuis la mort de mon père, ma mère a sombré et j'ai dû grandir toute seule, me construire avec les ruines qu'il me restait. Ma mère a été totalement absente, absorbée par sa propre tristesse, à tel point qu'elle a oublié sa propre fille. Mais je n'arrive pas à lui en vouloir, car je sais qu'elle aussi a souffert. Nous avons fait notre deuil de différentes façons. Elle a enfin lâché son travail qu'elle détestait et moi, je suis devenue tueuse à gages. La fissure ne cesse de grandir entre nous, c'est pourquoi je ne peux pas prendre ses appels. Encore moins après une soirée comme celle d'hier.

L'eau continue de glisser sur mon corps, mais je ne la sens quasiment pas. Mes pensées m'envahissent, me noient et comme souvent, je ne peux rien contre. Je suis spectatrice de mes souvenirs. Ce n'est que quand la sonnerie de mon téléphone résonne de nouveau que je sors de ma transe.

Je tends un bras hors de la cabine de douche afin de m'en saisir et de voir qui m'appelle. Je crains que ce soit encore ma mère, mais je suis étrangement heureuse en voyant le nom de ma meilleure amie, Athéna, apparaître sur l'écran. Je décroche et pose le téléphone en haut-parleur pendant que je m'enroule dans une serviette.

- Coucou ma chérie ! s'exclame-t-elle avec cette joie qui la caractérise.

Si je devais la décrire en un mot, je dirais que c'est un soleil. Un vrai. Elle inonde n'importe quelle pièce de son sourire, son rire et sa joie de vivre. C'est une pile électrique mais étrangement, je me suis toujours sentie bien avec elle. Après tant d'années d'amitié, je peux affirmer qu'elle est comme ma sœur, à tel point qu'on a le même métier. Elle est aussi tueuse à gages, mais travaille en totale indépendance. Elle ne se lie ni avec la police comme moi ou avec une quelconque organisation. Ce sont eux qui viennent à elle.

- Comment vas-tu sole ? (soleil)

J'enroule mes cheveux dans une serviette et commence à m'occuper de mes soins du visage. Me retrouver face à moi-même dans un miroir est un supplice, j'essaye alors de le rendre le plus agréable possible en me massant et en m'appliquant des produits qui me font du bien.

- Maintenant que je suis avec toi, ça va, réplique-t-elle avec sérieux. Tu as eu des soucis récemment ?

Par soucis elle entend évidemment mission, meurtre et j'en passe.

- Malheureusement oui, je souffle. Je te raconterai.

- Justement en parlant de ça... Ça te dit de sortir entre filles ce soir ?

Elle ne sait pas combien sa demande me fait plaisir. Athéna sait que j'ai besoin de me vider la tête après une mission, mais je pense qu'elle l'avait prévue avant de m'appeler.

You've reached the end of published parts.

⏰ Last updated: Apr 15 ⏰

Add this story to your Library to get notified about new parts!

The Vendetta [EN PAUSE/RÉECRITURE]Where stories live. Discover now