Chapitre 29

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Nolan

J'ai fini par abandonner toutes tentatives de me concentrer sur cette foutue liste de noms, parfois il faut savoir se résigner. À la place, je me suis installé au volant de ma voiture, pour prendre la route. Pour des raisons évidentes de sécurité, conduire m'oblige à me focaliser sur autre chose, même si, clairement, Aelys est toujours un minimum présente dans mon esprit. Au départ, je n'avais pas de destination précise, mais après une bonne heure à arpenter l'asphalte, pour m'éloigner le plus possible de la civilisation, je me rends compte de la direction que j'ai inconsciemment prise. J'esquisse un sourire, avant d'enclencher mon clignotant, pour emprunter une petite route forestière, à peine assez large pour que deux voitures s'y rencontrent. Après environ vingt minutes, et deux intersections de plus, ma destination se profile au loin.

Quand j'étais plus jeune, ma mère se plaisait à dire, à qui voulait l'entendre, que je finirais avocat, médecin, ou un truc du genre. J'étais un gamin qui réussissait sans le moindre effort à l'école, et j'aimais cet environnement, quoi de plus normal, alors, que ma mère me voit faire de longues études ? Évidemment, les choses ne se sont pas passées comme elle l'espérait. Après son décès, j'ai quitté le lycée, pour ne plus jamais y remettre les pieds. De mes dix-sept ans à mes vingt ans, j'ai participé à des combats pour « gagner » ma vie. J'habitais dans une baraque délabrée, avec une bande de lycanthropes tous plus abîmés les uns que les autres, et je dormais sur un matelas pourri à même le sol. Contrairement à d'autres, je ne prenais pas de drogue, ma came à moi, c'était encore et toujours la boisson, j'y dépensais le peu que je gagnais. Parce que, évidement, une fois qu'on retirait de mon « salaire », la part du loyer, celle pour la bouffe, celle pour le flic pourri qui m'avait recruté, et celle pour le Boss (même si personne n'a jamais su qui était exactement ce type), il ne me restait plus grand-chose à dépenser. Ce qui n'était peut-être pas plus mal, finalement, quand on y pense.

Mais un jour, tout ça a pris fin. Mon père est revenu, et m'a sorti de là, non sans une bonne pointe de déception dans le regard. Apparemment, ça faisait deux mois qu'il était de retour, qu'il avait pris la tête de la meute Émeraude, et qu'il me cherchait. Je ne sais pas exactement ce qu'il a dit, fait, ou combien il a dépensé, pour convaincre mon ancien « employeur » de mettre fin aux contrats que Mike et moi avions signés des années plus tôt, mais il l'a fait. À mon retour dans la meute, une part de moi, stupide, espérait que tout redeviendrait comme avant, qu'il prendrait Mike sous son aile, et que nous formerions une famille tous les trois. Une famille un peu bousillée, certes, mais une famille quand même. J'avais tort, Daniel Johnson n'a jamais eut l'intention de reformer une famille, sa famille, c'était sa femme, et il l'avait perdue quatre ans plus tôt.

Malgré tout, je ne peux pas dire que nous n'y avons pas gagné au change. Mike n'avait que quinze ans à ce moment-là – oui, il est tombé très tôt au fond du gouffre, trop tôt – il a été admis à l'école de la meute, malgré toutes ses difficultés, et vivait au pensionnat de celle-ci. Il avait appris à lire tout seul, et je lui avais enseigné quelques bases d'écriture, en revanche, il savait se servir de ses poings, ce qui explique sans doute que les autres ados, ne se soient jamais risqué à chercher les ennuis avec le blondinet. Ça, et une personne de l'ombre, dont je tairais le nom, s'est assurée que personne ne s'en prendrait à lui. De mon côté, j'avais vingt ans, et je venais de passer les dernières années à noyer mes neurones dans du mauvais alcool. Après un sevrage forcé, qui m'a pris quelques semaines, j'ai sérieusement réfléchi à ce que je voulais faire de ma vie et, clairement, me retrouver le cul visser sur une chaise, dans une salle de classe, n'avait plus la même saveur rassurante pour moi qu'à l'époque. D'un autre côté, pas besoin d'être Einstein pour savoir que me lancer dans le monde du travail, sans diplôme, et sans pouvoir expliquer ce que j'avais fait ces quatre dernières années, n'allais pas être de la tarte. Têtu, ça ne m'a pas empêché de tenter quelques entretiens, j'ai évidemment menti sur mon passé, mais ça n'a pas pris.

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