°-°Chapitre 3 : J'ai fait une bêtise°-°

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Cillian

Quelle abominable journée.

En voyant défiler les stations de métro jusqu'à chez moi, je tente de relativiser. Il y a bien pire situation que de me retrouver avec le pantalon complètement souillé en plein milieu d'un métro à l'heure de pointe, c'est évident ! Et puis, il y a plus dramatique que de voir son prochain article se faire noyer dans le café et d'imaginer toutes les heures passées à le rédiger. Après tout, je pourrais être mort. Vraiment, j'exagère, et puis... Est-ce que cette femme en face de moi me dévisage en imaginant que je me suis uriné dessus ?

De pire en pire.

Je lève les yeux au ciel, lui adressant un grognement dont elle n'entend pas même la vibration et quitte le métro d'un pas pressé. Il est très tard et les devantures des magasins sont déjà éteintes depuis longtemps. Moi dans tout ça, je tente tant bien que mal de rejoindre la rue principale et surtout mon appartement, parce que je suis en retard et qu'une boule se forme déjà à l'intérieur de mes entrailles.

Il ne faut jamais être en retard.

Lorsque j'arrive devant la façade de mon immeuble, je tape le code et me faufile sans laisser la politesse à ma voisine Bernie - une dame très âgée et au moins aussi grognon que moi, heureusement j'ai encore une longueur d'avance sur elle- et gravit quatre à quatre les escaliers. Quand les clés glissent dans la serrure, je suis surpris de ne pas entendre le moindre son étouffé venir de l'intérieur.

Ce n'est pas normal. La normalité voudrait qu'une voix aiguë fasse vibrer les murs ou que le volume excessif de la télévision ait fait exploser les vitres.

Puis j'entre dans un silence de plomb.

Et je panique.

Un rapide coup d'œil sur mon écran de portable m'indique que je n'ai aucune notification. Pas de message, pas d'appel, pas même sur messenger. Ce qui me rassure quelque peu sur la gravité de la situation. Pourtant, je reste en alerte. Je m'attendais à quelque chose qui ne vient pas, à une routine qui joue au abonnée absente. A devoir jouer les cascadeurs en esquivant la énième tentative de meurtre de Rose qui se poste toujours devant cette fichue porte comme pour m'interdire de rentrer.

Mais rien.

— Il y a quelqu'un ? Fais-je d'une voix faussement maîtrisée. Je dépose les clés sur le meuble à l'endroit où j'ai toujours l'habitude de le faire et ma veste au porte-manteau puis j'avance vers le salon sans y voir âme qui vive.

— Rose ? Angie ?

J'hésite, doutant qu'il soit à même de me répondre.

— Papa ?

Encore quelques pas dans le brouillard, dans ce silence qui me pèse avant de remarquer le pot aux roses. Quelque chose qui trahit l'idiotie de mon inquiétude et qui dépasse du placard du salon.

Sérieusement.

— Angie, arrête tes conneries et lâche mon chat. Je te vois à travers les lattes de la penderie.

J'entends un juron fuser à travers la porte en bois avant qu'elle ne s'ouvre sur mon amie visiblement très contrariée par l'échec de son effet de surprise.

— Tu ne peux pas juste être drôle, Cilly ? Sérieusement ?

—Je peux faire semblant de trouver ça drôle si tu lâches Rose sur le champ. Elle déteste être prise dans les bras.

Ses grands yeux jaunes m'appellent d'ailleurs à l'aide. Il faut dire que Rose est à mon image : sociable, abordable et tout à fait modeste aussi.

Ma petite panthère s'élance vers moi et se frotte enfin à mes jambes si longuement que les vibrations de son ronronnement me parviennent.

Catfish my teach' [Version non-corrigée]Tempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang