Les Chroniques du Toman sur WhatsApp

La fille au talisman

Attention : il y a une scène pouvant choquer certaines personne ! Je préviens, on sait jamais !

Tanwen et Aïna frémirent. Sanzu amorça un geste pour retenir son amie. Mais il n'eut besoin de ne rien faire.

Les deux femmes s'étaient retrouvées huit ans en arrière, perdues dans les méandres de leurs souvenirs.

Clervie et son rire cristallin. Baji et ses nouilles. Kiriha et ses yeux maquillés. Ryoko et son caractère de folle. Mikki et son drôle d'accent anglais. Mikey et Sanzu. Mais, surtout, l'accident.

- Tu penses que ça lui fera plaisir ? demande Mikki.

- Oh oui ! Ça fait des mois qu'elle m'en parle, dit Clervie en riant.

Une jeune fille les bouscule et fait tomber un objet dans son sillage. C'est un joli talisman violet.

- Eh ! Mademoiselle, attendez ! hèle l'irlandaise.

Clervie s'avance sur le passage piéton pour rattraper l'adolescente en fuite. Au coin de la rue, Mikki aperçoit Tanwen, qui lui fait un signe de la main en souriant.

La jeune fille se retourne, effrayée. C'est à ce moment-là que le drame survient.

Clervie se fait renverser.

Tanwen, Mikki et l'inconnue écarquillent les yeux. Le temps s'arrête. Puis, un cri déchire le ciel. Le conducteur sort en trombe pour s'agenouiller auprès de Clervie. Il appelle les pompiers au tremblant. Tanwen traverse la route, comme en apesanteur, et se laisse tomber au sol. Mikki fixe le corps inerte de son amie, sous le choc. La jeune fille ne bouge pas, tétanisée.

- Tanwen ? Tanwen !

Tanwen secoua la tête.

- Je... Je vais y aller, dit-elle avec des trémolos dans la voix.

Sanzu fronça les sourcils, inquiet.

- Je t'accompagne.

- Non...

- Tu n'es pas en état d'être seule. Je viens avec toi, fit le jeune homme, ferme.

La jeune femme finit par acquiescer et se tourna vers Mikki qui sanglotait toujours contre Chifuyu.

Son regard se noircit instantanément.

- J'espère pour toi que je ne te recroiserai pas, même si j'en doute fortement.

- C'est une menace ? siffla Ambre.

- Non, juste un avertissement, fit nonchalamment Tanwen avant de partir avec Haruchiyo.

Aïna, elle, n'avait pas bougé, encore une fois.

Chez Baji

Baji tournait sa tasse entre ses mains, silencieux. Sa sœur, immobile, était à côté de lui et Rindô était assis par terre, devant la table basse.

- Comment ça se fait que j'en ai jamais entendu parler, de cette histoire ? cingla Keisuke.

- Parce que je ne voulais pas en parler. Je ne voulais pas t'inquiéter plus que d'habitude.

Baji soupira.

- Mais c'est mon rôle de frand frère ! Et Maman, tu lui as dit ?

- Non, répondit laconiquement Aïna.

Rindô se gratta le menton.

- C'est bizarre que Mikki et toi croisiez la route de cette fille.

- Bof, dit Aïna. Ce doit être un coup des dieux.

- Pardon ? firent Baji et Rin.

- Rien ! s'exclama la jeune femme en rougissant.

Gênée, elle se mit à triturer son bracelet aux perles à l'effigie de renards.

Les garçons ne lui posèrent pas plus de questions, car ç'aurait été vain.

Après le repas, Baji proposa à sa cadette et son petit ami s'ils voulaient rester dormir.

- Ah, tu me prends enfin en considération ? ironisa Rindô.

- Nan, je le fais par morale, tête de cul.

- Roh, vous allez pas commencer ! s'exaspéra Aïna.

Pour toute réponse, les deux hommes de sa vie levèrent les yeux au ciel et sifflotèrent innocemment.

Ce qu'ils pouvaient être idiots, des fois.

Plus tard...

Aïna marmonna quelque chose et se retourna. Un souffle froid passa sur sa nuque et balaya quelques-uns de ses cheveux noirs. Elle le chassa d'un geste de la main. Mais il revint.

- Aïna... Aïna...

- Hmhmm...

La jeune femme se retourna encore.

- Laissez-moi tranquille...

- Tout va bien. Tu n'as rien à craindre avec moi.

- Non...

- Aïna !

Elle ouvrit subitement les yeux et se redressa. La fenêtre de sa chambre était ouverte. Elle alla la refermer en frissonnant. Elle était persuadée d'avoir entendu une voix. Quand elle se retourna, une femme se tenait devant son lit. Ou plutôt, elle flottait.

Aïna sursauta, et s'agenouilla brusquement par terre.

- Redresse-toi, allons ! ordonna la femme d'une voix douce, en tendant la main à la jeune femme.

La soie de son kimono bruissa quand elle releva sa protégée.

- Ma parole... Si je m'attendais à ça... fit Aïna, toute tremblotante.

La dame sourit.

- Tu n'as plus rien à craindre de ceux qui t'ont fait du mal. Ton frère et vos amis y veillent. Et nous aussi, rappela-t-elle.

- E-et Tanwen ? interrogea la jeune femme.

- Qu'importe que tu puisses oublier ton passé si tu ne fais que le fuir, car lui, il ne t'a pas oublié. Il finira toujours par revenir. Tu dois t'y confronter une bonne fois pour toute pour tourner définitivement la page, expliqua l'inconnue, énigmatique.

- Hm... fit Aïna, perplexe.

- Écoute ton instinct. Et fais-moi confiance. Je ne t'ai pas donné mon talisman pour rien, après tout, dit la dame en pointant un doigt gracieux sur le nez de la mortelle.

Elle la poussa dans son lit où Aïna s'allongea, l'esprit brumeux. Elle finit par s'endormir.

L'inconnue se redressa, et se tourna vers la porte. Soudain, elle se transforma en un globe lumineux et passa sous l'interstice.

L'étrange sphère fusa dans le couloir et se faufila dans l'entrebâillement de la porte de la chambre de Baji. Là, elle redevint la grande dame aux cheveux pareils au Soleil. Elle se baissa vers l'homme qui dormait paisiblement, en laissant sa chevelure cascader en avant et effleurer son visage. Instantanément, Baji se raidit.

- Keisuke... Ne laisse pas ta haine te consumer... Ta sœur n'est plus en danger ! Tu l'as sauvé, rappelle-toi ! souffla la dame. Laisse Haruchiyo panser les plaies du cœur de Tanwen, elle en a besoin. Ne sois pas méfiant, cette femme n'est que pure gentillesse. Elle ne fera aucun mal à ton frère.

Baji se détendit.

- Vous surmonterez cette épreuve, décréta la dame.

Alors, Amaterasu s'évapora dans une pluie d'étoiles scintillantes.

Le lendemain matin, Baji trouva un talisman sur sa table de chevet. Ce fut également le cas de Manjirō, Draken, Takashi, Kazutora et Pachin.

Il était à l'effigie de la déesse du Soleil, brûlant d'espoir. L'espoir d'en finir avec le Dark Angels et de retrouver une vie paisible.