56| Lorsque tout se met en place...

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La nuit était glacée. Malgré les deux bonnes couches de vêtements chauds qui la recouvraient, (trois l'auraient empêcher de se mouvoir à son aise), elle avait froid. Mais on l'avait entraînée à résister à ce genre de situations, alors ce n'était pas vraiment un problème. Non, le problème était les effets de cette sale température sur l'environnement ; la grille de la bouche d'égout était désormais recouverte de verglas qui la soudait au sol, ce qui empêchait ses bras encore jeunes de la soulever. Elle ne voulait pas utiliser son mini chalumeau pour faire fondre cette glace, car il y avait un nombre incalculable de patrouilles ce soir là. Les habitants ayant presque tous déserté les rues à cause du froid, un cercle de glace fondue autour de la bouche d'égout aurait immédiatement attiré les soupçons.

Elle dû donc se résoudre à prendre le chemin à la surface, qui quittait la rue principale pour s'entortiller dans les petite rues étroites des quartiers mal fréquentés. Même ici, il n'y avait personne. Elle regretta que ses gants ne soient pas doublé d'une fourrure épaisse. Le cuir fin de ceux-ci était conçu pour favoriser l'escalade et éviter de laisser des empreintes digitales traîner. En parlant d'escalade, elle était arrivée à destination. Un grand bâtiment gris dont les vieilles briques s'émiettaient, s'élevait sur trois étages, assez haut pour paraitre imposant sans pour autant arriver à la cheville des grands édifices de la ville. Il n'était pas décoré et n'avait aucun charme. C'était simplement un gros cube de pierres carré qui ne donnait certainement pas envie d'y vivre. Ceux qui l'avait acheté n'avaient sûrement eu qu'une poignée de chrysos à débourser, mais une tonne de rénovations à effectuer ensuite.

Entre le vieil édifice gris et celui à sa gauche, une petite impasse apparaissait. Etroite et inutile ; on y mettait les poubelles. C'est là qu'elle se dirigea.

Elle évalua la position de la fenêtre la plus facile d'accès ; celle de gauche, qui donnait la vue sur le mur sans ouverture du bâtiment d'en face. Une fenêtre inutile que personne ne prendrait la peine de surveiller, bien qu'elle permettait également de voir ce qu'il se passait dans l'impasse juste en dessous, où elle se trouvait. Si elle avait de la chance, les propriétaires étaient assez orgueilleux pour croire que personne n'entrerai par effraction chez eux. Sur ses gardes, elle se hissa sans difficulté sur la grande benne au plastique épais, vieux d'une bonne quinzaine d'années, qui grinça un peu trop sous son poids pourtant léger. Il n'y avait aucune prise sur le mur lisse, si ce n'était qu'une vieille brique ressortant légèrement. Pour l'atteindre, il fallait qu'elle lève le bras en l'air et le tende au maximum, ce qu'elle fit. Grâce à l'unique force phénoménale des muscles de son bras droit, elle se balança dans le vide jusqu'à pouvoir atteindre le rebord de la fenêtre avec l'agilité d'un chat. La fenêtre, opaque d'une buée glacée, ne laissait rien voir. Elle hésita, si quelqu'un se trouvait derrière, son effet de surprise serait réduit à néant. Après une longue réflexion, elle essuya la buée avec sa main gantée puis se mit à sourire, il n'y avait personne. Grâce à ses outils, elle n'eut aucun mal à forcer la petite fenêtre qui céda sans la moindre résistance.

Avant de l'ouvrir, elle prit soin d'huiler le battant droit de l'ouverture qui contrairement à son habitude, ne grinça donc pas.

Elle entra et posa un pied silencieux sur le sol qu'elle fut surprise de voir couvert d'une jolie moquette verte. La pièce avait l'air de servir de débarras. Il y avait de tout et de n'importe quoi à l'intérieur. Pourtant, quelques indices lui permirent de conclure que l'endroit était en plein début de rénovation. Il y avait au pied d'un escabeau, une bonne dizaine de pots de peintures neufs. Sur la table pourtant poussiéreuse, étaient installés des plans qui eux, avaient l'air d'être tout récents. Elle baissa les yeux sur la moquette de qualité, propre.

Qui paierait une moquette pour une pièce qui servait de débarras ? Personne, et encore moins des assoiffés d'argent.

On lui avait indiqué que deux hommes seulement se trouvaient dans la maison. Mais elle allait quand même se méfier. Elle colla son oreille à la porte et n'entendit rien. Après deux minutes d'écoute supplémentaire, elle ouvrit la porte qui grinça tout doucement. Le long couloir était éteint, et il n'y avait pas de lumière en dessous des portes. Etaient-ils en train de dormir ? Elle ouvrit méthodiquement chaque porte et inspecta chaque pièce. Elles étaient toutes aussi inutiles que vides ; le troisième étage n'était pas encore complètement rénové.

Liés à jamais. [bxb]Where stories live. Discover now