ℑ𝔪𝔭𝔢𝔯𝔦𝔲𝔪

𝖢𝗁𝖺𝗉𝗂𝗍𝗋𝖾 𝟣𝟤 - 𝖫𝖾 𝖡𝖺𝗅 𝖽𝖾 𝗅𝖺 𝖭𝗈𝗎𝗏𝖾𝗅𝗅𝖾 𝖠𝗇𝗇𝖾́𝖾

J'ai accepté d'aller au bal avec Jules.

J'ai accepté d'aller au bal avec Jules devant tout le monde, durant le dîner de Noël dans la Grande Salle. Je ne suis pas particulièrement sensible aux grands gestes de ce genre, mais il avait l'air tellement ravi de me voir accepter... et je dois tout de même souligner que sa demande était particulièrement originale et flatteuse. Les lettres d'or qui étaient dessinées sur le plafond ensorcelé de la Grande Salle se sont transformées en une pluie d'étoiles, dès le moment où j'ai dit oui. Bien heureusement pour moi car je devenais rouge pivoine, les autres élèves ont rapidement repris leurs conversations dans un brouhaha, tandis que je me rasseyais aux côtés de Natsai et Imelda. Ces deux-là n'ont pas manqué de me charrier pour le reste des vacances d'hiver.

Lorsque j'ai raconté cet évènement à Poppy une fois rentrée de vacances, elle n'en croyait pas ses oreilles. Elle avait l'air de bien regretter de ne pas avoir assisté à la scène elle-même, et m'a demandé maintes et maintes fois de lui répéter la scène, sans omettre de détails. Par politesse, je me suis excusée de ne pas aller au Bal avec elle comme nous l'avions prévu, et le rouge lui est monté aux joues. J'ai vite compris qu'elle avait sûrement trouvé quelqu'un avec qui y aller mais elle n'a pas voulu me dire qui, insistant sur le fait que ce serait une surprise le jour-même. J'ai eu beau essayer de la cuisiner un peu, la jeune Poufsouffle restait muette comme une tombe !

Tous les élèves sont désormais rentrés de vacances et l'on ne parle plus que de la fameuse soirée. Même les professeurs semblent s'être pris au jeu et j'ai surpris le Professeur Ronen discuter avec un fantôme de son expertise en tant que danseur : j'ai bien hâte de voir ça !

Natsai et Imelda sont particulièrement occupées par la préparation du Bal maintenant, et je ne les vois plus beaucoup. Comme l'avait prédit Natty, nous avons continué nos quelques leçons de magie sans baguette et Imelda et moi arrivons à lancer des sortilèges d'attraction assez convaincants.

Je n'ai pas eu l'occasion de reparler à Sebastian depuis l'épisode du patinage sur le lac gelé. Bien évidemment, je me suis gardée de raconter cette excursion à mon amie de Poufsouffle. Je le croise parfois dans les couloirs et, alors que j'essaie de lui adresser un sourire et de le saluer, il fuit délibérément mon regard et continue son chemin en rasant les murs. Je ne peux m'empêcher de penser que cela a quelque chose à voir avec le fait que j'aille avec son ami proche au Bal, mais ce n'est sûrement que ce que mon imagination veut me faire croire. Je me raisonne en me disant que ce n'est qu'une de ses intempestives sautes d'humeur qui le font devenir particulièrement distant.

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Samedi 10 janvier 1885 - Jour du Bal.

Quelques heures avant le début des festivités, Poppy, Lénora et moi nous retrouvons dans la salle commune de Poufsouffle pour nous préparer ensemble. L'ambiance est tout bonnement effervescente. Les plus jeunes perfectionnent leurs pas de danse au centre de la pièce, tandis que les plus âgés partagent des ragots sur les couples de cavaliers qui sont supposés venir ensemble. Il me semble entendre mon prénom une ou deux fois dans la conversation, mais ça ne m'étonne plus vraiment.

Depuis la demande, les rumeurs vont bon train, et je sais que j'attise la jalousie de bon nombre de camarades qui auraient souhaité être invitées par le charmant Jules. Je ne peux nier qu'attirer autant l'attention ne me plaît pas, cependant cela reste bien plaisant pour mon égo, plus que je ne voudrais l'admettre.

Alors que je suis occupée à coiffer mes cheveux capricieux en un chignon bas plus ou moins sophistiqué, Poppy est la première à sortir de la salle de bain. Elle est sublime, avec sa robe bustier vert pâle, et les barrettes perlées qu'elle a placées dans ses cheveux pour lui dégager le visage. Lénora et moi l'accueillons avec des exclamations accompagnées de quelques applaudissements. La mystérieuse personne qui l'accompagnera ce soir aura bien de la chance.