Pensionnat Richmond, Nous Voilà ! 6/7

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Après avoir rejoint les élèves qui se dirigeaient vers le hall, Missa, Draval et Lunich furent interpellés par une voix ridiculement forte qui émergea derrière eux :

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Après avoir rejoint les élèves qui se dirigeaient vers le hall, Missa, Draval et Lunich furent interpellés par une voix ridiculement forte qui émergea derrière eux :

— Hey, voilà les petiots de c't'année ! Z'avez de bonnes têtes, y'a pas à dire.

Les apprentis pivotèrent vers une petite femme bien en chair qui se tenait dans leur dos. Sur sa tête, une épaisse toison grise, hirsute et emmêlée, était présente. Elle portait un tablier taché et un imposant trousseau de clés à sa large ceinture de cuir brune. Au milieu du couloir féerique, elle contrastait comme une éclaboussure sur une page blanche. Avec emphase, elle chemina jusqu'à eux.

— J'suis Madame Dungarron, la surveillante du pensionnat. Ça fait plus d'vingt ans que j'travaille dans c'sérail. J'en ai vu des gamins qui ont défilé ici, comme des rangées de dindons dans un abattoir. Mais jamais je n'avais vu des bouilles si mignonnes, sourit-elle, en pinçant les joues de Lunich.

L'adolescent replet grimaça, rembruni, sous la mine stupéfaite de Missa et Draval. Cette vieillarde embaumait le potage pas frais et la cendre de bois. L'odeur caractéristique d'une dame de la campagne profonde. Lascan, dans un coin de la troupe, lui plaqua alors de but en blanc :

— Monsieur le directeur Wynstead nous a dit que nous devions passer vous voir, afin d'accéder à nos dortoirs. J'en ai plus que marre de me coltiner ce sac à dos, alors faites vite.

Madame Dungarron haussa un sourcil, les poings sur les hanches, outrée par tant d'arrogance.

— Ah, bah v'la autre chose. La marmaille de Lockspear, ici ! J'avais ouï dire que vot' présence allait être de mise, cette année. Mais... Vu ta manière de m'parler, mon p'tit, j'aurais préféré que ce n'soit qu'une rumeur.

Ces paroles firent rougir une Sielle qui bouscula doucement son frère, le priant de montrer un peu de respect à cette femme. Même si elle n'avait pas l'air distinguée pour un sou, elle était employée au pensionnat. Aucune marque de supériorité n'était tolérée, même envers elle.

Madame Dungarron enchaîna de lourdes enjambées en direction d'un des escaliers du hall. Les élèves lui emboîtèrent le pas, curieux de visiter cette aile encore inconnue du château. Après avoir passé la gigantesque arche de pierre, la gardienne attira ses accompagnateurs dans un chemin partant sur la droite, dépassant celui qui s'enfonçait à gauche, vers les quartiers du directeur, des professeurs et les donjons. Au delà, s'étendait un long couloir au plafond de miroirs qui fit soulever les yeux des adolescents.

— Voici le dortoir des élèves, informa Madame Dungarron. C'est ici que vous dormirez durant vot' séjour.

— C'est tellement beau ! s'exclama Missa, émerveillée.

— Oui, ça l'est, ma jolie. Ils passent assez d'temps à tout lustrer pour que ça l'soit...

Soudain, coupant brutalement la marche, un rongeur de métal traversa le couloir dans un chuintement ferreux. Ses pattes arrières étaient de petites roulettes qui lui permettaient de glisser agilement sur le sol. Elles se rétractaient ensuite vers le haut pour laisser deux minuscules béquilles sortir, afin de l'immobiliser. Le museau en l'air et les dents proéminentes, elle adoptait sans conteste l'allure d'une vraie souris. Certains cris de surprise survinrent à cette vue, avant que Madame Dungarron ne saisisse l'animal mécanique entre ses mains.

𝐌𝐈𝐒𝐒𝐀 𝐅𝐎𝐗𝐓𝐎𝐍, T1 : La Voie des DéfenseursWhere stories live. Discover now