Chapitre 17

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En arrivant à la clinique ce matin, j'étais nerveux, anxieux, même un peu triste. Oui, en réalisant que je venais passer ma dernière journée de travail, j'ai été triste. J'ai même hésité à bifurquer en montant dans mon service pour aller voir Cassie et la convaincre de reculer mon congés. Mais c'est inutile, alors j'ai continué ma route.


Depuis ce matin, je me retiens de pleurer à chacune de mes visites. J'explique à des parents, à des enfants qu'ils n'auront plus à faire à moi pendant quelques temps. Et si tous les parents ont la même réactions en me félicitant, en me disant de profiter de ce temps pour prendre soin de moi, les enfants eux, ne réagissent pas tous aussi bien. Certains râlent, pleurent, me poussent toujours plus près de mes propres larmes.


Et quand mes visites se terminent, c'est épuisé, à la limite d'éclater en sanglots au beau milieu du couloir que je cours presque jusqu'à la salle de repos dans laquelle je m'enferme avant de laisser libre court à mes larmes.


Je m'effondre sur un des lits, pleure sans retenue. Je pleure comme un gosse, et ça me fait du bien. Ça me fait un bien fou de tout laisser sortir comme si personne ne pouvait me voir, comme si personne ne pouvait m'entendre. Et si je suis sûr d'être seul dans la pièce, je suis aussi sûr que n'importe qui dans le couloir peut m'entendre sangloter, m'étouffer au travers de mes larmes.


Je veux pas partir. Je veux continuer à travailler tous les jours. Je veux m'affaler avec Jade dans la salle de pause, écouter les commérages de Patricia et Agnès. Je veux rire avec Dylan des mères un peu trop effrontées, en apprendre toujours plus avec le Docteur Alverson. Je veux rester avec eux. J'ai déjà eu du mal à tenir pendant un mois, je vois pas comment je vais pouvoir rester quatre mois loin de mon service, loin de ces personnes qui rythment et animent mon quotidien depuis presque six ans. Ils m'ont tous tellement aidé ces derniers mois, et comme pour Louis, je n'ai rien fait pour eux. Je suis peut-être vraiment aussi égoïste qu'il le dit.


''-Harry? Est ce que quelqu'un a vu Harry?''


J'entends Jade qui me cherche dans le couloir. Je l'entends, je sais qu'elle va finir par ouvrir la porte qui me fait face d'une seconde à l'autre, mais je ne me redresse pas, je n'essuie pas mes larmes, n'essaie pas de les arrêter. Je ne fais rien quand elle entre, quand elle me voit. La surprise passe dans son regard, laisse sa place à une compassion que je ne suis pas sûr de mériter.


''-Bah alors, qu'est ce qu'il t'arrive? Me demande-t-elle en venant s'asseoir au bord du lit.

-C'est stupide...

-Non. Pas si ça te fait pleurer. Me répond-elle en passant sa main encore et encore le long de mon flan.''


Ça m'apaise. Sa présence, son parfum délicat m'apaisent. Je ne l'avais jamais réalisé jusqu'à aujourd'hui. Mais s'il y a bien quelqu'un qui m'a aidé à aller au bout de chaque journée ces dernières semaines, c'est bien elle.


''-Je veux pas partir...

-Mais c'est pour la bonne cause. Me répond-elle avec enthousiasme. Tu vas prendre du temps pour toi, préparer l'arriver de ton bébé comme il se doit. Continue-t-elle en s'allongeant doucement contre moi. Ça me fait pas plaisir que tu t'en ailles aussi... Ça va être bizarre de plus travailler avec toi tous les jours. Mais on pourra toujours se voir quand tu viens pour tes rendez-vous, et après quand tu viendras dans le service pour ta petite puce. Parce que t'as choisi le Docteur Alverson pour être son pédiatre hein? Il va être super vexé si c'est pas le cas.''

Harry et son haricot magique (LARRY STYLINSON MPREG)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant