Chap 2 - Les héros existent.

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Mon père m'insultait de tous les noms. Des noms que je n'avais jamais entendus, et qui me laissaient sous le choc. Devrais-je lui dire la vérité? Mais il ne me croira pas. Nous ne serions même pas en mesure d'avoir la deuxième version..
La virginité était-elle si importante, pour un homme sans aucun principe, sans aucune valeur, comme lui ?

Parmi les mots que j'arrivais à déceler malgré mes oreilles qui sifflaient, je l'entendais dire "Et les gens qu'est-ce qu'ils vont penser de moi ?! Hein ?"
Ah oui.. rien n'est une question d'honneur, de principe ou de valeur. Mais seulement des gens. Du regard des gens. Moi aussi, j'avais peur de me faire juger. J'avais peur de ce que les autres pouvaient penser de moi. Profondément je rêvais de mener ma vie comme je l'entends et de me détacher de cette peur insignifiante. Mais je n'étais pas suffisamment courageuse.

Les coups s'intensifiaient, et chaque fois que sa peau touchait la moindre parcelle de mon corps, j'étais emplie d'un sentiment de dégoût.

Les hommes sont donc tous les mêmes?
Tous ceux que j'avais connus m'avaient brisée.
Mon propre frère m'a violée. L'autre m'a salement abandonnée. Mon père biologique m'a lâchée et peut-être même oubliée. Celui qui m'a élevé ne m'a jamais aimé, tout ce qu'il a fait c'était me frapper.
Personne ne m'avait protégée. Les héros n'existent pas.

Plein de fois j'ai eu envie de partir. Mais partir pour aller où ? Je n'avais rien ni personne.
Il m'avait ouvertement dis qu'il ne pouvait plus se voir ma gueule. Mais qu'il me gardait chez lui pour ne pas perdre la face.
Deux de ses enfants étaient déjà partis de manière précoce, il lui fallait en garder une.
Et c'était à moi de payer les pots cassés du départ des deux autres.
Personne ne m'avait sauvée. Les héros n'existent pas.

J'ai longtemps eu un coeur naïf. J'avais du mal à croire que les gens n'avaient pas un bon fond. Je pensais que tout le monde était profondément gentil. Que ceux qui témoignaient de violence ou de méchanceté avaient simplement le cœur brisé et tentaient de l'exprimer comme ils le pouvaient. Il m'a fallu du temps pour réaliser que si, les gens avec un mauvais fonds existaient réellement. Des êtres profondément mauvais existent, et ils sont nombreux.
Réaliser cela a été mon premier pas dans la vie d'adulte. Mais je  n'y étais pas prête.
Personne ne m'y avait préparée. Les héros n'existent pas.

Je sentais mes sens m'abandonner peu à peu.
Mon corps s'évanouissait sous la douleur qui s'intensifiaient à chaque coup. Seul mon esprit me maintenait un peu éveillé, mais il m'abandonnait petit à petit à son tour.
Pourquoi m'avait-il amenée ici ? Pour me tuer à l'abri des regards ? Pour me torturer à l'abri des regards ? Pour que mon corps soit mangé par des animaux et qu'il n'y ait donc aucune preuve ?
Mon esprit se posait des milliers de question, et je cessais d'hurler, épuisée.
Je crois avoir entendu quelqu'un démonter la porte. La chaise à laquelle j'étais attachée est tombée au sol. Ma vue était déjà trouble, elle était désormais limité à hauteur de jambes. J'ai cru voir un homme entrer et se jeter sur mon père, mais je ne sais pas. Je ne sais plus. Je m'endors.
Personne ne viendrait me sauver. Les héros n'existent pas.

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À mon réveil, des heures plus tard, j'étais toujours au sol, ensanglantée. Dès que je me suis souvenue de ce qu'il s'était passé, je suis allée chercher mon téléphone sur le toit, avec toutes les douleurs physiques que cela engendrait. Qu'est-ce que je fais ? Je n'ai rien ni personne.

Il y avait ce garçon.. Je ne l'avais jamais vu. Son visage était un total mystère pour moi. Comme sa voix.
Je me méfiais des inconnus comme de la peste, et en particulier de ceux d'internet. Et encore plus de quelqu'un qui me disait qu'il ne pouvait pas me faire écouter sa voix au téléphone, et qu'il n'envoyait pas de photo de lui.
Malgré cette réticence que j'avais à son égard, j'ai parlé avec lui quelques mois. Je ne saurais expliquer ce que j'ai ressenti, ce qu'il m'a fait, ce qu'il était, mais c'était comme magique.
Ni son physique, ni sa voix, ni le matériel qu'il pouvait posséder, ni ce qu'il pouvait m'apporter ne m'intéressait quand je parlais avec lui.
Parler avec lui, c'était semblable à regarder le ciel.
J'avais envie de sagement m'assoir, contempler et ne plus jamais bouger. Sérieux, il était irréel.

Jamais un homme ne m'avait si bien compris.
Jamais un homme n'avait été si respectueux, et respectable.
Jamais un homme ne m'avait autant impressionnée.
Jamais un homme n'avait été aussi proche de moi, tout en gardant ses distances.

Jamais personne comme lui n'avait existé.
Il paraissait venir de 1001 mondes. Il savait tout sur tout. Il avait une manière de s'exprimer si agréable. Le simple fait de lire ses messages m'apaisaient comme peu de choses le faisait. Rien ne le faisait comme lui, en fait. Plus je parlais avec lui, plus j'avais envie de le voir. Si j'étais si apaisée face à ses messages, qu'est-ce que ce serait avec lui ?

Son physique ne m'importait même plus. J'avais enfin rencontré quelqu'un comme j'en rêvais: lui, il s'en foutait du regard des autres, lui, il avait 19 ans et déjà un appartement et une voiture, lui, il avait une parole et s'y tenait à tout prix.

Lui, il n'avait rien à voir avec personne.

Je suis sortie de mon nuage et j'ai repris mes esprits.
Je n'osais pas lui envoyer de message. Il était 2 heures du matin, et même si on parlait souvent la nuit, j'avais peur de le déranger.

Dans l'idéal, j'aurais voulu qu'il vienne me chercher. Mais jamais je n'aurais osé demander.
En allumant mon téléphone, je me suis rendue compte qu'il m'avait appelée. Ça m'a fait tellement de bien.
Depuis ces quelques mois, je n'allais plus me coucher sans lui dire bonne nuit. Il s'est rendu compte que quelque chose n'allait pas si je ne lui avais pas dis bonne nuit.

Je l'ai immédiatement rappelé. Et il a immédiatement répondu.

Incapable de placer un mot tellement mes larmes coulaient, je lisais ses messages, qui remplaçaient sa voix au téléphone.
"Ça va ? T'étais ou ? Tu m'as inquiété ! Tout va bien ?"

J'essayais de lui expliquer mais ma voix tremblait.

J'avais cessé de pleurer avant de l'appeler.
Mais je me sentais tellement apaisée et libre avec lui, que mon corps s'autorisait à vider toutes ses émotions bloquées. Je ne me sentais plus vulnérable, je me sentais protégée de tout.
Comme une enfant le serait avec son papa.

"Calme toi. T'inquiète ça va aller. Mon p'tit chat. Qu'est-ce qu'il s'est passé? Raconte moi tout."

Quand j'avais son attention, plus rien autour ne comptait. Quand j'étais avec lui, le monde entier pouvait s'arrêter, je n'aurais rien remarqué.

J'ai fini par réussir à formuler une phrase :

"Mon père vient de me frapper jusqu'à limite m'en tuer. Il faut que je parte maintenant"

Il me posait plein de questions à la fois.

"Mais pourquoi ? Comment ça ? Vous êtes où ?"

Il m'avait promis qu'il allait lui rendre chaque coup qu'il m'avait mis. Je ne savais pas quoi dire. Est-ce qu'il était réel?

Je pleurais en lui disant que je devais raccrocher, parce que je devais partir maintenant, et que je voulais garder ma batterie.

L'affection qu'il me témoignait au début avait diminué. Pas par ma faute, mais parce que la situation l'horrifiait. Il était en colère, et autoritaire.

"Je t'interdis de bouger de là."

J'allais vraiment obéir à quelqu'un que je n'ai jamais vu, ni entendu ? Oui.

"Mais il va me tuer" ai-je répondu.

"J'arrive."

Il arrive ? Mon héros existe.

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⏰ Last updated: Jul 08, 2023 ⏰

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Ysraa : Le combat d'une vie Where stories live. Discover now