Prologue

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"Je n'y crois pas."

"Ce n'est pas possible."

"Lily ne peut pas être morte."

"Pas ma sœur."

"Pas elle."

Ces phrases se répétaient en boucle. Encore et encore. Sans arrêt. Et ce depuis maintenant un bon quart d'heure. Le ton de la voix féminine faiblissait, se brisait. Sa détentrice se tenait la tête entre les mains, recroquevillée sur un canapé blanc. A ses pieds était tombée une lettre. Une lettre tachetée de points sombres. Points d'eau, points de larmes.

Ses pensées étaient un sac de nœuds. Elle le savait depuis longtemps, que sa sœur risquait sa vie, qu'elle la risquait depuis ses dernières années dans cette école de sorcellerie où elle avait été envoyée au lieu de rester en sécurité avec leurs parents; pourtant, elle refusait d'y croire, alors que l'évidence était sous ses yeux, elle refusait que sa cadette ait perdu la vie et disparu du jour au lendemain alors qu'il y avait encore tant de non-dits entre elles.

Son mari la regardait, perdu, ne sachant où donner de la tête. Son fils hurlait dans son berceau, sentant sa mère triste. Son neveu, le fils de la sœur de sa femme, pleurait silencieusement au milieu d'une vulgaire couverture de tissu abîmé, troué, presque calciné, dans une espèce de corbeille. Que devait-il faire ? Pourquoi sa femme pleurait-elle la mort de cette personne inhumaine qu'était sa belle-sœur ? N'était-elle pas censée la haïr ?

Alors il se décida à ramasser la lettre tombée au sol. Il grimaça, peina à l'atteindre et réussit finalement à la lire. Aussitôt il explosa.

"Il en est hors de question. HORS DE QUESTION. Tu m'entends Pétunia ! Nous ne garderons pas cet enfant. Il est bien mieux au bord de la route. Au pire, dans un orphelinat quelconque. Mais je n'accepterai pas un monstre dans ma maison!" Hurla-t-il de sa voix grasse, faisant taire son fils, tarissant les larmes du petit dans le panier qui écarquilla ses yeux bien trop verts.

Sa femme tressauta, sembla sortir de sa transe. Elle leva la tête vers son mari, plissant les yeux, redressant sa tête hautainement sur son cou bien long.

"Qu'as-tu dit ? On va le garder. Il est le fils de ma sœur. La seule famille autre que Dudley et toi qu'il me reste, grogna-t-elle.

-Non. Je ne laisserai pas cette chose vivre sous mon toit et dépenser mon argent, profitant du ma maison, empiétant sur l'espace de mon fils."

La mère se redressa, fit face à l'homme, ses cheveux blonds se dressant comme une crinière de lionne en fureur autour d'elle.

" On va le garder. Je paierai les quelques affaires dont il aura besoin, il récupérera les vieux vêtements de Dudley. Mais je ne te laisserai pas le mettre à la porte et faire la même erreur que celle que j'ai faite avec Lily.

-Très bien, abdiqua-t-il, se pliant à la colère de sa femme, tout en prenant le panier avec l'enfant. Nous n'avons pas de pièce vide, et je ne toucherai pas à la salle de jeu de Dudley pour lui faire de la place. Il dormira donc là. Et je ne me réveillerai pas la nuit pour m'en occuper, qu'il fasse ses nuits ou non."

Il était arrivé devant la porte d'un placard poussiéreux mais à l'atmosphère tout de même respirable, situé sous les marches de l'escalier, et il lança presque l'enfant à l'intérieur. En entendant le couffin frotter le sol du placard et son mari claquer la porte, elle se demanda ce qu'elle allait bien pouvoir faire, maintenant emportée de force dans un conflit qu'elle avait cherché à éviter, dont elle avait voulu éloigner sa sœur, sans grand succès.

Alors seulement, elle se rappela des récits de sa mère, de ses anecdotes d'enfance qui visaient à réconforter sa cadette, de ses histoires avec ses cousins, dont l'un était également un sorcier.

" Si seulement le cousin de maman était encore là, souffla Pétunia en essuyant du dos de la main ses joues encore humide, ses yeux rouges de tristesse commençant à la brûler. Il aurait été le seul à pouvoir nous aider."


Pour le plus grand bienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant