Prologue

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Laissez moi me présenter. Je m'appelle Harry Styles, j'ai 29 ans. Je ne suis pas le genre de mec à sortir tous les samedis soirs. Je ne suis pas le genre à sortir du tout. Je ne suis pas agoraphobe, introverti ou quoi que ce soit. J'aime ma solitude, c'est tout. J'ai bien assez de contacts humains dans la journée pour avoir à en réclamer le soir en rentrant chez moi.


De temps en temps, j'accompagne mes collègues boire un verre ou retrouve des amis de longues dates qui ne repassent dans le coin que pour rendre visite à leur famille. Et la plupart du temps, non, à chaque fois que j'accepte une sortie, c'est uniquement dans l'optique de m'envoyer en l'air.


Hommes, femmes, je m'en fous. Je n'ai jamais fait la distinction. Je m'envoie en l'air, et je m'en vais. Je ne veux pas me mettre en couple, avoir quelqu'un collé à mes baskets, prêt à balayer ma routine comme une tornade. J'aime ma routine.


Le matin, je me réveille en musique sans personne pour râler à part les voisins quand je monte le volume un peu trop fort. Je prends mon temps dans la salle de bain, me prépare mon petit déjeuner et l'emballe avant de partir au boulot où je prends le temps de manger entre deux visites au service pédiatrie de la clinique où je travaille depuis cinq ans déjà.


A dix-huit heure, je finis mon service, rentre dans mon appartement. Je me fais couler un bain, remplis les gamelles de ma chatte, Bianca, la seule présence que j'accepte au quotidien. Et après m'être prélassé dans un bain chaud jusqu'à ressembler à un pruneau, je me fais à manger, dîne en regardant un épisode d'une série, puis j'en regarde un autre en câlinant Bianca. En général je bats des paupières au troisième, et file me coucher avant la fin. C'est ma routine, et elle me convient telle quelle.


Mais voilà, il y a trois semaines, j'ai accepté une de ces fameuses sorties. J'avais besoin de décompresser après une semaine difficile à la clinique, et quand j'ai vu ce type qui me regardait au bar, je me suis dis qu'il ferait très bien l'affaire.


Et on s'est protégé, j'en suis sûr. Je me revois encore arracher l'emballage du préservatif et le glisser le long de son pénis. Je suis sûr qu'on s'est protégé, et pourtant, je suis là, à vivre mon pire cauchemar.


Je n'ai jamais été un garçon comme les autres, et je l'ai toujours su. Dès mon plus jeune âge, ma mère a essayé de m'expliquer que je n'étais pas comme les autres enfants, que j'étais différent, particulier. C'était le mot qu'elle employait le plus. Elle a complètement paniqué quand j'étais au collège et que, comme beaucoup de mes camarades cette année là, j'ai eu mes premières règles. Je parle bien sûr de mes camarades féminines. C'est là que j'ai compris à quel point j'étais particulier.


Hermaphrodisme vrai avec intersexuation interne. J'ai fini par apprendre ces mots par cœur à force de les entendre, de les lire. En gros, j'ai tout d'un homme en apparence, peut-être un peu féminin sur les bords certes, mais c'est ce qui me vaut mon succès auprès des deux sexes j'imagine. Mais à l'intérieur, je suis pas fait comme tout le monde.


En fait, d'après mes recherches, les personnes comme moi représentent 3% de la population mondiale. Je ne suis pas vraiment le seul du coup j'imagine à avoir des culottes menstruel dans son tiroir et un paquet de serviettes hygiéniques d'urgence caché au fond d'un placard. Je ne suis pas le seul qui doit écarter les jambes une fois par trimestre pour vérifier que tout est en ordre.


J'imagine que je ne suis pas le seul à cacher ce que je suis, que je ne suis pas le seul à préférer sa solitude à un possible rejet. C'est plus facile comme ça.


Mais voilà, j'imagine que je suis le seul assez con pour coucher avec un parfait étranger, pour accepter d'utiliser sa capote. Une capote qu'il devait garder dans son portefeuille depuis ses quinze ans! Et c'est à cause de ça, que je suis sans aucun doute le seul de ces 3% à se retrouver dans une situation aussi minable.


J'ai envie de pleurer en regardant le test de grossesse entre mes mains. Je veux hurler, faire disparaître la deuxième petite ligne bleue qui est apparue. Je ne veux pas la voir, je veux qu'elle disparaisse! Mais elle reste là, me nargue, me laisse entrevoir un avenir auquel je n'avais jamais songé et me fiche une trouille bleue.


Me voilà, Harry Styles, 29 ans. Infirmier en pédiatrie, hermaphrodite vrai avec intersexuation interne, et enceinte.  

Harry et son haricot magique (LARRY STYLINSON MPREG)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant