Chapitre 33 - Sofia

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J'éprouve une certaine difficulté à ouvrir les yeux. Le soleil qui filtre à travers les fenêtres m'indique que la matinée doit déjà être bien entamée.

Je fais ce qui me paraît être un effort surhumain pour me redresser du canapé sur lequel je me suis endormie hier soir.

Ma tête me fait un mal de chien et tout mon corps semble me crier de ne pas bouger.

J'observe la trace bleuie de mon poignet qui s'est formée cette nuit.

Et tout me revient, brutalement.

L'individu qui me suit, qui m'attrape, qui tente de me... Et Carter, sortant de nulle part et m'évitant le pire.

Je ferme les yeux et ne cherche pas à réprimer le frisson qui me parcourt.

— Bonjour, jolie brune, me dit une voix familière.

Carter se tient dans l'embrasure de la porte du salon avec un paquet de viennoiseries du café du bas de ma rue dans les mains.

— J'ai l'impression qu'un camion m'a roulé dessus, lui dis-je.

Il dépose le sachet sur la table et sourit.

— Après ce que tu as vécu hier soir, ça n'a rien d'étonnant.

Je jette un œil à mon reflet dans l'énorme miroir qui se situe sur le mur face auquel je me trouve.

Je ne porte plus mes chaussures ni mes vêtements de la veille. Je revois Carter me les retirer, et m'apporter ma nuisette avant de s'installer avec moi sur le canapé, m'invitant à me blottir contre lui.

Toute la nuit...

J'ai passé tout ce temps dans ses bras.

C'est du moins ce que j'en déduis.

— Tu as faim ?

— Étonnamment, oui, dis-je.

— Parfait, parce que j'ai ramené de quoi te nourrir dit-il en me montrant fièrement le sachet.

Il s'approche de moi et m'aide à me lever.

— Je te remercie, c'est vraiment adorable.

— Avec plaisir, Sofia, dit-il sans que nos mains ne se quittent immédiatement.

Mes sentiments à son égard sont complexes. Mais le fait est que notre séparation et nos retrouvailles soudaines de la veille m'ont permis de mettre de l'ordre. Et malgré l'apparence affreuse que je dois avoir en ce moment même, la façon dont il me regarde manque de me faire défaillir.

— Je devrais probablement y aller et te laisser petit-déjeuner en paix, dit-il en se raclant la gorge et en reculant d'un pas.

— Ou bien tu pourrais le partager avec moi ? répondis-je immédiatement, n'ayant aucune envie de le voir partir.

— Je pourrais aussi faire ça, oui, dit-il en me souriant.

— Je ne suis pas très douée en cuisine, mais je presse un excellent jus d'orange dis-je en m'attelant à mettre la main sur mon appareil, perdu dans le désordre de mon plan de travail.

— Qu'est ce qu'il y a de compliqué là-dedans ? me demanda-t-il, l'air moqueur.

— Rien du tout, c'est justement pour ça que je le réussis aussi bien !

Carter rit et je l'observe un moment, mes pensées s'égarant une fois de plus dans les quelques jours que nous avons partagé.

Il me manque.

Oui, j'ai voulu le nier, mais c'est inutile et je m'en rends compte maintenant que nous nous retrouvons tous les deux.

— OK, montre-moi tes talents, dit-il en s'installant sur une chaise.

Céder à la tentationWhere stories live. Discover now