ADAM

Chapitre 32 : Heaven and back.

Buona lettura 🩵

Manhattan, New York.

Nous étions rentrés cette nuit. J'avais clairement fait comprendre à Adam que je voulais rentrer à New York et que je n'avais plus la tête à rester en Italie. Je voulais mettre cette histoire derrière moi, essayer d'assumer. Allongée dans mon lit, je fixais le plafond blanc, perdue dans mes pensées. Pourquoi ne m'avait-il pas dit ? Comment le savait-il ?

Je me sentais complètement désemparée, et aucune envie de dormir ne me venait. Ses mots résonnaient encore dans ma tête.

"PUTAIN SALI, CE N'ÉTAIT PAS À MOI DE TE LE DIRE."

"T'es putain de folle"

Nous nous étions disputés la veille, ses mots m'avaient brisée. Il ne pouvait pas comprendre la douleur que je ressentais.

Les heures défilaient. Je fixais la pendule accrochée au mur de ma chambre, ses tic-tacs semblaient marquer le rythme assourdissant de ma peine. Il était 4 heures du matin, et je n'arrivais pas à fermer l'œil. Je n'avais pas dormi depuis le cimetière. J'étais épuisée, mais je ne voulais pas, je ne pouvais pas dormir. Les aiguilles défilaient. J'avais besoin de m'enfuir, de partir. Je voulais ne plus penser à rien. Mon cœur était brisé, je ne ressentais plus rien. Je n'arrivais plus à ressentir.

Lentement, je m'habillai d'un jogging et d'un gilet pour me tenir chaud. Mes gestes étaient automatiques, dénués de toute émotion. Le froid de la pièce semblait pénétrer jusqu'à mes os, reflétant la froideur de mon âme. Mon regard se perdit dans le vide, vide comme mon cœur.

Glissant dans ma poche mon téléphone et mon portefeuille, j'entendais chaque battement de mon cœur comme un écho assourdissant dans le silence oppressant de la nuit. M'apprêtant à sortir, mon regard se fixa instantanément sur mon arme, posée sur le chevet, comme si elle m'appelait. Je la saisis et la glissai dans la poche de mon jogging, fermant la porte derrière moi. Je saluai d'un sourire timide les deux gardes qui surveillaient l'étage, espérant de tout cœur qu'ils n'allaient rien dire à Adam sur ma petite sortie nocturne. Les deux hommes me saluèrent en retour, un regard légèrement interrogateur dans leurs yeux.

Je marchai dans les rues désertes de Manhattan, la ville qui était devenue mon refuge, mais qui s'était transformée en un labyrinthe de douleur. Les néons des enseignes éteints, les ruelles désertes amplifiaient ma solitude intérieure. Chaque pas résonnait comme une pulsation régulière dans le silence de la nuit, rythmant ma propre confusion.

Les gratte-ciel qui s'élevaient dans le ciel semblaient être des témoins muets de mes tourments. Manhattan, cette jungle de béton et d'acier, était-elle elle aussi prisonnière de ses secrets, de ses mensonges ? Les rues, autrefois animées, semblaient dormir, ou peut-être échappaient-elles à ma perception, me laissant seule avec mes pensées chaotiques.

Je ne voulais plus continuer, je n'y arrivais plus. Mon père, mon papa, l'homme à qui j'avais confié ma vie, à qui j'avais raconté mes plus grandes peines, mes plus grosses déceptions m'avait menti... J'avais vécu les pires années de ma vie, je n'avais aucune famille, aucun avenir. Je ne voulais rien faire, je voulais me laisser mourir. Je me suis forcée, je me suis motivée en me focalisant sur leur..décès. Je voulais arrêter les études qui étaient si précieuses pour moi pour eux..pour lui. Les études de comptable que j'aimais tant.

"Sali, quand on commence quelque chose, on le finit."

Je m'accrochais à cette phrase, celle que mon père m'avait dite tant de fois...

Putain... Sali, c'est un cauchemar, tu vas te réveiller.

Mon père était en vie. Je n'ai jamais été orpheline. L'absurdité de la situation me frappait de plein fouet, et je me sentais déchirée entre la réalité brutale et les souvenirs soigneusement construits autour de sa prétendue mort. Chaque coin de la ville qui portait les traces de notre histoire familiale devenait un piège émotionnel. Mes pieds semblaient m'entraîner vers un passé douloureux que je ne voulais plus affronter.