Chapitre 45

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Enfin le dernier chapitre ! Bonne lecture :)
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Mon corps sans vie se promène à travers les rues de New York. Le regard assombri par les événements, je transporte doucement la coquille vide que je suis devenue. J'aimerai tant que tout ça s'arrête. Les larmes ne sortent même plus. En me regardant dans le miroir, je m'aperçois de ma maigreur, la flamme qu'il y avait auparavant dans mes yeux s'est éteinte. Il n'y a plus rien de la Lily que je connaissais. Je ne suis plus que l'ombre de moi-même. D'un geste lent, j'ouvre la porte du magasin. Mes yeux cherchent une robe qui pourrait m'aller pour le bal de demain. Ce fameux bal qui signifie enfin la fin du jeu et de mes souffrances. Je prends une longue robe rouge. Elle me parait si jolie, mais mes yeux ne pétillent pas, mon sourire ne s'élargit pas. J'ai perdu toutes émotions positives, ne me reste que celles de la peur, de l'angoisse et de la tristesse infinie. Celle qui vous colle à la peau, qui vous prend à la gorge, vous fait monter les larmes aux yeux sans jamais pouvoir en verser une seule. J'entre dans la cabine, épuisée aussi mentalement que physiquement. Je l'enfile rapidement pour terminer au plus vite cette mascarade. Le rouge est élégant. Ça devrait aller pour la porter au bal, elle me va bien. Tout en lâchant un de ces sourires peinés, je la dézippe et me rhabille. Je passe rapidement en caisse pour ne pas avoir à rester trop longtemps dans la boutique.

En sortant, je regarde tout autour de moi, je ne peux m'empêcher de me demander si je suis suivie. J'ai fini par développer une sorte de phobie sociale, ou plutôt de paranoïa sociale. Le jeu porte bien son nom, c'est l'œuvre du diable. Quel autre jeu que Evil Game pourrait vous transformer en une toute autre personne ? J'ai toujours cette impression que je suis suivie, qu'on m'observe. Je ne me sens jamais tranquille. Dès que je passe le pas de ma porte, une bouffée d'angoisse me traverse le corps et je dois compter chaque pas que je fais. Mes ongles se plongent dans les paumes de mes mains et mes dents triturent mes lèvres. Mes yeux se posent partout, je me sens en danger, comme si à tout moment ils allaient apparaître pour m'enlever ou me tuer. J'ai peur, si peur.

Mais, au fond de moi, reste une infime partie de la Lily que j'étais autrefois. Je suis plus forte que ça. Malgré la peur et l'angoisse, je sors de chez moi et j'affronte le monde et sa vérité. C'est moi qui me suis embarquée là-dedans, alors c'est moi seule qui m'en sortirais. Je ne dois pas baisser les bras maintenant, c'est la dernière ligne droite.

Demain sera le jour fatidique, celui où je devrais leur annoncer ma dernière hypothèse. Je devrais attendre leur réponse, le cœur battant à la chamade. Ils ont ma vie entre leurs mains. Mais ce n'est pas pour autant que je vais me jeter dans la gueule du loup sans réfléchir. Il me faut un plan pour préparer ma fuite, me défendre. Il faut que je sorte vivante de cette soirée et qu'importe ce qu'il en coûte, je suis prête à tout.

Je rentre à mon appartement, les mains gelées. L'hiver est rude ici. Je voudrais me mettre sous ma couette et ne plus jamais en ressortir. Je voudrais repartir de zéro, tout recommencer. Mais c'est trop tard, je dois arrêter de me plaindre et me battre.

Je m'assois sur ma chaise de bureau, carnet et crayon à la main, j'écris ce qui me vient. Tous les indices que j'ai récolté jusqu'ici. Je relis tous les messages envoyés et reçus, essayant de décrypter la moindre petite phrase. Rien, rien, rien.

- RIEN, je finis par hurler à plein poumon, jetant mes affaires de bureau au sol.

Une petite chose brillante attire mon regard. J'écarquille doucement les yeux. Mon cœur s'accélère. Je l'attrape de mes frêles mains.

Oui, c'est la seule solution.

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Il est l'heure. Je suis prête, maquillée et habillée. Un chauffeur m'attend en bas, j'attrape mon sac et mon masque. Je le regarde, souriante. Je suis ravie de l'avoir trouvé, ça n'a pas été facile. Le blanc est si élégant et resplendissant, les perles, les plumes et les éclats des bijoux posés dessus y ajoutent un charme luxueux. Au moins, la seule chose sur laquelle je peux être confiante ce soir, c'est mon charme.

E V I L ▪ G A M EWhere stories live. Discover now