Une sombre histoire de chocolat

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Tout est organisé pour la collecte qui se fera dans deux jours, nous avons été rapides avec Maël, je suis contente et maminou aussi.

    Aujourd'hui, j'ai envie de prendre soin de moi et je me rappelle que la sœur de Maël m'avait proposé de passer à son salon pour y faire un soin capillaire. J'ai bien envie de me laisser tenter. Je dois d'abord tenter de joindre mon amoureux... Je ne sais pas ce qu'il fait... Ça fait trois jours que je n'ai pas de nouvelles. Il y a de quoi se poser des questions ! Je compose son numéro que je connais par cœur à force.

— Chérie, il y a un problème.

    Je ne peux m'empêcher de rigoler. Est-ce qu'il y a un problème, vraiment ?

— Eh bien, je voulais prendre de tes nouvelles... Savoir comment ça allait ?

— Bien, j'ai eu une urgence au boulot et cela m'a pris tout mon temps.

— Un petit message aurait été le bienvenu...

— Comment ça ?

    Mais c'est de pire en pire, dites-moi ?

— Je n'avais pas compris que quand tu disais que tu devais rentrer la dernière fois, c'était rentrer chez nous. Je pensais te retrouver le soir chez grand-mère.

— Ah non, désolé, mais j'ai dû prendre le premier train pour rentrer. Il y a un souci avec l'entreprise. Je ne rentre pas dans les détails, tu ne comprendrais pas...

    Suis-je vraiment nulle à ce point ? Il va finir par me faire douter...

— Je peux essayer si tu me racontais !

— Ne t'inquiète pas avec ça, je ne veux pas que tu te fasses de soucis. Comment va notre petit rayon de soleil ?

    Il parle de notre bébé et je crois que je lui réponds de manière automatique...

    Je ne me souviens pas que notre histoire ait commencé comme cela. Après notre rencontre à la pâtisserie et le rendez-vous au restaurant, nous nous parlions tous les jours avec Raphaël. Il me racontait toutes ses journées dans les moindres détails et j'en faisais de même.

    Il était à la faculté de droit quand moi je tentais de trouver ma voie. Il n'arrêtait pas de m'encourager à poursuivre mes études afin de m'ouvrir des portes dans le monde du travail. Je l'écoutais. Que dis-je ? Je buvais ses paroles. J'avais simplement un bac à cette période et j'aidais depuis pas mal de temps maminou qui me versait un salaire tous les mois. J'apprenais beaucoup auprès d'elle et j'adorais faire ça. C'était avec plaisir que je servais les clients, je les conseillais, je décorais la pâtisserie pendant les fêtes. Je faisais des listes pour passer les commandes afin de réaliser nos pâtisseries. Mon point fort était l'organisation. Je voyais grand pour cet endroit.

    Avec Raphaël, on se voyait tous les week-ends. Il venait à Liponie ou je le rejoignais dans son appartement étudiant. C'était des moments magiques que nous partagions tous les deux. Il m'a fait découvrir beaucoup de choses dans cette grande ville que j'ai eue et que j'ai toujours dû mal à apprécier... Tout était trop grand, trop de monde partout, j'avais vraiment cette sensation de suffoquer.

    Puis, il m'a proposé que nous emménagions ensemble. Ça n'a pas été évident pour moi. Ma vie était à Liponie. Je ne lui en ai jamais parlé et c'est ce que je regrette aujourd'hui. Je voulais continuer de travailler dans la pâtisserie avec grand-mère.

    Je me rappelle de ce jour où il m'a proposé un poste de secrétaire dans une grande entreprise dirigée par quelqu'un qu'il connaissait bien. Je me souviens des mots que nous avons échangés.

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