1

547 92 5
                                    


Deux ans plus tard.

Rocco contemplait avec amertume la sépulture encore parfaite et entretenue. Il lu le nom inscrit sur une plaque d'or : Marco Falco De Luca. Il serra les poings. Son frère n'avait pas sa place dans ce cimetière. C'était grotesque et insupportable que son frère plein de vie n'était désormais qu'un tas de cendre et d'os. Par sa faute.

Par une stupide décision il avait brisé sa famille et les rêves d'avenir de son frère, son roi. Comment osait-il s'est tenir en face de lui comme s'il en avait le droit ? Le fait était qu'il espérait trouver la paix en se tenant pour la première devant le lieu où reposait son frère depuis son inhumation. Deux ans et demi s'étaient écoulés depuis. Combien de temps allait t-il encore éviter ce moment ? Son grand-père lui avait fait par de sa déception quant à son absence quelques mois plus tôt à l'anniversaire de la mort de Marco. Tout comme il avait été absent ces deux dernières années. Le fait était qu'il ne se sentait pas lui-même à cette période. Trop furieux, trop instable. Le poids de la culpabilité l'écrasait. L'alcool était devenu son meilleur allié pour fuir les démons qui l'engloutissaient dès qu'il était question de Marco. Il caressa la pierre froide par ce début de printemps. Il n'avait pas prononcé un seul mot. Qu'aurait-il dit? Désolée ? Cela ferait-il une quelconque différence ? Son frère ne reviendrait pas à la vie, tout ne serait pas comme avant. Plus jamais.

— Ça aurait dû être moi, marmonna t-il. Ce n'est pas ta place mais la mienne.

Il avait envie de hurler, de détruire tout ce qui lui passait sous la main. Mais rien n'apaiserait sa douleur et le chagrin qui le rongeait. Pourquoi les choses avaient-elles dû finir ainsi ? Marco était un homme plus digne de vie que lui. Tout comme il était plus digne d'être roi qu'il ne le serait jamais.

« Marco aurait fait un meilleur roi que vous »

Les mots de cette inconnue le transperçaient encore comme des lames acérées. Bien sûr aujourd'hui il connaissait son identité grâce à la presse et au scandale suite à leur baiser. Azra Mostafa. Un nom de famille qu'il aurait cru ne jamais plus entendre ou prononcer de sa vie. Lorsqu'il avait découvert son identité tout avait alors trouvé un sens. Son mépris, la froideur dans ses yeux et ses mots détestables. Azra était la jeune sœur de Nadira. La fiancée secrète de Marco–morte avec lui il y'a deux ans–une mort de plus sur sa conscience.

C'était la première fois qu'il s'autorisait de telles pensées après deux ans. Il faisait déjà bien assez de cauchemars dans ses nuits pour assombrir ses jours aussi. Quoi qu'il en soit il avait compris la colère d'Azra parce que c'était la même qu'il ressentait contre lui-même. Être l'auteur de la mort de son frère et de sa fiancée lui donnait envie de se tirer une balle dans la tête. Chose qu'il aurait fait si les enjeux avaient été différents. C'était par la vie qu'il allait expié son crime. Vivre chaque jour avec cette culpabilité était le meilleur châtiment.

Rocco retira sa main de la pierre et observa sa paume vide. De son vivant Marco et lui n'était pas très proche. Cela avait même été tout le contraire. Son frère était le fils parfait, irréprochable et droit. Tout le contraire de lui qui n'était qu'un débauché notoire. Il n'avait jamais vu Marco comme un frère mais plutôt tel un adversaire. Un rival. Ses rencontres avec lui avaient été brèves et chargées d'intensité. Il ne s'attendait pas à ce que sa mort lui soit aussi douloureuse. Est-ce que les choses auraient été différentes sans la culpabilité ? Probablement. Tout au moins il voulait s'en convaincre. Après tout il n'avait rien ressenti à la mort de leurs parents. Ni regret, ni peine, ni colère. Juste une profonde indifférence. Pour lui ses parents avaient déjà été mort dans sa tête depuis l'âge de onze ans.

Leurs tombes étaient juste à côté de celle de Marco mais il n'y prêta aucune attention. Il ne le ferait jamais. Tout comme ils n'avaient jamais eut aucune considération pour lui. Ce n'était que justice. Il poussa un profond soupir. De toutes façon ses parents devaient certainement être heureux puisque leur fils adoré reposait à leur côté. Mais Marco aurait sans aucun doute préféré être près de Nadira.
Sauf que cela n'avait pas pu être possible étant donné qu'ils n'étaient pas mariés. Ainsi Marco avait été inhumé dans son pays et Nadira dans le sien. C'était l'un des nombreux rêves de son frère qu'il avait brisé. Il n'appréciait pas particulièrement la compagne de son frère toutefois cela n'avait rien de personnel. Par naissance il avait une dent contre toutes les femmes. Aucune ne faisait exception-sauf peut-être Greta sa nourrice et intendante du palais. Elle avait toujours fait office de figure maternelle et dernièrement elle ne manquait pas de lui lire les dernières nouvelles d'Alazarah. Comme s'il s'en souciait. Il pouvait bien avoir une tempête de sable meurtrière qui décimerait tout ce royaume il ne cillerait pas. Après tout c'était par la faute de la princesse de ce maudit pays qu'il en était là aujourd'hui.

Retrouvailles Dans Le DésertWhere stories live. Discover now