12 : Moyens de transport original

1 1 0
                                    

Coup de mains au moral

Mes cheveux me fouettaient le visage au gré du vent nocturne. La fraîcheur obscure m'endormais les idées et m'irritait l'humeur. Face à l'immensité lumineuse de la ville, j'avais pris ma dernière décision.

Je voulais vous quitter, maman, papa.

Ca m'était insupportable, rien que d'imaginer devoir rentrer et tout expliquer. Non, je ne pouvais pas.

Ce sentiment d'être laissé, d'être constamment critiqué, rejeté, mis de côté, abandonné, repoussé. Maman, papa, j'ai personne d'autre à part vous, et pourtant être chez moi me faisait déjà souffrir.

Je n'arrive pas à rencontrer quiconque, à créer quoi que ce soit. Je perd mes moyens quand je fais face à des camarades, je ne sais pas où s'arrête, où débute, où se construit une amitié. Constamment, quand je traîne avec eux, j'ai cette peur d'être rejeté, d'être tourmenté. Quand je les vois parler sans moi, partir sans moi, jouer sans moi, je les vois heureux sans moi, d'être sans moi. Et ce n'est uniquement pour ceux prenant la peine de me parler, les autres ne prennent même pas le temps de m'oublier ou de me rejeter. Je n'existe pas.

Je n'arrive pas une seule seconde à être heureux avec vous, avec eux, avec moi. Chaque seconde en compagnie je ne songe qu'à leur départ. Et mes songes finissent toujours par se réaliser, comme de sordides vœux que je répète sans cesse. Je ne dis plus "ne m'abandonnez pas", mais "vous allez m'abandonner". Car c'est ainsi. Et cela se produit constamment.

A quoi bon ? A quoi bon, maman, papa ?

J'adore tellement l'obscurité, la nuit. Être juste ici, sur le toit du monde, m'a octroyé durant quelques instants, un minuscule répit. Pas assez pour réparer mon coeur, ni commencer à regretter quoi que ce soit. Mais assez pour me rappeler que cette noirceur, j'aurais aimé la partager. Je me serais bien vue ici, avec des amis, à rigoler, parler de nos cours, entrecroiser nos doigts. Mais il n'était rien.

Ils vivaient bien sans moi, chez eux, entre eux. Et ainsi allait la vie.

C'était l'heure.

Désolé pour tout. Au revoir maman, papa.

Alors que mon corps se laissa emporter, j'embrassa les ténèbres et la fraîcheur obscure.

"Mmmmmm ?" fut une étrange voix.

Je venais de m'écraser, non pas sur le sol, mais sur quelque chose de bien plus doux. J'étais encore en haut, j'avais à peine fait un ou deux mètres, mais surtout je n'y croyais pas.

J'étais sur une main gigantesque qui flottait au-dessus du vide.

"Quelle idée de vouloir en finir comme ça? Imagine un peu si tu ne mourrais pas sur le coup? Je peux te jurer que la douleur est énorme, et les séquelles après, ohlalalala. Franchement, y a d'autre méthode plus efficace, plus rapide, et moins risquée !"

Un homme, assis en tailleur dans le creux de la main, me toisant d'un regard moqueur et étrangement chaleureux. Il était un peu plus petit que ma mère, mais bien plus trapus que mon professeur de sport, une tignasse blonde surmontait son visage amical qui était lui-même orné d'une simple barbichette sombre.

"Allez, relève toi, et dis moi tout" fit il, comme si de rien n'était.

Je n'arrivais pas à réaliser la situation. Était-ce un de ses fameux exorcistes ?

"Panique pas trop, je ne te veux aucun mal et la main est gentille aha. Tu connais un peu les exorcistes ?"

Lisait il dans mes pensées ?

Brèves d'Exorciste : Floktober 2023Where stories live. Discover now