10 : (not) alone

68 9 17
                                    

JADE

J'ai appelé Livia pour m'excuser.

Deux fois.

Elle n'a pas répondu.

Je m'en fous, essayé-je de me convaincre en tendant le bras vers la prise suivante. C'est que du cul, j'en trouverai une autre.

Mes doigts s'accrochent à la prise que je visais et je me hisse encore plus haut. Essoufflé, je fais une pause une seconde et pose mon front le long du couloir d'escalade, repensant à l'air déçu de Livia quand j'ai fait ma blague idiote sur sa copie l'autre fois.

En vérité, peu importe que ce ne soit qu'une relation purement sexuelle entre nous : je m'en veux. Je n'aime pas faire de la peine aux gens, encore moins à quelqu'un de relativement proche – si tant est que Livia et moi le soyons.

Épuisé, je décide de m'arrêter là et redescends jusqu'à environ un bon mètre du sol avant de sauter sur le tapis et de me diriger directement jusqu'aux vestiaires. Dès que je récupère mon téléphone, je jette un œil avide à l'écran.

Aucun signe de vie de la part de Livia.

Bon.

Je me laisse tomber sur le banc le plus proche, tous les muscles douloureux. Remarque, si elle ne décroche pas, peut-être que je pourrais lui dire de vive voix...

Je réfléchis une seconde. Étant donné que je ne suis jamais allé chez-elle et qu'elle a toujours refusé que je lui paie un Uber, je ne peux trouver son adresse nulle part. En revanche, je sais qu'elle étudie l'informatique et je crois me rappeler du nom de son université.

Je secoue la tête une seconde.

Sérieux, là ? Je vais quand même pas me pointer à son école, ce serait abusé et lourd et...

... Ouais, OK, je vais le faire.

Sans plus réfléchir, j'enfile mon sweat-shirt, change de chaussures et remballe mes affaires en deux-deux avant de filer. Le type derrière le bureau à l'accueil de la salle d'escalade me dit « bye Jade », signe que je viens peut-être un peu trop souvent étant donné qu'il connaît maintenant mon prénom.

Une simple recherche sur Google Maps m'apprend où est son université – à environ une demi-heure de métro. J'y arrive sans encombre mais comme sinon ce serait trop facile, je réalise une fois devant la grille que je n'ai aucune foutre idée de son emploi du temps.

Et merde.

Bon, de toute façon je suis déjà là, pensé-je. Il est encore tôt ; avec un peu de chance, elle avait cours cette après-midi et n'est pas encore sortie.

En revanche, si elle n'avait pas cours de la journée, je suis foutu.

Puisque je n'ai pas d'autre choix, je plante mes écouteurs dans mes oreilles et commence à attendre. Des étudiants quittent le bâtiment toutes les cinq minutes et je redresse chaque fois la tête au cas où, mais aucune trace de Livia. Je reconnaîtrais ses cheveux courts entre mille et de toute façon, il n'y a pas beaucoup de filles ici. Impossible de la confondre.

Au bout d'une bonne heure, j'arrive au bout de ma playlist et commence à m'impatienter. Je me trouve de plus en plus con. Qu'est-ce que je fous là, au juste ? Pourquoi est-ce que je m'accroche autant à elle ?

Une partie de moi essaie de rester naïve mais au fond, je sais pourquoi. Parce que malgré son mauvais caractère, ses petites manières énervantes, ses moqueries et ses sourires en coin, j'aime passer du temps avec elle. C'est la seule personne qui arrive à alléger un peu le poids qui pèse sur mon cœur depuis ma rupture.

You've reached the end of published parts.

⏰ Last updated: Nov 02, 2023 ⏰

Add this story to your Library to get notified about new parts!

(Not) Meant to beWhere stories live. Discover now