Prologue

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Bienvenue à Salvos. Anciennement une ville de trente mille habitants, désormais il semblerait qu'elle n'en compte plus qu'une poignée. Une poignée de personnes qui tente désespérément de survivre à l'inévitable, ce mal sans visage qui tue aussi vite qu'il ne se propage, ignorant les frontières, les langues, les devises. Ce fléau qui s'est abattu sur nous sans que nous ne nous en rendions compte, trop occupés que nous étions par notre quotidien énergivore. Il faut croire que ramener à manger et payer son loyer était plus important que notre santé.

Cela fait maintenant des mois que je lutte seul, sans autre contact que les gardes qui s'évertuent à être les sauveurs d'une civilisation morte par avance. Et Dieu sait que je les tiens en horreur. Si je tiens ce journal, c'est pour ne pas sombrer totalement dans cette folie qui me guette comme une ombre qui vous suivrait silencieusement. Et vous, mes lecteurs hypothétiques, êtes à présent le seul lien qui me relie à ce monde malade. J'espère que, qui que vous soyez, où que vous vous trouviez, vous n'êtes pas seuls.

Lorsque je vous écris ces quelques lignes, je me trouve dans le placard d'une chambre où deux cadavres reposent sur le lit, probablement depuis des mois à en juger par l'odeur de mort qui règne dans la pièce, qui m'emplit les poumons et manque de me faire avoir des haut-le-cur que je m'efforce de contrôler. Il ne faut surtout pas que j'avertisse les gardes de ma présence. Ils se rapprochent et j'entends le cliquetis de leurs bottes métallique monter les escaliers. J'ai peur, je suis terrifié et mes mains tremblent sans que je ne puisse les contrôler.

Si vous trouvez ce journal, j'espère que je vous l'aurais donné en main propre mais si ce n'est pas le cas, c'est sûrement les dernières lignes que j'écrirais dedans.

Je me rappelle la vie d'avant, avant que la maladie n'arrive sur nous aussi vite qu'un aigle fondant sur sa proie. L'instauration de l'état militaire qui à suivi et les habitants qui ont fuit en espérant trouver un refuge épargné par les dérives d'un monde à l'agonie. Celles et ceux qui ont été frappés par cette peste du XXIème siècle à la manière du couple allongé sur le lit, à quelques mètres de moi. La ville qui s'est vidé progressivement pour ne laisser que des âmes perdues en quête de survie.

Pas de zombies dans notre histoire, pas de morts qui reviennent à la vie par miracle. Pas de laboratoires pharmaceutiques qui créent des maladies sorties tout droit d'un mauvais livre de science-fiction. Rien de tout ça ne nous est arrivé. C'était beaucoup plus insidieux, presque sortit de nul part.

Si j'écris ces lignes, c'est pour que vous sachiez ce qu'il s'est passé. Pour que, si vous viviez une chose similaire, vous puissiez apprendre de nos erreurs. Et Dieu sait qu'elles furent nombreuses.

Je m'appelle Armand Bristiel et libre à vous de découvrir les événements qui m'ont mené à me cacher dans le placard de gens que je ne connaissais pas tandis que leurs corps gisaient à deux mètres de moi.

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⏰ Last updated: May 25, 2023 ⏰

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Le chant des oiseauxWhere stories live. Discover now