Chapitre 30

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Vendredi 28 avril 2022

- Mathieu c'est non, on n'est pas ensemble, tu me l'as bien fait comprendre. Pourquoi tu n'as pas dit la vérité à ton père ?

- J'ai jamais présenté aucune fille à mon père, ni à ma famille en général, je les préserve de ouf tu vois. Mais là je sais pas il a vu la story et il a pensé que j'étais posé, il s'est fait des films et j'ai pas osé le contredire et lui dire que je venais de te briser le cœur et que tu me détestais.

- Je te déteste pas, lui avouais-je en regardant ailleurs pour ne pas croiser son regard, je te déteste moins qu'il y a quelques mois pour être honnête.

- T'as toutes les raisons de me détester. Je me suis détesté longtemps.

- Pourquoi ?

- Parce que j'ai utilisé une nana pour en aider une autre parce que j'estimais qu'elle le méritait plus. J'ai fait n'importe quoi.

- J'ai aussi fait des conneries.

- Et je t'en veux toujours pour cette vidéo.

Mon cœur se sera à nouveau et je n'osais toujours pas le regarder. Nous avions tous les deux fait du mal à l'autre. Je ne voulais même pas continuer cette conversation. Je savais que le simple fait de l'avoir vu allait me détruire mon week-end.

- T'es dispo ce soir ?

- Mathieu, non... C'est une mauvaise idée que de mentir à ton père.

- Juste pour la soirée et jusqu'au procès, ensuite j'annonce qu'on n'est plus ensemble et je te laisse tranquille. Aller, s'il te plait. Je t'ai dégagé Victor.

- Mais je t'avais rien demandé ! M'énervais-je.

- C'est le restaurant Chez Suzanne, à 20 heures.

- Tu annules, je viendrais pas. Affirmais-je en croisant les bras.

- Je te le demande comme un service. Dit-il d'une voix grave, s'approchant de moi.

Il était trop prêt, je pouvais sentir son parfum, sentir son haleine, remarquer ses petites cernes sous ses yeux, ses lèvres gercées, sa barbe naissante.

Recule Lola !

- Tu as dit que tu briserais mon cœur et c'est ce que tu as fait, je ne te dois aucun service. Sors maintenant.

Il ne bougea pas.

- Dégage !

***

J'avais besoin d'air, le surplus de travail, le rendez-vous de Mathieu avec son père, sa présence. J'avais réussi à garder le cap pendant tout le rendez-vous mais sa proposition m'avait ébranlé. Pourquoi souhaitait-il que je joue la fausse petite copine devant son père ? Il avait été clair la dernière fois, il ne voulait plus avoir à faire avec moi, et son double jeu m'avait convaincu de faire la même chose pour lui.

Je marchais dans la ville sans but, la température agréable du mois d'avril n'était pas contraignante, il ne faisait pas encore froid et pas encore chaud, mais après trente minutes de marche ma curiosité était trop grande. Je voulais savoir si Mathieu se moquait de moi ou si réellement son père était là. Je m'engouffra dans une ligne de métro jusqu'au lieu du rendez-vous.

C'était une grande artère de la capitale, je passais donc inaperçue si je passais en vitesse devant le restaurant, jetant juste un œil à l'intérieur, il était déjà 20 heures 15. Je m'approchais de la devanture sachant très bien que je faisais une connerie, je n'aurais jamais du essayer de m'approcher de l'établissement pour assouvir ma curiosité. Devant les petites tables de la terrasse, je fis demi-tour, c'était ridicule. Je stressais pour rien, je n'avais qu'à juste faire marche arrière et aller calmer mon cœur chez moi.

ERGA OMNES - PLKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant