L'hôpital

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Je suis vivante.

Je pourrais dire que je vois une lumière au bout d'un long couloir mais.... non.
Pas du tout..
Le néant.
Encore et toujours lui...
Rien que ça.

Je ne ressens rien à part des petits picotements dans les doigts.
Je ne peux pas bouger, j'ai beau crier à mon corps de réagir, rien ne se passe.
Ça me fout en rogne.

Parfois il m'arrive d'entendre des voix, lointaines .
Presque imperceptible et inaccessibles..
J'ai commencé à m'habituer à ma situation . A écouter et entendre sans pouvoir réagir. Je suis devenu un fantôme.
Un putain de fantôme.

J'ai compris que j'étais à l'hôpital, dans le coma.
Ils ne savent pas si je vais me réveiller.
Ils ne savent même pas que je peux les entendre.

Grincement de porte. J'ai commencé à développer la faculté de reconnaître les personnes qui entrent grâce à leurs pas . J'imaginais que ce serait sûrement une femme de ménage, mais non.

"Bonjour Pauline... "

Adam ?!
Oui, c'est bien lui.

Maman passe tous les jours, elle m'a dit qu'il n'avait pas encore eu le courage de venir me voir...

"Je... Je suis tombé sur ton carnet Pauline"

Mon cœur manque un battement.
J'ai bien entendu ?!
Je me met à paniquer intérieurement, il a lu mon carnet ?

"Je me sens tellement con. Parce que tout est peut être trop tard ! Que ça fait une semaine que t'as pas ouvert les yeux ! Que tu ne te réveillera sûrement jamais de cet accident de voiture !

... Soupir.

J'arrive plus à penser, t'étais tellement tout putain.
La vie c'est plus pareil maintenant.
Ça me fait chier d'être là sans toi.
De plus t'entendre me raconter tout ce qui te passe par la tête,
De plus écouter Nirvana avec toi,
De plus regarder de films avec toi,
D'être avec toi.

Ta
Présence
Me
Manque.

La vie sans toi me manque.

Ptet que c'est seulement quand on est sur le point de perdre une personne qu'on se rend compte d'à quel point elle est importante pour nous.
J'ai fait cette erreur avec toi. J'ai pensé que j'aurai plus de temps à passer avec toi, mais c'est faux.

Je repense à tout.
Je te voyais tu sais, Pauline. Je devinais les failles, les cicatrices et les gouffres,
Je voyais le mascara couler et les yeux humides. Je voyais cette tristesse dans ton regard.

Je voyais les ponts branlants que tu avais construit pour les enjamber.
Tu es forte, Pauline
Bien plus forte que moi.
Et moi,
Je vais pas te laisser tomber du pont. "

Alors, à ce moment, je me met à pleurer. De joie. Intérieurement.
Je dois me réveiller.

le carnet rougeWhere stories live. Discover now