Pour toi mon cœur [EN CORRECTION]

Chapitre 19 [Corrigé]

Vingt heures vingt.

Heure miroir.

Enroulée dans ma couette, je fixe mon réveil. Ma chambre est plongée dans le noir, les volets, la porte et les fenêtres sont fermés. Je ne suis pas sortie de mon lit depuis hier soir. Je n'ai rien mangé hier, ce matin et ce midi.

Ma petite sœur vient de temps à autre dans ma chambre avec des bonbons qu'elle a volé dans le meuble de papa. Dans un petit panier, elle a déposé des Kinders, des Malabars, des Tagada et des Carambars.

- C'est pour toi !! Maman dit qu'il faut que tu manges un peu ! m'a-t-elle dit avec un grand sourire.

Sur le moment, j'ai souris aussi. Mais c'était loin d'être un sourire heureux. J'étais plutôt crispé. Je n'ai rien contre elle... Mais je voulais vraiment être dans ma bulle, sans être déranger.

Ma petite sœur ne semble pas avoir été mise au courant que je dois être tranquille. Mais je ne peux pas lui en vouloir. Elle est encore trop petite pour comprendre les problèmes qui nous entourent.

Pourtant, elle était là quand il est arrivé et quand il a commencé à faire son cinéma. Elle ne parlait pas et ne bougeait pas.

Maman lui a toujours rappelé qu'il ne fallait pas qu'elle ouvre la porte à un étranger.

Pour le coup, il n'en est pas un...

Plusieurs fois, il nous a rendu visite par surprise. Il était ce copain aimant, au grand cœur avec un large sourire. Chaque fois que je le voyais, c'était le bonheur à l'appartement. Alicia lui ouvrait toujours les bras. Il n'a jamais hésité à la porter et à la faire tourner en rond dans les airs en ricanant.

Tout était un automatisme chez lui.

Chaque fois que j'essaie de penser à autre chose, il finit toujours par revenir hanter mes pensées.

Encore et toujours des questionnements...

Comment j'ai pu lui faire confiance ? Comment j'ai pu lui donner mon cœur ? Comment ai-je pu être aussi conne ?

Mais surtout... comment j'ai pu lui donner mon corps... ?

Lorsque je pense à cette histoire, une boule douloureuse vient toujours se loger dans mon estomac. Une boule d'angoisse et de culpabilité. Je n'ai jamais rien dit à mes parents, par peur de me prendre encore des remarques.

C'est en cachant la vérité que les problèmes arrivent vraiment, Ilona...

Je sais... Mais je n'ai pas le choix !! Je n'ai jamais eu le choix de toute façon ! J'ai fait des conneries et je regrette encore plus. J'essaie encore et toujours de l'oublier. Mais il est là...

Il est toujours là...

*

Mon regard quitte mon réveil et se pose sur mon journal intime. Il est posé sur la table basse à côté de mon lit, sur ma gauche, près de ma tête. Dessus est posée une trousse noire un peu pailleté. On peut y trouver à l'intérieur des crayons, des stylos et tout un bordel pour écrire.