De l'éphémère à l'éternel

La vie est un cadeau. Un cadeau dont il faut profiter chaque jour. Vivre jusqu'au bout, jusqu'à la fin. Tel est notre mantra, à nous Flos, gouvernement de la vie éphémère mais emplit de joie. Cela fait bien longtemps que l'Homme ne pille plus sa planète, trop de morts ont eu lieu à cause de ça. Désormais, on protège la vie, on la chérit, comme on prend soin de notre seule planète déjà bien amochée.

Je m'appelle Hanaé, j'ai 21 printemps et je crois en l'équilibre fragile mais parfait de la vie. Nous sommes sur Terre pour un temps donné, nous y sommes pour vivre avant de mourir.

La vie est comme une fleur, belle mais éphémère. C'est pour cela que nous, membres du gouvernement Flos, choisissons tous un nom de fleur au moment de notre élection. Comme elle, notre temps est défini, alors pour les printemps que nous avons, nous mettons tout en œuvre pour protéger la vie, pour offrir à chacun de nos citoyens une existence paisible et belle.

J'ai longtemps cru mon pays en paix, à tort. Quand je suis arrivée à Flos, à peine mon élection finie et mon patronyme choisi, on me délivra un dossier. Un classeur si fin preuves des maigres informations que nous avions à l'époque sur la société secrète "Eternité". Je le decouvrit que bien plus tard, mais cette organisation était une secte et mènerait vite à la fin de la vie paisible que nous avions.

J'avais à peine 19 printemps quand je fus élue. Je pensais encore comme une enfant, je rêvais encore d'une vie calme. La naïveté est un bien malheureux défaut et mon atterrissage dans la réalité fut quelque peu violent. Il arriva à peine deux mois plus tard, alors que je relisais une cinquième fois les quelques pages de renseignement que nous possédions sur Éternité.

J'ignorais pourquoi mais cette organisation, comme nous l'appelions, là encore une forme de naïveté que nous, membres de Flos semblions vouloir garder, sûrement pas peur, m'obsédait. Je ne passais pas une minute de mon temps sans y penser. Mes nuits étaient remplies de questions. Qui sont-ils ? Comment pensent-ils ? Pouvons-nous encore les résonner ? Combien de temps encore resterons-t-ils calmes ?

***

Aujourd'hui, à toutes les questions, je n'ai qu'une réponse, personne ne le sait. Ses membres sont invisibles, presque irréels et si je n'étais pas aussi sûr de leur existence, je me dirais sûrement qu'ils ne sont qu'une légende, un conte pour enfant. Sauf que je n'ai plus la naïveté d'antan.

En deux ans, rien ne semble avoir changé. Mes compagnons prennent toujours autant de soin à ignorer leur existence, peut-être dans l'espoir qu'ainsi, ils disparaissent d'eux même ? Moi, je continue d'enquêter, j'observe, je note, j'écoute, sans pour autant trouver quoi que ce soit.

Les bruits de couloirs vont vite ici, alors quand la nouvelle qu'un membre de l'Éternité avait été attrapée, arrive à mes oreilles, je ne perds pas une seconde et fonce à l'endroit où elle est détenue. La porte de la chambre en question est gardée par quatre gardes qui semblent pris dans une grande discussion avec Lilian, une de mes compagnons au gouvernement.

Ce dernier me salue en souriant avant de me donner les maigres infos qu'ils ont sur elle. C'est une jeune fille, surement moins de 17 printemps, blonde aux yeux verts. Elle porte une longue robe blanche et un pendentif sablier. Elle passe son temps à genoux, les paumes de ses mains dirigées vers le sol, psalmodiant sans pause des sortes de poèmes religieux.

Une fois ses informations quelque peu troublantes en tête, j'ouvre doucement la porte et la referme ensuite derrière moi. Comme me l'avait dit Lilian, la jeune fille est à genoux. Je souffle un coup pour me donner du courage et finit par m'agenouiller à ses côtés. Contrairement à Lilian et les autres, ma quête n'est pas de détruire cette secte, mais avant tout de la comprendre.