Alors qu'Ahmed continuait ses tâches dans la maison de Hakim, le soleil atteignit son zénith, baignant la demeure d'une lumière chaude et dorée. C'était à ce moment précis qu'un messager du sultan fit son apparition, portant un message scellé dans un rouleau de soie orné.

Le messager s'avança vers Hakim avec respect et s'inclina profondément avant de lui remettre le message du sultan. Hakim prit le parchemin, brisa le sceau et commença à le lire. Son visage s'illumina au fur et à mesure qu'il découvrait le contenu. "Le sultan de Bagdad organise un grand bal dans son palais, et tous les habitants de la ville sont invités à y participer. C'est un honneur exceptionnel !"

La nouvelle de cet événement se répandit rapidement dans la maison, créant une excitation palpable. Les domestiques chuchotaient entre eux, évoquant les splendeurs du palais royal et les festivités à venir.

Ahmed, qui lavait le sol à proximité, écouta les murmures avec un sentiment de joie secrète. L'idée de participer à un événement aussi grandiose le faisait rêver. Il imaginait les somptueuses tenues, les danses enivrantes, et la possibilité de se mêler à d'autres Bagdadiens, tous réunis pour célébrer une occasion spéciale.

Cependant, Ahmed savait qu'il lui faudrait une grande dose de courage pour faire face à Hakim avec une demande si audacieuse. Après avoir observé la joie dans la maison, il rassembla son courage et s'approcha d'Hakim, qui discutait des préparatifs du bal avec le messager.

"Demandez et vous recevrez", pensa Ahmed, déterminé à solliciter l'autorisation de son maître.

Il attendit un moment propice, puis rassembla son courage pour parler. "Monsieur Hakim, si je peux me permettre..."

Hakim le coupa abruptement, agacé par l'interruption. "Quoi, Ahmed ? Je suis occupé en ce moment."

Ahmed avala sa nervosité et poursuivit. "Monsieur, le bal du sultan semble être un événement extraordinaire, et j'aimerais humblement solliciter votre permission pour y assister."

Un silence tendu s'installa dans la pièce, le regard d'Hakim se posant durement sur Ahmed. Il semblait surpris par la demande de son serviteur.

Hakim se mit à rire, une sorte de rire moqueur et désinvolte. "Toi ? Un simple serviteur ? Tu veux participer à un bal royal ?"

Les mots de Hakim étaient comme une douche glacée sur les espoirs d'Ahmed. Il baissa la tête, sachant que sa demande était presque absurde. Cependant, il n'était pas prêt à abandonner aussi facilement. Peu importe les obstacles, il était déterminé à poursuivre son rêve de liberté, même s'il devait faire face à l'opposition de son maître.

 Hakim décida de donner congé aux autres domestiques pour la journée. Il considérait apparemment Ahmed comme suffisamment "qualifié" pour accomplir toutes les tâches ménagères par lui-même. Lorsque les autres serviteurs partirent, Ahmed se retrouva seul dans la grande maison.

C'était l'occasion qu'il attendait. Il se glissa rapidement dans la cuisine, où il avait un peu plus de liberté pour ses projets secrets. Avec détermination, il sortit un morceau de tissu et commença à coudre un sarouel. Ses mains travaillaient habilement malgré leur manque d'expérience, et il était déterminé à créer quelque chose de beau, même si ce n'était que dans l'intimité de la cuisine.

Le temps passa, et le sarouel prit forme, bien qu'il ne soit pas aussi élégant que ceux que porteraient les invités au bal royal. Ahmed n'était pas un couturier, mais son travail était fait avec amour et dévouement. Il espérait que, d'une manière ou d'une autre, son rêve de participer à une telle célébration se réaliserait un jour.

Cependant, alors qu'il s'adonnait à son projet de couture, la réalité le rappela à l'ordre. Hakim l'interpella avec impatience, exigeant qu'il retourne immédiatement à ses tâches ménagères.

Le cœur lourd, Ahmed rangea son sarouel inachevé et son turban inachevé. Il reprit ses responsabilités habituelles, nettoyant, frottant et astiquant, tandis que la journée s'étirait sous le poids des tâches ingrates.

Ahmed ou le Cœur d'un PrinceWhere stories live. Discover now