Chapitre 8.

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Chapitre 8


Lundi 20 Décembre


J'ai passé une sale nuit, j'ai eut beaucoup de mal à m'endormir, au final je crois que je n'ai dormis qu'une heure ou deux. Cette nuit n'a servi à rien. J'ai tué le temps en bougeant dans tous les sens, puis j'ai pensé aussi. Je pense, tout le temps, je pense que je pense trop. Il est 7h, je dois me lever, je dois aller au lycée, je dois voir des gens que je déteste. Je ne veux pas y aller, mentalement, je n'y arriverais pas. J'entends déjà ma mère monter les escaliers, elle va me dire de me lever, que c'est l'heure, que je dois me préparer et partir en cours. Mais non, non, je ne veux pas, je suis très bien dans mon lit, loin de tout ça, loin de toute cette hypocrisie et cette méchanceté. Elle ouvre ma porte, et me hurle, que ça fait un quart d'heure que je devrais être levé, qu'elle en a marre, et des choses du genre. Je souffle, parce que clairement, elle cri, tout le temps, pour rien, j'aimerais qu'elle me laisse tranquille, j'aimerais que tout le monde me laisse tranquille. Elle m'attrape par le bras et me force à sortir de mon lit. Je la pousse un peu, et file dans la salle de bain. Je prends un douche froide, pour me réveiller, me faire réaliser que c'est bien réel et que je vais devoir y aller. Ça ne devrait pas être aussi dur, tout va bien se passer, je sais très bien que je me mens à moi-même, mais tout va bien se passer. Je sors de la douche et je m'habille très rapidement. Je passe une main dans mes cheveux, et entend mon ordinateur sonner. Je vais voir ce qu'Harry a à me dire, parce qu'il est évident que c'est lui.


« Tu peux le faire. Tout va bien se passer. »


J'avoue que ça me fait plaisir, qu'il m'envoie un message pour me dire ça, que je ne sois pas le seul à penser que tout va bien se passer. Je souris légèrement et lui réponds un « merci. ». Puis je descends en bas prendre un bol de céréales vite fais, je prends un bout de pain que je n'ai même pas la force d'avaler donc je laisse mes céréales, tant pis. Je mets mon sac sur mon épaule, je sors de chez moi et monte dans la voiture. J'ai une boule au ventre, je n'arrive pas à me sortir tout ça de la tête, tout ce qu'ils ont dit sur moi, les commentaires, les photos. J'ai l'impression que je vais me défiler, et que je ne vais pas y aller. Mais il faut que je garde en tête que rien de grave ne peut arriver, même si je sais que c'est faux. Je m'en rends bien compte quand j'arrive dans le couloir du lycée et que tous les regards sont rivés sur moi. C'est bon, tout le monde m'a vu, c'est fini. Ils commencent par tous me dévisager, puis ils rigolent, aux éclats, il n'y a rien de drôle, mais ils rigolent, je les fais rire. Je suis une bête de foire qui fait rire les gens qui m'entourent sans aucunes raisons valables. C'est super. Quand j'avance vers l'entrée, j'entends toutes sortes de phrases, qui ne sont même pas des murmures mais des hurlements, ils ne se donnent même pas la peine d'être discrets, ils font tout pour que j'entendes bien tout ce qu'ils ont à dire sur moi, « le gay dépressif » pour les citer. J'essaies de ne pas pleurer, mais il faut bien avouer que c'est très dur, surtout quand je vois Samantha et Alex au milieu de la foule, qui rigolent et m'hurlent des insultes. Mais qu'est-ce que j'ai fais ? Qu'est-ce que j'ai fais de mal ? J'aimerais tellement qu'Harry soit avec moi en ce moment même. Pour me protéger même si il n'a pas su se protéger lui-même et qu'il est tombé très bas. Je sais que moi, il me protègerait, j'en suis sûr. J'ai vraiment besoin de lui, maintenant, mais je sais qu'il ne viendra jamais, parce qu'on est pas dans un film, je suis dans la vie réelle, et dans la vraie vie personne ne vient nous secourir quand quelque chose se passe mal, c'est à nous, et nous seul de nous défendre. Mais quand on est faible, comme moi, on n'y arrive pas, et on se laisse bouffer par les autres. On est juste un petit pion qui se laisse écraser par les plus gros. Certains petits pions en ont des plus gros qui sont là pour les protéger, mais le mien est loin de moi, et ne sait pas ce qui se passe en ce moment même. Jusqu'à maintenant, pour être honnête, je n'en avais pas grand chose à faire du regard des autres. J'avais mes quelques amis, j'allais au lycée, comme tout le monde, j'étais ce qu'il y avait de plus normal. Mais maintenant, tous ces regards sur moi, toutes les phrases blessantes qu'ils me jettent au visage, sont trop durs, je ne peux pas passer au dessus, c'est impossible de s'en foutre. Plus j'avance et plus tous le monde se rapproche vers moi, c'est horrible, je suis encerclé par un tas d'idiots, je me sens mal, j'ai la tête qui tourne, je n'ai pas assez de place, je me sens à l'étroit. Je vais faire un malaise si ça continue. On me pousse, on me bouscule dans tous les sens. Je n'arrive plus à respirer. Au loin je vois le principal arriver, mais c'est trop tard, ils ont gagné, je suis tombé, je ne vois plus rien..

À mon réveil, ma tête me fait énormément mal, c'est horrible comme si on tapait dessus avec un marteau. Je suis allongé, je ne sais où, puis je regarde autour, c'est tout blanc, moche, on dirait un hôpital mais je m'y sens mieux que tout à l'heure, c'est sur. Je m'y sens juste soulagé parce que je ne vois plus toutes ces têtes qui me tournaient autour en m'insultant comme si ils étaient une secte, tous contre moi. Je finis par reconnaître l'infirmerie, on m'a emmené à l'infirmerie. Sérieusement ? Tous le lycée m'encerclent, je fais un malaise, et on m'emmène à l'infirmerie, bravo. Je me lève doucement, pour ne pas tomber, parce que j'ai la tête qui tourne. L'infirmière arrive et me demande si ça va, j'hoche doucement la tête de haut en bas, même si ce n'est pas vrai, elle n'est pas obligé de le savoir. Elle me demande si je veux retourner en cours ou si je veux rentrer chez moi, et là le choix est vite fais. Je lui hurle pratiquement dessus que je veux rentrer chez moi. Elle me regarde quelques instants et me dit qu'elle va appeler mes parents. Mais moi je ne veux pas qu'elle les appelle, non, je veux rentrer seul, c'est bon, c'est rien, en plus je lui ai dis que j'allais bien, je peux rentrer tout seul. Je la supplie de me laisser rentrer seul, je lui dis que mes parents travaillent et qu'il ne faut pas les déranger. Après quelques minutes elle accepte enfin de me laisser filer. Je la remercie intérieurement, et sors de là le plus vite possible. Je passe le portail du lycée, je me sens enfin libre. Je rentre à pieds, je mets une bonne quinzaine de minutes avant de rentrer chez moi. Je monte rapidement les escaliers et m'effondre dans mon lit. Je suis crevé, et je suis sûr d'une chose, je ne veux plus y retourner, plus jamais. Je ne veux plus revivre ce genre de choses, je ne suis pas assez fort pour ça. J'ai envie de parler à Harry, pour lui dire qu'il est le dernier des idiots, que j'avais raison de puis le début, que je n'aurais pas dû y retourner. Mais à quoi bon ? Je n'ai pas envie de passer ma colère sur lui. Je finis par fermer les yeux, à bout de force. Quand je me réveille, il est 15h, je crois que je suis enfin calmé. Je m'étire doucement, puis je prends mon ordi au sol. Je l'ouvre, et vois que je n'ai aucun nouveau message d'Harry. Je vais lui raconter, je vais tout lui dire, je vais lui expliquer dans quelle merde je suis.


« Harry. »


Il ne répond pas tout de suite, quelques minutes passent avant qu'il me réponde enfin.


« Louis ? Alors ?

-Tais toi.

-... ?

-T'avais tord depuis le début tu le sais ça ? Tu savais très bien que j'avais raison, que j'attendes ou pas avant d'y retourner, c'est exactement la même chose. Ça fait exactement les mêmes dégâts. Alors la prochaine fois ferme la. Parce que j'ai aucuns conseils à recevoir d'un dépressif qui est pas sorti de sa putain de chambre et qui n'a pas vu un seul rayon de soleil depuis des mois. Mais tu sais quoi, je vais t'expliquer comment c'était, ouais, c'était horrible. Ils m'ont tous insulté Harry, tous les regards étaient braqués sur moi. Même mes propres meilleurs amis les ont suivit. Et t'étais où Harry à ce moment là putain ? Dis moi. T'étais où ? Surement pas là pour m'aider. »


J'attends pendant longtemps une réponse, je sais qu'il a vu mon message, et que donc il l'a surement lu. J'attends qu'il me dise un truc, qu'il me rassure, n'importe quoi, mais je veux juste une réponse, une réponse qui ne viendra jamais au final.. Parce que je n'aurais rien dû espérer de la part d'Harry.


J'aurais aimé être là pour le protéger. Je m'en veux.



Suicide room - LarryWhere stories live. Discover now