Chapitre 3

505 57 14
                                    

Comme s'il avait entendu ma requête, il se comporta comme un ange durant toute la matinée. Le fait qu'il s'endormit durant plus de trois heures jouait beaucoup, mais je n'allais pas me plaindre, au contraire !

J'en profitais pour nettoyer le salon, Maël dormant dans son transat. Je fis le moins de bruit possible, me figeant à chaque froissement de papier, de peur de le réveiller. Une chance pour moi, je pus rendre au salon de mon boss une apparence convenable. Vers onze heures le petit monstre se réveilla, ne voyant personne, il se prépara à pleurer. Je le vis arriver gros comme une maison. Ses petits poings serrés, sa bouche qui commençait à s'ouvrir, je courus pour me mettre dans son champ de vision, avant qu'il n'ameute tout le quartier, de la fin de sa sieste. Il récompensa ma rapidité d'intervention, d'un sourire à deux dents tout baveux.

Il était à croquer !

Oh non ma fille, c'est un bébé, c'est mignon chez les autres alors, on va se détendre. Me sermonnais-je intérieurement, en le prenant dans mes bras, pour l'emmener dans la cuisine.

- Alors dis-moi, oh jeune maître, que voudrais-tu manger ? Lui demandais-je en fouillant dans les placards. Un petit pot au poisson ça te tente ?

Son babillage bavouillant fut le oui que j'attendais. Je m'armais d'une cuillère et d'un bavoir, regrettant de ne pas avoir mis autre chose que du blanc en guise de haut. Mon foulard était déjà pendu dans l'entrée, Maël avait eu l'air trop tenté de le mâchouiller. Quitte à ce qu'il bousille un vêtement, autant que ce soit la chemise, elle avait déjà eu droit à son baptême caféiné ce matin.

Le repas se passa étrangement bien. Il ne recrachait pas, ouvrait la bouche correctement, et me souriait entre les cuillères, un vrai petit ange ! Le bavoir n'était même pas sâle ! Je jetais un regard suspicieux sur ce petit être, décidément trop facile à vivre.

Ou alors tes neveux sont une race de démon méconnue, pensais-je à moitié sérieusement. Je pensais à préparer une soupe, ou autre chose à mon patron, pour lui donner en même temps que ses médicaments.

J'aurais sans doute dû être plus concentrée. J'aurais pu l'éviter, sûrement, mais voilà, je ne faisais pas attention. D'autant qu'il avait six mois. Habituellement, rien ne se passait avant que les enfants atteignent au moins un an ! Le petit ange que j'avais dans les bras, profita de mon inattention pour redevenir lui-même. Une douleur aiguë me traversa le bras, une toute petite douleur de rien du tout. En voyant quelques gouttes de sang couler sur mon poignet, et sur les deux petites canines de mon boulot du jour, qui avaient poussé spécialement pour ce moment et commençaient déjà à se rétracter, je frissonnais d'angoisse.

- Pitié, dis-moi que je ne suis pas la première personne que tu as mordue... Dis-je d'une voix blanche, en le déposant dans son transat.

Apparemment fier de son méfait, il s'endormit comme un bien heureux, un sourire digne d'une pub Pampers sur le visage.

Je le posais hâtivement sur son transat, pour prendre mon téléphone dans mon sac, manquant de le renverser dans ma panique, et appelais ma sœur, le cœur battant. Elle décrocha à la première sonnerie, je ne m'en étonnais pas. Je n'avais ni le temps, ni l'envie de me demander comment elle réussissait l'exploit de s'occuper de ses deux enfants, et d'avoir encore du temps ou de l'énergie, pour répondre au téléphone.

- Abby, dis-je d'une voix serrée par l'angoisse, comment peut-on savoir si un bébé a déjà choisi son parrain ?

Nihil Tome 1 { Terminé }Où les histoires vivent. Découvrez maintenant