Chapitre 4 - Jessie

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Je navigue sur un site de vente depuis bien deux heures, comme tous les jours depuis des semaines. Toujours aucune offre intéressante. Les seuls locaux qui semblaient bien sont trop petits, trop chers ou trop loin.

Pour ma première succursale, l'endroit est très important. Trop proche serait catastrophique. Et trop loin aussi. J'ai besoin d'une distance raisonnable pour faire des aller-retours sans souci.

Cela fait des mois que je monte ce projet. J'ai tout prévu. Coûts, rénovations, décorations, employés. Trouver un local et l'aménager est de loin le plus compliqué.

Cela me rappelle les débuts avec le bar.

Le Jessotte Bar. Désormais renommé le Ba'Bar*.

L'ancien nom était rempli de nostalgie et me plombait le moral. Le souvenir omniprésent de Charlotte me gâchait mes journées de boulot. Entrer dans le bar avec ma femme me rendait même mal à l'aise.

Un renouveau nom était nécessaire. Il vient de Michelle. C'est le premier mot qu'elle a dit. Papa. Enfin, elle a dit plus exactement « Baba ». J'ai trouvé ça drôle de l'adapter en nom de bar. Hélène a aussi été conquise.

Un local me saute aux yeux. Le prix est abordable, la superficie correcte. L'emplacement, quant à lui, est à une heure et demie d'ici. C'est super.

Les images défilent. Plus j'examine les pièces vides et propres, plus je suis séduit. À en croire les photos, les anciens propriétaires ont bien entretenu l'établissement.

Je me lève d'un bond, comme frappé par la foudre. En un rien de temps, je rejoins la salle principale. Mes employés bossent. Nicolas et Hélène sont derrière le bar et servent les clients. Quant à Jane, l'unique serveuse, elle place un couple fraîchement arrivé.

— Hélène ! Peux-tu me rejoindre ? J'ai besoin de toi.

Ma femme s'excuse auprès d'un jeune homme vêtu d'un costard noir. Elle me suit, s'accrochant à mon bras.

— Qu'est-ce qu'il se passe ?

Son ton est enjoué. Je devine qu'elle a une petite idée derrière la tête.

— J'ai trouvé un endroit parfait !

— Je veux bien te croire, vu ton excitation... Dommage, j'avais pas mal d'idées.

Ma main flatte son dos. Nous raffolons tous deux de ces petites tendresses. Un bisou par-ci, une caresse par-là, un compliment – sincère – de temps à autre. Grâce à cela, notre relation est au beau fixe. Nous nous aimons plus que tout. La savoir heureuse me rend heureux.

Pour combler ma femme, il y a qu'une seule recette : celle d'être moi-même. Je ne joue aucun rôle, ne cache aucune ombre. Que je sois heureux ou triste, Hélène est aux premières loges.

Rire ou pleurer, la honte m'a quitté depuis des années. J'ai des sentiments, je suis humain. Qu'Hélène me voit les yeux bouffis et humides n'est plus un souci. J'adore, d'ailleurs, quand elle me réconforte. Elle a cette attitude touchante et un humour incroyable qui balaie tous les mauvais sentiments.

— Garde tes idées dans un coin, susurré-je, je n'ai pas dit que tu quitteras ce bureau sans un orgasme.

Elle glousse en remuant la tête.

— J'attends de voir ça. Le coup de la panne de l'autre fois m'est encore en mémoire.

— Je te rendais juste celle que tu as eue la fois d'avant, trésor, raillé-je.

Nous pénétrons dans mon bureau. Son corps ondule sous mes yeux. Je ne lâche pas un instant ses fesses moulées dans son jean noir.

— Personne n'est parfait, conclut-elle en contournant mon bureau.

Attraction, Tome 2 Michelle (auto-édité)Donde viven las historias. Descúbrelo ahora