23 - Le Météore

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Julian rejoignit au pas de course la vieille salle des machines, sachant pertinemment que la seule manière rapide de gagner l'Observatoire était d'emprunter le vieux téléphérique. Il ne comprenait pas... Il ne comprenait pas la raison du retour de Mylar, encore moins l'absurdité de son acte. Mais au fond de lui, un affreux pressentiment avait surgi : quelque chose d'indistinct, dont il ignorait la provenance réelle. Sauf qu'à ses yeux, il s'agissait plus d'une certitude que d'une intuition. Ce quelque chose surgi de ses entrailles lui soufflait que des événements terribles allaient se produire.

Une fois atteint les locaux ventés et bruyants de la vieille salle des machines, Julian grimpa quatre à quatre les marches de l'ancien téléphérique, sans prendre un instant de répit, malgré la course éperdue qu'il venait de parcourir.

Non loin derrière, Mark suivait sans se laisser distancer, quoique avec peine. En terme d'endurance pure, ce dernier n'avait rien à envier au capitaine de l'équipe de Hockey. Mais ses blessures le ralentissaient. 

Salomé et Tristan eux aussi couraient, mais pour leur part ils avaient été semés dès le début par les deux garçons à l'impressionnante endurance. Quoique Salomé fut plus sportive qu'elle ne le laissât à paraître, elle ne pouvait rivaliser avec ces athlètes au sommet de leurs capacités. Et quant à Tristan, seule sa grande taille et une inexplicable volonté le poussaient à tenir bon.


Finalement, Salomé et Tristan atteignirent l'endroit froid et bruyant à leur tour. La jeune femme se rendit auprès du portail menant aux escaliers de l'ancien téléphérique, constatant que le volet métallique, qui habituellement obturait le passage, était aujourd'hui grand ouvert.

Tristan s'arrêta derrière elle, au bord de l'apoplexie, en se laissant tomber sur la rampe d'accès pour reprendre bruyamment sa respiration.

  – Vous êtes sûre que c'est par là ? haleta-t-il.
  – C'est le vieux téléphérique qui mène à l'observatoire, répondit Salomé avec concentration.

La jeune femme, comme Julian, était portée par le même sentiment d'urgence. Elle craignait pour ses sœurs et ne voulait pas rester en arrière.

  – C'est pas logique, l'interpella Tristan. Je sais ce que j'ai dit... mais si ces types voulaient vraiment les kidnapper, ils seraient sûrement redescendus dans la vallée. Pas vrai... ? Pourquoi monter là-haut ?

Salomé trouva un bijou au pied des escaliers empruntés par leurs amis : une broche appartenant à la robe de Jade, un bijou élégant, finement ciselé, parcouru de rubis. Elle l'exhiba aux yeux de Tristan qui reconnut aussitôt la broche, pour l'avoir vue de près au cours de la soirée. Il dut se rendre à l'évidence.

Ainsi, tous deux s'engagèrent à leur tour dans la montée en colimaçon.



Le vieux téléphérique ne comptait que deux cabines : l'une montait tandis que l'autre descendait, si bien qu'il fallait parfois attendre plusieurs minutes avant la suivante. Grâce à cela, Mark put rattraper Julian. Ils montèrent tous deux dans la cabine grinçante et s'élancèrent ensemble vers les sommets.

De tout le trajet, ils ne dirent mot. Mark reprenait son souffle. Julian gardait les yeux rivés sur les hauteurs. Autour d'eux la nuit jetait des éclats d'argent surréalistes. 

Mark se prépara à son humble échelle, en boutonnant son col de chemise, regrettant d'avoir laissé sa veste au vestiaire. Il nettoya le sang sur son arcade sourcilière avec sa manche. Mais Julian quant à lui ne fit pas le moindre geste. Il se contenta de respirer de manière saccadée, oblitéré sur son objectif.

L'Avènement de l'Astre Noir - Les Flammes EternellesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant