Chapitre 9 : Vann, Phoebe.

361 38 31
                                    

Londres, résidence du duc de Portland, vendredi matin...

Il venait d'être sept heures et quelques minutes. Ayant planifié un rendez-vous avec Saul Miller devant les écuries, Vann s'était apprêté en conséquent avec une tenue d'équitation et se sentait d'attaque pour son programme. La veille, il avait dû l'annuler à cause d'un violent orage qui avait éclaté alors que toute la maisonnée dormait encore, et qui s'était prolongé assez tard dans l'après-midi. Le duc en avait profité pour se consacrer à des tâches administratives et s'était enfermé dans son bureau afin de ne pas gaspiller sa journée. Son invitée travestie, lui, avait passé beaucoup de temps avec sa sœur dans l'atelier de peinture. Il se demandait, non sans humour, si Phoebe ne soupçonnait toujours rien à propos de la vraie identité de la rousse.

Regardant attentivement par la fenêtre, il fut ravi de constater que l'atmosphère s'annonçait suffisamment clémente. Quittant ses appartements, le grand brun traversa le couloir d'un pas nonchalant, descendit vivement les longues marches menant aux rez-de-chaussée, s'arrêta un bref moment pour discuter avec son majordome et se retrouva dans la grande cour où il s'immobilisa un instant pour offrir son visage aux caresses du vents. Il respira à plein poumon l'air frais du matin, ce qui égailla un peu son humeur, avant qu'il ne rejoigne les écuries.

C'est alors qu'il aperçut Saul Miller en pleine discussion avec le palefrenier, tous deux s'étaient éloignés de l'entrée de la tanière et se tenaient auprès de deux chevaux déjà sellés. L'étalon imposant, fougueux et impatient était celui du duc, tandis que le hongre au tempérament docile avait été choisi pour la cavalière novice. Celle-ci était habillée d'une des tenues masculines d'équitation qui avaient été livrées moins de quarante-huit heures plus tôt par un apprenti du tailleur de Vann. Le vêtement allait bien à sa silhouette gracile, du moins, si on voulait oublier que c'était une femme et qu'elle aurait définitivement dû être vêtue autrement. Cette situation imprévue le perturbait autant que ça l'amusait par moment. Sa vie structurée et assez tranquille devait désormais négocier avec un étrange élément perturbateur aux cheveux incandescents.

- Oh... Bonjour, Votre Grâce ! s'empressa de saluer Josh qui venait de remarquer son maître.

Il s'inclina respectueusement. Le duc répondit à sa salutation, le libérant de sa posture, et accorda toute son attention à la jeune femme qui l'observait approcher avec méfiance.

Elle aussi le salua par son titre, exécutant une brève courbette et se redressa en lui présentant un sourire poli.

- Je constate avec plaisir que nous sommes tous en avance, commenta le pair.

- En effet, Votre Grâce. J'ai tenu à ne pas vous faire attendre.

- Vous sentez-vous prêt pour notre promenade matinale ?

- Plus ou moins. Mentalement, j'ai essayé de mettre dans les meilleures dispositions, expliqua la rousse.

- Ne vous en faites pas, monter cet hongre ne sera pas difficile. Il a été choisi expressément pour faciliter vos débuts.

- C'est ce que Josh m'expliquait tout à l'heure.

- Il a bien fait. Êtes-vous rassuré à présent ?

Elle acquiesça.

- Avez-vous au moins tenté un entraînement ?

- Oui et ça n'a pas été glorieux.

- Vous y arriverez.

- Je vais essayer d'y croire.

- Retarder notre exercice ne fera que prolonger vos appréhensions vis-à-vis.

La Conquête D'une Lueur D'espoir (Les Courtisanes De La Liberté)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant