04:23. Voilà ce qu'affiche mon réveil alors que, couchée sur mon lit, je fixe le plafond, repassant en boucle la conversation que j'avais eu avec mes parents après le départ d'Aries.
C'est dégoûtant
Mauvaise éducation
Contre-nature
Le visage haineux de Min-Ho, celui dégoûté de Claudia. L'incompréhension de Ki-moon, et quand plus tard, Mélissa, ma grande sœur, est rentrée, elle m'a jeté un regard, et, comprenant la situation, s'est éclipsée.
C'est lâche, certes, mais j'aurais fait pareil. Dans une famille avec un père violent comme la notre, défendre les autres ne sert à rien, car, dans tous les cas, on allait tous se faire violenter, mentalement ou physiquement. Parfois les deux.
Parfois, les mots font plus mal que les gestes. Ce soir, "papa" n'a pas levé la main sur moi, mais j'en reste blessée. Ces mots font mal. Ses mots font mal.
***
Dire que je me réveille quand mon réveil sonne, ça aurait été mentir. Je n'ai pas dormi de la nuit.
Je me lève et je vais dans la salle de bain. Je me brosse les cheveux, me lave le visage, me brosse les dents, m'habille et mets un peu d'anticerne...pour cacher les poches violettes que m'ont offert ma nuit blanche mais surtout ma joue qui arborait une couleur bleuâtre.
Je check l'heure sur mon téléphone et me dépêche de retourner dans ma chambre pour faire mon sac avant de descendre avec ce dernier.
«J'y vais !»
Pas de réponse, évidemment. Min-Ho travaille, ma sœur commence à 10h, Moonie dort encore, ma mère... s'en fout royalement. En jetant un œil en direction du salon, je la vois dans le canapé en train de faire un mot croisé. Super.
Je chope mes clefs et sors. Purée faut que je me bouge, le bus passe dans deux minutes et je suis pas encore à l'arrêt. Je commence donc à courir.
***
«...basé sur les fondements de développement de la Côte d'Ivoire...»
Mon stylo griffone des mots que je ne comprends pas sur ma copie. Mon cerveau a court-circuité avant même que je ne me pose sur une chaise de ce cours de géo. Le manque de sommeil me fait tourner la tête. Sans parler de ma joue qui pulse douloureusement.
Je soupire, ce qui me vaut un regard noir de ma voisine qui, elle, prend des notes du cours à toute vitesse, remplissant sa marge de petits mots illisibles. J'ai terriblement envie de dormir, ne serait-ce que quelques minutes, mais je ne peux pas risquer d'encore me faire sortir de cours.
«-Shirio ? Vous êtes avec nous ?
-Heu..oui ? je bredouille, pas du tout avec eux.
-Auriez-vous l'amabilité de répondre à ma question ? ironise l'enseignante
-Oui, bien sûr.,–je laisse planer un blanc–, Quelle question ?
-Celle concernant le..., commence la professeur de géographie avant de se faire interrompre par la sonnerie marquant la fin du cours.
