Chapitre 1

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ISABELLA RIVERA

Le soleil matinal d'août tapant à ma fenêtre ne suffit pas pour me lever de mon lit.

Je contemple les cartons dans ma chambre depuis mon matelas en espérant que cela n'est qu'un mauvais rêve. Un rêve bien trop répétitif.

Aye. Réveille toi. La voix de ma sœur Rosa résonne dans la chambre bientôt vide.

— Le camion arrive dans moins d'une heure, j'espère que t'es prête.

Je souffle du nez, lui faisant comprendre que son commentaire m'est inutile étant donné que je suis prête depuis des semaines. C'est la routine, après tout.

C'est en vérifiant l'heure sur mon téléphone que j'y remarque un texte affiché. "Aucune ancienne notification".

L'année passée n'était pas différente des précédentes, et cette année ne le sera pas non plus. Et je dois m'y faire.

Je commençais pourtant à me familiariser avec la vie citadine de Manhattan.

Mija, tu es prête ?

Est-ce que je suis prête à déménager une nouvelle fois ? Oui, comme toujours.

Est-ce que je suis prête à recommencer une vie pour la délaisser l'année suivante ? Je ne sais pas.

Surtout pas cette année. Mon année de Terminale.

— Oui, pà.

***

— Tu n'as pas oublié tes cours, rassure-moi ? Ma mère tourne la tête du siège passager afin de me faire face.

C'est bien la seule chose que je suis sûre de ne pas avoir oubliée.

Je n'ai jamais eu la luxure d'avoir un foyer fixe, alors les études sont mon seul repère. Peu importe combien de fois je déménage, les seules choses qui restent stables dans ma vie sont mes études. Alors...

— Non, . Ils sont dans mon sac, dis-je le regard perdu dans les rues de New York que j'admire une dernière fois.

Elle échange un regard inquiet avec mon père. J'ignore ce regard et porte le mien sur la route avant de m'assoupir.

***

Le bruit de l'appareil photo de ma sœur me réveille de ma courte sieste, et je remarque que nous avons atteint l'état de Massachusetts.

— Tu peux faire un détour rapide à Cambridge, s'il te plaît ? Mon père me répond en souriant dans le rétroviseur. Il n'a même pas besoin de demander pourquoi, il sait déjà pourquoi je veux faire ce détour.

Quelques minutes de route plus tard, les grands bâtiments de Harvard se dessinent sous mes yeux, et je m'imagine marcher dans leur cour, mes livres à la main.

— Tu veux descendre ? Je fais non de la tête. Visiter physiquement le campus serait rendre la chose plus officielle, et donc plus blessante si je rate mon admission.

Intégrer Harvard est mon rêve depuis toujours, je ne peux m'imaginer autre part que là-bas. Mon essai est pratiquement prêt, ainsi que mon mail pour les admissions anticipées. Mais, quelques mots écrits sur Word ne suffissent malheureusement pas pour intégrer l'une des plus prestigieuses universités au monde. C'est pourquoi je dois tripler d'efforts cette année.

Ma rêvasserie ne dure qu'un court moment, et avant que je ne le réalise, nous avons atteint Boston.

I Hate Boston de Renée Rapp résonne dans mes oreilles pile à ce moment-là, et une voix dans ma tête me dit que cette année va être longue. Très longue.

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