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24 h après, Esteban est de retour chez Action.
Pourtant, la veille, il s'était promis que c'était la dernière fois. Il avait récupéré ses perles, la boucle était bouclée. Plus de raison de venir.
Il avait emballé les perles avec soin, puis s'était rendu à l'évidence : hormis le premier jour, ce n'était pas pour ça qu'il allait dans le magasin. Même la veille, récupérer les perles mises de côté n'avait été qu'une excuse pour revoir Lilas.
Il avait enfin osé lui demander son prénom, l'air de rien, comme si ce n'était pas une information sur laquelle il s'interrogeait depuis plusieurs jours. Il aurait aimé poursuivre la conversation sur le sujet, l'esprit plein de questions : est-ce que c'était un prénom choisi par rapport à la fleur ? Est-ce que ça s'écrivait comme la fleur ? Est-ce que c'était pour ça que la pointe de ses cheveux était violette, un violet lilas ? Il avait gardé tout ça pour lui, et à la place, avait continué à parler perles avec elle. Jusqu'à la fin, il n'avait pas été assez courageux pour poser les questions qu'il voulait poser, les questions hors limite, limite qu'il avait placé lui-même.
La seule chose qui avait laissé le regret disparaître était le sommeil. Lorsqu'il s'était réveillé pour boire en plein milieu de la nuit, il avait décidé qu'il ne vivrait pas avec ce sentiment : dès qu'il ferait jour, il irait voir Lilas et il lui demanderait de partager un déjeuner ou un dîner avec lui. Si elle disait non, tant pis, il aurait essayé. Il préférait vivre avec ça qu'avec l'imagination d'un oui ou d'un non jusqu'à ce qu'il réussisse à passer à autre chose.
En entrant dans le magasin, son premier réflexe est de la chercher au même endroit qu'il l'a trouvé hier. Évidemment, elle n'y est pas. Il navigue entre les rayons, espérant la croiser quelque part, quand il entend :
-Esteban ?
Il se retourne et il est surpris de tomber sur le caissier de la veille.
-Salut. Est-ce que tu pourrais m'indiquer où est Lilas ?
Esteban se mord la lèvre en voyant que le visage du jeune homme se décompose.
-Elle est en repos.
-Oh.
Un silence s'ensuit, car le pilote ne sait pas quoi répondre. Est-ce qu'il doit faire semblant d'être venu acheter quelque chose pour ne pas paraître désespéré ?
-Elle va pas y croire, que t'es revenu pour la voir, quand je vais lui dire.
Esteban rit.
-Comment ça ?
-Bah, elle était triste. Elle pensait qu'elle te reverrait jamais.
Esteban fronce les sourcils, surpris.
-Ah bon ?
Il reste silencieux quelques secondes, essayant d'organiser sa pensée.
-Bonjour, Esteban et Jonas.
Les deux hommes se tournent vers la troisième personne qui vient s'ajouter à l'échange. Esteban a reconnu sa voix immédiatement, et maintenant, il est encore plus confus qu'il y a quelques secondes.
-Lils ? T'es pas en repos, aujourd'hui ?
-Bah, si. Mais j'ai oublié mon chargeur dans la salle de pause.
Elle n'attend pas de réponse et continue sa route. Jonas se tourne vers Esteban, l'air de ne pas en croire ses yeux.
-Non mais le hasard, ou la chance, ou le destin, ou peu importe en quoi on veut croire, ce qu'il faut pour que tu passes ici la voir pile au moment où elle passe ici chercher son chargeur ! C'est incroyable.
Esteban ne peut qu'acquiescer, et Jonas lui sourit.
-Bon, bah, bon courage. Te dégonfle pas, cette fois-ci.
Et sur ces mots, il disparaît, laissant Esteban seul avec ses pensées, et Lilas qui va revenir d'une minute à l'autre.
