-Je t'aime-

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 Maugr l'Ogre infâme créature boutonneuse à la taille démesurée, hideux géant nu et difforme dont la silhouette se découpe étrangement de jour comme de nuit, fruit de l'inceste à la peau pâle, à la barbe et à la chevelure grise, tu vis dans le froid et la solitude depuis ta naissance en haut de la grande montagne. La montagne qui ne semble t'appartenir qu'à toi. A toi, et à quelques moutons qui se délectent de tes pâturages inaverti de ta présence. Tu reste caché dans ta grossière et immense maison de pierre dont tu ne sors presque jamais. Tu ne sors que quand ta faim destructrice t'y pousse. Tu descends bas dans la montagne, la ou l'herbe s'arrête de pousser, la ou ton domaine commence, pour te saisir de deux brebis avec tes épaisses mains. Quand ta faim devient trop dure à supporter tu descends encore plus bas, et tu te sers de quelques moutons dans l'enclos des bergers. Mais si la faim devient un torture, alors tu te rends aux pieds de la montagne et tu t'empares de vaches, de cochons, et parfois même de drôle d'êtres qui te ressemblent étrangement. Ils marchent sur leur deux pieds comme toi, ils utilisent des outils comme toi, et crient quand ils ont mal comme toi. Tu ne sais pourquoi mais tu as toujours eu un sentiment familier à leur égards. Un sentiment que tu ne ressentais pas avec les moutons, les vaches ou les cochons. Mais ce sentiment tu l'oublies vite car ton estomac t'impatiente. Après avoir contemplé cette drôle de bête comme un enfant curieux, tu l'amène chez toi, et tu la dévore encore vivante. Tu arraches les chaires et les tendons, tu détruits les muscles, et tu broie les os avec tes dents jaunâtres. Quand tu as finis, tu complètes ta morbide collection d'ossements avec les restes de ton repas encore sanguinolent. Maugr l'Ogre tu n'existes pas aux yeux des gens. Tu n'existes que par les rumeurs, que par les légendes. Tu n'as même pas de nom, sauf ce sobriquet " Maugr l'Ogre " que les gens du village t'ont donnés. Maugr l'Ogre, tu es la honte de l'union d'un père et de sa fille. Une honte qu'ils ont cherchés à effacer en te laissant livré à toi même sur ce mont il y a des années de cela. Ils espéraient sûrement que tu mourrais de froid, de faim, ou bien dévoré par les loups. Mais rien de cela n'est arriver. Eux pensent que tu n'es plus, mais tu es bien encore la. La mère à eu des remords, mais elle s'en est vite remis, comme le père. De toute façon tu te fiche bien de qui étaient tes parents. Tu ne sais qui ils sont. Tu ne sais ce que c'est. Ton esprit animal t'empêche de te poser ce genre de questions. Maugr l'Ogre parfois tu épies du coin de l'œil ce village, attisé la curiosité. Mais tu es trop craintif, jamais tu n'oseras t'approcher de ces habitations. Jamais. Jamais. Jamais. Cette nuit tu dors comme les autres nuits, sur ton sol de terre battue quand soudain  tu es réveillé en sursaut par un bruit infernal. Tu es d'abord craintif, puis tu te décide de sortir la tête pour voir ce dont il s'agit. Tu vois alors des explosions de couleur dans le ciel noir étoilé. Tu contemples le spectacle, subjugué par cette beauté que tu vois pour la première fois. Tu suis de tes yeux la trainée de poussière laissé par cette magie incroyable. Elle te conduit à ce village illuminé par des lanternes, et décorés par des banderoles. Tu vois des hommes et des femmes danser, boire, et chanter sur les rues pavés. Tu les entends d'ici, toi perché sur ton immense caillou. Tu devrais être en colère qu'on t'es réveiller de ton sommeil si précieux, mais non. Tu es même content car tu peux admirer ce joyaux magnifique qui danse au milieu des gens. Une perle splendide, qui fait agiter au rythme de ses pas sa splendide robe aux vives couleur jaune et orange. Son sourire charmant te donne envie de sourire. Son énergie incroyable t'inspire. Tu t'enfermes dans ta froide demeure, intimidé par cette créature si délicieuse. Ton cœur bas la chamade, ta respiration s'accélère. Un sentiment étrange te prends. Tu as peur, comme si ce que tu ressentais était interdit.  Tu retournes te coucher essayant d'oublier cette jeune femme. En vain. Tu ne peux trouver le repos, et tu en rage. Ce n'est qu'à l'aube, qu'aux premiers rayons du soleil, que tu ressens enfin les premiers signes de la fatigue. Et alors que tes paupières deviennent lourdes et que tu somnole, tu entends des pleurs au seuil de ta porte. Des pleurs d'une femme. Tu t'avances, et tu colle ton oreille à ta porte en bois, puis tu jettes un regard dans l'ouverture de ta porte. Tu vois une dame effondrée en larmes, à la robe orange et jaune. C'est la jeune fille ! Ton sang ne fait qu'un tour. Tu recules tout au fond de la pièce, caché dans l'ombre. Tu n'oses montrer ta nature car tu sais que les êtres de son espèces prendraient la fuite à la vue de ton apparence. Si tu ne peux te montrer, alors tu parleras. 

- Jeune demoiselle, pourquoi votre si joli visage doit-il être gâché par de si vilaine larmes ? sort une voix rauque de derrière l'immense porte de bois. 

La fille surprise par cette puissante voix se lève, et recule de quelques pas. Il y a deux minutes, quand elle s'était assise la pour pleurer loin des hommes, elle n'aurait pas penser qu'une personne pouvait vivre dans un tel endroit. Gêner, elle essuie ses sanglots comme pour camoufler sa peine devant l'inconnu qui a déjà tout vu.

- Ce n'est rien gentil homme, dit-elle en se forçant un sourire. Je vais bien. Je suis juste tombée, et je me suis blessé. 

- Etrange, rétorque le propriétaire de la vertigineuse demeure, je ne vois aucune blessures, et votre robe à l'air très propre. 

- Oui, c'est parce que je l'ai mise après être tombée. 

- Ah ? réponds l'individu peu convaincu. Je peux vous guérir si vous le voulez. 

- Oh ce n'est pas nécessaire de vous déranger pour moi. Je vais très bien. 

- Vous n'allez pas bien, demoiselle. Allons, racontez moi ce qui vous arrive. Libérez votre cœur d'un poids. De toute façon que risquez vous ? Je ne suis qu'un ermite qui vit seul ici. Je ne vais rien raconter à personne, je vous assure. 

Maugr attend une réponse dans le silence, mais la fille n'est pas prête à partager son histoire avec le premier venu. Il attend, mais elle reste muette, et se contente simplement de toucher sa robe embarrassée par la situation. Le colosse est contrarié qu'elle ne veuille rien lui dire, mais il ne fait rien remarquer. 

- C'est parce qu'un homme n'a pas voulu dansé avec vous à cette fête ? insiste l'inconnu.

- Non, rie-t-elle nerveusement. C'est même l'inverse. On veut à tout prix que je me marie avec Torjad le cousin du roi Joless, dit-elle presque les larmes aux yeux en resassant cela.

- Le roi Joless ? s'interroge à voix haute l'individu.

- Oui Joless, le roi éloquencien, s'étonne-t-elle de l'ignorance de son interlocuteur.

Pendant qu'ils discutaient, la jeune femme finit par remarqué la réelle immensité du domaine. Elle se demande même comment ça n'a pas pu la frapper avant. La méfiance, et la curiosité qu'elle éprouvait vis à vis de l'homme à finit par se transformer en peur.

- Il se fait tard. Je devrais peut être rentrer, cherche-t-elle un prétexte. 

- En effet il se fait tard. Pourquoi ne pas vouloir souper, et dormir chez moi ? propose la créature.

- J'aurais bien voulu, mais je regrette je ne peux pas.

- Et pourquoi pas ? demande frustré l'ogre. Une invitation ca ne se refuse pas. 

- Mes parents vont finir par s'inquiéter, dit-elle en s'éloignant pas à pas.

- Vos parents ? Vos parents ne vont-ils jamais appris qu'il était impolis de refuser des invitations ? Enfin vous êtes grande belle dame ! Vos parents n'ont pas besoin de savoir ce que vous faites à chaque heures de la journée ! Allez venez. Vous allez attraper froid sinon, s'impatiente grandement Maugr.

- Navré, mais...

L'ogre ayant assez d'essuyé refus sur refus, échec sur échec, défonce sa porte et se dévoile. La jeune femme hurle en voyant l'aspect répugnant de l'être. Elle reste tétanisé à la vue de cette abomination qui lui fait face. La chose la plus terrifiante qu'il lui était donner de voir, et qui lui avait été raconté. Une immondice inimaginable, une chose indescriptible. Le démon se saisit de la belle entre ses doigts maigres, et la jette dans sa bouche. Chacun de ses crocs compresse, broie la jolie femme qui devient dans la gueule de Maugr plus qu'une bouillie infâme de chair et d'os. Maugr l'Ogre se force à avaler son repas, espérant que la demoiselle soit une part de lui pour toujours.

Je t'aimeWhere stories live. Discover now