~Prologue~

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Une heure. Soixante minutes. Trois-mille-six-cents secondes.

Cela faisait une heure que Kseniya attendait, telle une idiote, dans ce petit salon privatif d'un hôtel de la ville, Nikita son mari et Monsieur Branković, son supérieur. Argh. 

Le retard ? Impossible à accepter pour Kseniya. Jamais. L'heure est l'heure, et la respecter est fondamental.

La femme jeta un énième regard froid à sa montre, et soupira longuement avant de se remettre à taper du pied pour montrer son agacement. Et même s'il n'y avait personne dans la pièce pour le ressentir, Kseniya le faisait quand même, rien que pour s'occuper et faire passer le temps un poil plus vite.

Tout en admirant pour la vingtième fois au moins le coucher de soleil peint à l'aquarelle derrière le cadre sur le mur, Kseniya réfléchit. Pouvait-elle réellement se permettre de râler alors que Branković avait réussi à lui obtenir l'avion présidentiel pour la faire revenir au pays ? Peut-être pas. Mais de toute manière, elle ne pouvait s'empêcher de râler pour tout et n'importe quoi. On n'échappe pas à sa nature, Kseniya avait bien fini par le comprendre.

Son portable vibra soudainement contre elle. La technologie était loin d'être le fort de Kseniya, et il fallait avouer qu'elle avait sacrément du mal à vivre avec son temps. Si cela ne tenait qu'à elle, le monde entier resterait dans les années 80'. Voir ces bonnes vieilles Cadillac rouler dans les rues lui manquait sacrément, mais elle n'était pas peu fière d'en avoir un modèle quasiment neuf et encore en état de marche à la maison.

Le portable, oui. Kseniya le sortit de la poche de son blazer avant de remonter ses lunettes qu'elle sentait depuis un petit moment glisser sur son nez. Même si elle était officiellement et temporairement une espionne pour les services secrets du pays, elle était loin d'en avoir l'allure.

Qui lui avait envoyé un message ? Elle plissa les yeux, aveuglée par la luminosité puissante du téléphone. Pourtant, quelques millisecondes après, un prénom se distingua sur l'écran.

Nikita.

Son mari. Cela faisait une heure qu'elle l'attendait, et il lui envoyait un message seulement maintenant ? Pitoyable. Fut un temps où il lui aurait envoyé un message aussitôt pour prévenir sa femme, connaissant sa haine du retard et son impatience légendaire par moments. Mais les années étaient passées depuis qu'ils s'étaient tous les deux dit oui. Et leur couple... avait évolué, c'était le cas de le dire. Mais en bien ou en mal ? C'était une excellente question dont elle ne savait pas vraiment quoi répondre.

On est là dans cinq minutes, accident sur l'autoroute. Je t'aime mon cœur

Kseniya leva les yeux au ciel. Évidemment. Et jamais il n'était venu à l'idée de Nikita de la prévenir du retard pendant qu'il était à l'arrêt sur l'autoroute ? Elle aurait largement eu le temps d'aller se dégourdir un peu les jambes dans les jardins de l'hôtel, au lieu de rester comme une débile dans ce salon à compter les secondes qui passaient et loucher sur une aquarelle aussi banale que les autres !

Désespérée, Kseniya se leva du fauteuil et marcha jusqu'à la fontaine à eau, décrocha un gobelet en plastique et le plaça sous le robinet avant d'avaler d'un trait la boisson. L'eau glissa doucement dans sa gorge et la réhydrata. Elle écrasa ensuite le gobelet dans sa main avant de le jeter dans la poubelle et retourner tranquillement à son fauteuil.

Pour tuer le temps, Kseniya repassa dans sa tête toutes les informations récupérées et désormais en sa possession, tout en esquissant un petit sourire en coin, bien fière d'elle. Il ne fallait pas avoir froid aux yeux pour s'introduire dans le bureau de Zilia Sparkle et le fouiller, mais c'était pour la bonne cause. Obtenir ses informations était primordial. Il en allait de la survie de l'humanité.

HurricaneWhere stories live. Discover now