Chapitre 9

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HEARTBEAT
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Quand le cœur se brise, toute force nous abandonne.

Jules Sandeau

Dans la vengeance comme dans les lois de la physique, toute action entraîne une réaction égale et opposée. À la fin, c'est toujours le coupable qui tombe !

Emily Thorne
































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KARLA

— Vous soufrez donc du traumatisme laryngé mineur. Ce n'est rien de bien grave, il vous faudra donc faire reposer vos cordes vocales, c'est-à-dire ne pas trop forcer sur votre voix, beaucoup vous hydrater, et prendre quelques médicaments, m'explique l'infirmière.

Je descends de la table d'examens. La jeune femme revient à moi avec l'image du scanner.

— Voulez-vous voir le scanner ?

— Non, ça ira.

— D'accord, je vais donc nettoyer la table de scanner, allez vous assoir sur l'une des chaises là-bas, m'explique-t-elle en désignant du menton l'une des chaises de la pièce.

Je m'assois à l'endroit désigné par la blonde et je la regarde nettoyer tous les outils que nous avons utilisés pour mon examen.

Quand elle a fini, elle s'avance vers moi, accompagnée d'un sourire amical.

— Nous allons de nouveau nous rendre à l'infirmerie pour que je puisse vous donner les médicaments dont vous aurez besoin pour votre rétablissement, m'indique-t-elle.

J'hoche la tête, et nous sortons de la pièce terne. Nous traversons des couloirs avant d'à nouveau nous retrouver devant l'infirmerie. Elle ouvre la porte à l'aide de sa clé et nous entrons dans la pièce qu'elle referme derrière moi. Je m'assois sur l'une des chaises placées devant le bureau alors qu'elle s'assoit sur la chaise du bureau, en déposant mon scanner sur la table en face d'elle.

Ma gorge me fait encore un peu mal, donc j'essaie de ne pas trop parler.

— Vous allez donc prendre de l'ibuprofène, entre 200-400 mg toutes les quatre à six heures. 500-1000 milligrammes de l'acétaminophène toutes les quatre à six heures. De la prednïsone, 15 mg le matin. Des pastilles que vous ingèrerez plusieurs fois par jour dès que vous en ressentirez le besoin. 500 g de l'amoxicilline toutes les huit heures 30 mg de codéine toutes les quatre à six heures. Et enfin, de l'antiacide que vous prendrez après chaque repas et avant le coucher.

Je ne comprends absolument rien à tous ces noms... Mais la femme m'explique tout cela avec plus de détail. Je fini donc par tout comprendre.

— Voilà, ça a été long, mais si je t'avais laissé comme ça, tu aurais sûrement pu finir muette !

— Merci de nous avoir accordé de votre temps, je sais que vous êtes débordée...

— Ce n'est rien. La santé avant tout, je ne pouvais pas vous laisser comme ça. C'était beaucoup plus fort que moi, m'explique-t-elle en déposant ses lunettes sur la table de bureau devant elle et en déposant ses deux coudes sur celui-ci.

Un sourire s'empare de mes lèvres. Je lui en suis très reconnaissante de nous avoir pris en charge, Lucas et moi.

Elle me fixe sans rien dire, et moi, je suis plutôt gênée.

— Bon, je vous donne tout ce dont vous avez besoin, m'explique finalement la femme qui a arrêter de me fixer.

La femme ouvre cette porte donnant accès à la pièce d'à côté. Elle y entre en y allumant la lumière, mais ne fermant pas la porte derrière elle. Je me retrouve à présent seul dans la pièce. Je l'entends chercher les médicaments dans l'autre pièce. Je dégluti la salive qui me brûle la gorge. Je regarde tout autour de moi, je scanne la pièce où j'ai mis les pieds de rares fois seulement. C'est-à-dire lors des quelques fois où je me suis blessé et quand j'ai eu mes premières règles.

La pièce est plutôt grande quand on y entre. On y retrouve directement ce bureau près du mur face à la porte d'entrée, et à sa droite, des rangements et la porte qui mène à la pièce d'à côté où sont stockés la majorité des médicaments. À sa gauche, il y a trois lits d'hôpital que l'on trouve dans une salle d'infirmière habituelle.

Je ne prends pas la peine de scanner la pièce davantage, et la femme se matérialise devant moi, avec un sac à la main qu'elle me tend. Je me lève de ma chaise et attrape le sac en plastique tandis que la femme s'assoit sur sa chaise. Elle reprend cette feuille qui m'est dédiée et écrit des choses que je ne comprends pas à cause de son écriture.

— Voilà, j'en ai fini avec vous ! N'oublie pas de passer quotidiennement.

— D'accord, merci.

Je lui adresse un dernier sourire avant de lui tourner le dos et de quitter la pièce.

— Elle lui ressemble tellement, l'entendais-je dire tandis que la porte se referme derrière moi.

Je m'arrête net, je fronce les sourcils. Mais je n'y pense pas plus, car elle ne parlait pas forcément de moi.

Je me rends directement vers ma chambre.
Je me sens mal d'avoir agi ainsi avec Cassie, mais je n'ai pas envie de la voir, donc j'espère qu'elle n'est pas dans notre chambre.

Je pénètre finalement dans notre chambre, et elle n'y est pas. Je dépose alors ce sac en plastique sur mon lit et je prends les vêtements que j'ai mis ce matin. Ces vêtements que j'ai porté à peine vingt minutes avant de partir en mission. Mon regard vire sur son lit qui est toujours défait. Ces vêtements toujours à la main, je me dirige dans notre salle de bain commune avant de rapidement me déshabiller. Je défais la tresse de ma queue de cheval pour finalement faire descendre cette élastique qui retenait tous mes cheveux.

J'entre ensuite dans la douche italienne et j'allume l'eau que je règle. L'eau chaude qui coule le long de mon corps détend tous mes muscles et m'apaise agréablement. Elle efface toutes ces traces de sang présent sur mon visage et ma main droite. Je profite de cette douche pour laver mes cheveux. Je masse légèrement mes racines et mes tempes qui me font horriblement mal depuis quelques heures maintenant.

Trente minutes plus tard, j'ai enfin fini ma longue douche. J'y sors à contre-cœur, avant de d'enrouler une serviette autour de ma poitrine et de me diriger devant le miroir de la pièce. J'essuie le miroir rempli de buée à l'aide de ma main. Mon reflet me fait face, je fais face à ces bleues présents sur le haut de mon corps. Sur mon cou, mes bras et ma poitrine. Je soupire en m'éloignant finalement du miroir. Je sèche tout mon corps, que j'hydrate par la suite.

Je m'habille avant de me rendre dans notre chambre. Je suis épuisé et m'écroule sur mon lit, mouillant les draps blancs au passage. Mes paupières se referment d'elles-mêmes tandis que je lutte de toutes mes forces pour qu'elles ne se referment pas. Je ne dois pas succomber à un profond sommeil, car je dois d'abord aller parler à James. Je suis complètement à plat, mais je rassemble toutes les forces possibles dont j'ai besoin pour me lever et quitter cette chambre. Donc, c'est avec toute la force qu'il me reste et à contre-cœur que je me lève difficilement de mon lit. J'enfile mes chaussons avant de sortir de la chambre.

Je traverse le couloir, je me dirige vers le bureau de James, mais de loin, je le vois discuter avec Raphaël. Je m'approche d'eux d'un pas hésitant, tandis que Raphaël s'en va et que James se retourne en ma direction, prêt à partir à son tour.

— Messieurs ? L'interpellais-je hésitante.

Au son de ma voix, il s'arrête en face de moi pour m'écouter.

— Oui Karla, que se passe-t-il ? Me demande-t-il, l'air pressé.

— Je pourrai vous parler cinq minutes ?

Il vérifie sa montre, l'air assez indécis.

— Ok, cinq minutes, finit-il par me dire. Asseyons-nous sur ce banc, continue-t-il en se dirigeant vers un petit banc en bois marron situé à côté de son bureau avant de s'y assoir suivi de moi-même.

— J'ai quelques questions à vous poser... Commençais-je hésitante, en pinçant ma lèvre inférieure. Tout d'abord, pour commencer, pourquoi Roylie et Enzo nous ont abandonnés là-bas, Lucas et moi ?

— Car c'est moi qui leur ai dit de le faire Karla, m'avoue-t-il.

Mon visage se décompose, comment ça c'était lui qui leur avait ordonnés de nous laisser seuls là-bas ? Avec des détraqués et à peine quelques minutions ? C'est impossible, je n'y crois pas. Il ne nous considère pas à ce point ?

— La situation était critique, pleins de blessés étaient à déplorer, et puis Lucas et toi preniez beaucoup de trop de temps à revenir. Roylie et Enzo m'ont donc contacté pour demander ce qu'ils devaient faire. Je leur ai de ce fait ordonné de vous laisser ici, même après leurs nombreuses contestations. Une équipe était sur les lieux et devait rentrer avec vous. Donc vous n'étiez pas seuls en fin de compte, m'avoue-t-il, sans une once de regret dans sa voix.

— Quoi ? Demandais-je à la fois choqué et en colère. Mais cette même équipe a presque entièrement été décimée, donc rien ne change le fait que vous avez donné l'ordre à nos coéquipiers de nous abandonner.

Je fronce mes sourcils, ne pouvant pas cacher ma colère visible à travers mes traits à présent durcis.

— Écoute, je savais que Lucas et toi alliez-vous en sortir. La preuve, vous êtes rentrés sains et saufs sans l'aide de personne. Vous ne le voyez sûrement pas, mais vous avez de très bonnes compétences, commence-t-il. Vous êtes la meilleure équipe de votre section et vous vous complétez l'un l'autre. Malgré tout, vous avez su vous débrouiller et amené Lewis avec vous, je suis fière de vous.

— Comment ça ? Lui demandais-je à présent déboussolé.

— Lucas est très intelligent, stratégique, a de très bonnes aptitudes en combats et reflex, tandis que toi, tu as une très bonne mémoire auditive et visuelle, tu es aussi très intelligente et assez bonne en combat. Vous formez le duo idéal et vous me l'avez prouvé de nombreuses fois. Même si vous ne vous entendez pas très bien, vous formez une équipe hors norme.

— Je vois, vous nous avez juste envoyé dans la gueule du loup comme si nos vies ne valaient rien... Ou plutôt, car vous pensiez que nous nous en sortirions, lui dis-je en fixant à présent le sol devant moi. Mais est-ce que tout cela est juste ?

— Comment ça ? Me demande-t-il en fronçant ses sourcils châtains.

— Est-ce que fréquemment nous envoyer en mission sans même nous demander notre avis est juste selon vous ? Nos vies ne valent rien à vos yeux pour nous abandonner de la sorte ? M'exclamais-je, me retendant de lui hurler dessus pour tout ce qu'il nous avait fait subir jusqu'à présent à cause de mon mal de gorge.

Tant de vie perdue pour lui, pour cette organisation. Des vies gâchées et piétinées comme si elles ne valaient rien, comme si nous sommes seulement des pions facilement remplaçables. Et oui, nous le sommes. Après tout, ce n'est pas comme si nous avions choisi cette vie. Malheureusement, nous n'y pouvons rien, nous ne pouvons que suivre les ordres qui nous ont été transmis et remplir les missions qui nous ont été données en espérant en y revenir saint et sauf, car la mort nous guette quotidiennement.

James ne me répond pas, il se contente de me fixer sans rien dire. Je sens son regard changer.

— James, s'exclame une voix féminine coupant court à notre conversation et accaparant notre attention. Une infirmière a à vous parler.

James hoche la tête avant d'à nouveau rediriger son regard vers moi.

— On en reparlera une prochaine fois, me dit-il avant de rapidement s'en aller.

Je soupire en agrippant mes mains sur le bas du rebord du banc en bois et assimilant la nouvelle. Une boule se forme dans mon ventre, je ne me sens pas bien et épuisé. Cette journée m'a vidée. Je me lève avant de me diriger vers la salle à manger assez remplie. En chemin, je croise Lucas qui comme d'habitude ne m'adresse pas un mot.

Le menu de ce soir est poulet mexicain avec frites françaises accompagnées de sauce ketchup. Deux clémentines et des yaourts de différentes saveurs en désert.

Nous nous remplissons nos plat sans un mot.

— J'ai parlé avec James tout à l'heure. Il m'a dit que c'est lui qui a ordonné à Cassie et tout le reste du groupe de nous abandonner là-bas, expliquais-je à Lucas, en rompant le silence qui s'est installé entre nous depuis notre rencontre.

— C'est mieux que tu me racontes tout ça plus en détail quand on mangera, me répond-t-il.

J'acquiesce et nous finissions par nous installer l'un en face de l'autre sur l'une des tables au bout de la salle, située près des grandes fenêtres. Nous commençons à manger en silence sous le brouhaha des autres personnes présentes dans la pièce.

J'entends soudainement un plateau se poser sur la table. Je lève le regard vers la personne responsable de ce bruit. Rose en est l'auteur, elle s'assoit à côté de moi.

— Vous ne voulez plus nous parler ? Nous demande-t-elle d'un ton énervé, mais très calme.

— Tu pourrais nous laisser seuls, on n'a pas trop envie de vous parler là, lui répond presque instantanément Lucas qui a l'air ennuyé de sa présence.

— On n'y est pour rien, on a essayé de les convaincre de rester quelques minutes de plus pour vous attendre, mais ils n'ont rien voulu entendre ! Continue-t-elle.

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