Chapitre 5

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MAELYA MORIN






J'étais sur les épaules de Doyen.

Les gars venaient de gagner leur match alors ils étaient entrain de fêter ça en défilant sur le terrain comme des imbéciles. Théa avait passé ces précédentes soixante minutes à crier sans jamais s'arrêter. Maintenant elle avait la voix cassée et moi j'étais devenue sourde. Mais ça ne l'a pas empêché de partir les rejoindre pour fêter leur victoire. 31 - 24 et c'est vrai que d'après ce qu'elle m'avait dit c'était plutôt pas mal du tout.


-« Allez Maelya chante au moins quand ils filment ! »


Doyen m'a tapoté les cuisses et puis il a pointé les coachs du doigt. Ils étaient entrain de nous filmer. J'ai voulu m'enfuir le plus loin possible mais vu la situation dans laquelle j'étais ça risquait d'être un peu compliqué. Du coup j'ai caché mon visage du mieux que je pouvais.
Puis un coach en longue doudoune noire qui tombait jusqu'à ses pieds s'est approché et nous a fait signe de nous serrer les uns contre les autres. En fait, il voulait nous prendre en photo. Alors tous les membres de l'équipe se sont rapprochés de nous parce que l'on était au centre. Il y avait Marco d'un côté et Jake de l'autre. Ils avaient tous les deux posé une main sur les bras de Doyen salis par la terre. Et tout le reste de l'équipe s'est rajouté. Même ceux qui s'étaient assis dans les gradins. Théa était devant les garçons.
Notre soi- disant photographe a réajusté ses lunettes rectangulaires avant d'appuyer sur un petit bouton au-dessus de l'appareil. On a souri de toutes nos dents quand on a vu le flash. Peut-être que j'avais une tête de coincé parce que pour être honnête, j'étais un peu gênée d'avoir été inclus si vite dans leurs aventures. Si on pouvait appeler ça comme ça. Il a continué à nous prendre en photo pendant quelques minutes et j'avoue avoir
rigolé plusieurs fois. En fait, en mettant ma gêne de côté je me sentais plutôt bien. Même si c'était quelque chose de pas facile à faire.

Mais tout le monde s'est en quelque sorte calmé quand quelques gouttes ont commencé à tomber sur nos crânes. On a tous relevé la tête en même temps pour regarder le ciel.
Et Ho putain de bordel de merde. Des nuages et encore des nuages à perte de vue. Et en parlant de vue, ma vision a commencé à se brouiller quand tout à coup une torride averse nous est tombée dessus.
Mais bordel j'avais un haut blanc moi. J'ai intérieurement hurlé de détresse et j'ai en même temps tenté de cacher mon soutif qui devenait de plus en plus apparent. J'ai commencé à paniquer et là j'ai senti une grosse secousse, alors j'ai essuyé mes yeux pour essayer de voir se qu'il se passait à travers les gouttes d'eau.
Doyen était en train de courir vers les estrades parce qu'ils étaient à l'abri de la pluie. En fait, tout le monde courait. J'ai aperçu pendant quelques secondes les traces noires de mon mascara sur le bout de mes doigts avant qu'elles ne s'effacent. Ma tête devait être affreusement affreuse. Mais j'avais absolument pas le temps de me préoccuper de ça. Parce que la scène qui s'est passée juste devant mes yeux nécessitait un focus maximum.
J'ai vu Matti ou plutôt on a vu Matti glisser sur l'herbe trempée et faire un plat dans la boue. Ho oui un plat.
Au début je n'ai pas osé rigoler et puis j'ai vu Mike, Emilio, Théa et en fait tout le monde a explosé de rire. J'ai senti la pluie s'imprégner dans mes vêtements qui collaient à ma peau mais j'y ai pas fait attention et j'ai rigolé aussi. Alors Doyen s'y est mis. Et là Matti s'est relevé. Je pouvais jurer que j'avais pitié mais pourtant j'ai ri deux fois plus. On a tous rigolé deux fois plus. Même Matti. Il s'est essuyé les yeux et les joues et puis il a regardé son maillot. On a tous regardé son maillot. Ça par contre s'était un peu moins drôle parce qu'il était trempé. Trempé de boue pour être précis. Il a grimacé même s' il continuait à rigoler en voyant nos têtes confuses . Et puis d'un coup il eut la merveilleuse idée de retirer son tee shirt. Sous une tempête pareille. J'ai même senti des grêlons me griffer le visage. Mais lui, j'étais sûr que c'était un « je m'en foutiste » parce qu'il a mis son maillot sur son épaule droite et puis il s'est remis à courir, ou plutôt trottiner juste aux gradins. Et en plus de ça, il avait l'air heureux. Et c'est là que je me suis rendue compte qu'on s'était tous arrêtés sous une pluie pareille. On était si bêtes. Alors je l'ai suivi. Enfin non, Doyen l'a suivi et puis les autres ont fait la même chose et on a fini par tous arriver à l'abri. Enfin. J'étais rincé dans tous les sens du terme.
J'ai essoré mes cheveux et j'ai vu Théa faire la même chose alors on a rigolé. Et là Doyen m'a fait descendre de ses épaules. C'est vrai que j'avais un peu oublié que je n'étais pas sur mes propres jambes.
On s'est tous séché du mieux que l'on pouvait en réfléchissant à quelles affaires de rechanges on allait bien pouvoir trouver. En fait, les garçons avaient déjà ce qu'il fallait. C'était des survêtements du club. C'est vrai qu'ils étaient plutôt beaux j'ai pensé quand Jake est allé les chercher dans les vestiaires. Au début je n'avais pas compris pourquoi il ne les avait pas laissés là bas, comme ça ils seraient tous aller se changer après. Mais j'ai vite su quand je l'ai vu appeler Théa en lui demandant de venir choisir un vêtement à sa taille. J'avoue avoir laissé échapper un petit sourire en coin quand Jake lui a donné un pull du club un peu trop grand. Et puis il m'a appelé. Au début je n'ai pas voulu ou plutôt pas pu bouger. J'étais coincé. Et puis là j'ai senti la main de Doyen me pousser vers le grand sac. J'ai failli tomber.
Jake m'a tout de suite tendu un sweat à capuche. J'ai moi aussi tendu mes mains pour le saisir et c'est là qu'il m'a effrayé. Je l'ai vu lever la main sur moi alors j'ai de suite mis ma garde en reculant d'un pas. Mais alors que mes mains commençaient à trembler, il s'est rapproché et il m'a enfilé le pull en quelques secondes en me faisant lever les bras. J'ai tressailli mais je n'ai rien dit. Et puis il a fait comme si de rien était et il a fait signe aux autres de venir chercher leurs affaires. C'était horriblement gênant. Et malsain. Très malsain. Je voulais le tuer.
J'ai observé le terrain sans réellement y prêter attention et j'ai enfilé ma capuche même si je savais pertinemment que ça allait détruire mes boucles. J'avais beaucoup trop froid pour me préoccuper de ça même s' il fallait dire que c'était sûrement la seule chose que j'appréciais vraiment chez moi.
Puis j'ai attendu peut-être vingt minutes. En fait je ne m'en rappelais plus. J'étais un peu perdue et les aventures improbables de Théa ont fait passer le temps plus vite.

The Last AngelWhere stories live. Discover now