Chapitre 15

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Stiles était prêt à laisser la violence se déchaîner sur lui tout en sachant qu'il désirait pourtant l'éviter, ne plus jamais avoir à subir le moindre coup. La porte, il l'avait ouverte, incapable de ne pas le faire. Mais il avait fait ça la tête baissée. Un jour, son manque d'instinct de survie le tuerait. Parce que face à lui, ce n'était pas Derek. Ce dernier ne portait pas ce genre de chaussures.

En fait, il devrait d'ores et déjà avoir reconnu celles de Jackson, mais l'état de terreur viscérale qui le paralysait sur place l'en empêchait. Alors, il paniquait intérieurement, sans bouger, sans connecter ses neurones entre eux. En fait, il était à deux doigts de s'effondrer, alors même qu'aucun coup ne lui avait été porté. Stiles avait parfois des réactions trop extrêmes, et il le savait... Mais il était incapable de les contrôler. Pas alors que Derek n'était pas là. Sans son ancrage, Stiles se sentait comme un électron dont les forces émotionnelles, libres et indomptables, échappaient totalement à sa portée.

Il entendit vaguement la voix de Jackson articuler des mots agréables, ceux qui portaient des promesses en eux. Du genre que tout allait et irait bien. Stiles sursauta lorsque le kanima posa délicatement ses mains sur ses épaules en le poussant doucement à l'intérieur du loft, mais ne remarqua pas que d'une main, il venait de verrouiller la porte derrière eux. Autrement, la chose n'aurait fait que le faire paniquer davantage et lui faire s'imaginer un nombre de scénarios conséquents. Disons que Stiles commençait très légèrement à revenir à la réalité, à comprendre qu'il ne lui était rien arrivé, que ces mains appartenaient bien à Jackson, qu'il était réellement là. Il était habillé de manière aussi élégante que d'ordinaire, à la différence près que sa veste était fermée, la fermeture éclair bien jusqu'en haut. Et ce détail, aussi insignifiant soit-il, marqua Stiles. Jackson ne fermait jamais aucune de ses vestes. Faisait-il froid dehors ? Puis il était un peu décoiffé... Et c'était bizarre, pour quelqu'un qui prenait soin de son apparence. Peut-être qu'il testait de nouvelles choses... Mais Stiles ne s'attarda pas davantage dessus : Jackson venait de le faire s'assoir sur le canapé. Il avait ses mains sur ses épaules, mains qui descendirent jusqu'à se saisir des siennes, tremblotantes et rendues glacées par l'angoisse.

- Hey, Stilinski, calme-toi.

Jackson ne donnait cependant pas l'exemple. Il parlait d'un ton alarmé, le regardait comme s'il allait se passer quelque chose... Ou comme si c'était déjà arrivé. En tout cas, son regard lui semblait nu, dépourvu de son calme arrogant habituel, cette chose qui donnait l'impression qu'il était toujours sûr de lui, confortable sur ses appuis. Là, Jackson lui semblait tout bonnement désarçonné et son visage, complètement crispé, en sueur. De plus, il lui tenait les mains. Ça, ce n'était pas un détail. Stiles, avec tous ces éléments qu'il faisait de son mieux pour ne pas analyser, ne pouvait que difficilement redevenir lucide. La terreur... Continuait de malmener son cœur.

Alors forcément, il n'entendait pas tout de ce que lui disait Jackson. Il se concentrait juste sur ses espèces d'ordres et de conseils, sur le travail qu'il devait faire sur sa respiration pour sortir de cet état de peur qui le paralysait. Ses réflexions n'allaient pas loin... Elles n'existaient plus vraiment. Les détails qu'il avait repérés n'avaient plus aucune importance.

Stiles retenait juste ce qu'il devait faire pour se calmer ainsi que le fait que Scott ne viendrait pas. L'hyperactif ne voyait pas du tout comment ni pourquoi Jackson continuait de lui affirmer cela, mais il n'avait pas d'autre choix que de le croire. Il avait les tempes humides de cette sueur froide qu'il sentait s'écouler sur sa peau. Stiles n'était même pas conscient du fait qu'il avait lentement basculé dans un état de choc certain.

Jackson, si. Parce qu'il le voyait, sentait son odeur... Lui, il le savait. Le problème, c'est qu'il n'était pas très doué pour... Rassurer, ou consoler les gens. Son truc, c'était de foncer dans le tas, un peu comme Derek.

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