•| 17|| Désir ∞

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Pensez à voter, mes Lunes !
Bonne lecture 🌒 💦💛
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Apollon

C'est maintenant que je me rends compte que ma mâchoire est serrée depuis que je suis rentré. L'alcool et les joints ne font pas passer les choses, et je prends conscience que lorsque je suis avec elle, je n'en ai pas besoin.

Paul : J'ai envie d'arrêter. La drogue, l'alcool... toutes ces merdes.

Nolan : Je suis là si tu as besoin.

Paul : Nolan ? Merci. Merci pour... tout en fait. Je suis vraiment heureux de vous avoir pour nouvelle famille.

Nolan : Je suis en bas. Rejoins-moi.

Je redescends dans la salle de bains, ferme le velux et dévale les escaliers. Mon frère adoptif m'attend dans le salon, mais il n'est pas seul comme ce que je songeais.

— Luna ?

C'est quoi ce bordel ? Qu'est-ce qu'elle fiche ici ? Un nœud se forme dans mon thorax, rendant la déglutition difficile. Elle n'a pas le droit de rentrer dans mon univers. J'ai trop peur qu'elle se rende compte à qui elle confie ses secrets depuis plus d'un mois.

— Tu veux quoi ? je lance, méfiant, me mordant les joues pour m'auto rappeler à l'ordre : je ne dois pas l'agresser.

— Heu..., souffle-t-elle, les joues brûlantes de honte de se faire reprendre. Puisque je n'ai pas ton numéro et que nous sommes en vacances, je n'ai pas de moyen de te contacter alors... j'ai... décidé de venir ?

Je ne peux empêcher mes sourcils de ses lever très haut, au milieu de mon front au moins : quoi ? Je retourne les yeux, gêné de mal avoir interprété ses actes : je pensais qu'elle avait découvert que j'étais le "Apollon" à qui elle parle toutes les nuits. Nolan me regarde avec des yeux ronds comme des soucoupes, qui s'agrandissent encore alors que je me mets à bafouiller pour lui répondre.

— Tu veux bien rester là deux secondes, Luna ? demande Nolan sans me quitter des yeux.

Elle hoche la tête lentement, je le vois du coin de mes yeux, alors que mon frère me tire par le bras jusque dans la cuisine.

— C'est. Quoi. Ce. Bordel., grogne-t-il. Un coup tu harcèles une fille jusqu'à la pousser à bout, et soudain, tu arrêtes et tu l'invites chez nous ? Depuis quand, Paul ? Depuis quand, Apollon Da Costas, êtes-vous autorisé à détruire une personne de cette façon et lui parler après comme si de rien n'était ?

— Ta gueule, je souffle. Elle ne sait pas que je m'appelle Apollon et je ne compte pas lui dire aussi tôt. Je t'expliquerai plus tard. Tu verras, j'ai mes raisons et tu comprendras. Maintenant, tu veux bien nous laisser seuls ?

— Pas dans ta chambre, m'avertit-il, le regard foudroyant.

Je secoue la tête, de toute façon, je pense qu'on va se balader en ville, ça ne sert à rien de rester ici. Mon frère acquiesce alors : notre deal est conclu. Il monte les escaliers en saluant Luna Charleston lorsqu'il passe devant elle, me jette un dernier regard et ferme sa porte à clé.

Le silence nous entoure, je n'aurais jamais cru qu'il soit aussi gênant. J'hésite de nombreuses secondes avant d'articuler péniblement deux mots accompagnés d'un geste de la main vers l'extérieur :

— Tu veux... ?

Elle acquiesce, repoussant ses mèches noires brillantes dans son dos, en ramenant quelques-unes devant ses yeux pour cacher ses joues rougeoyantes, serre la bretelle bleue de son sac à dos de toutes ses forces. Ma réaction lui a fait peur. Je le sais.

Je sors à sa suite et nous marchons sans bruit, l'un à côté de l'autre, en direction du café. L'odeur du chocolat chaud nous attire dans la bonne direction, cela me fait songer à la saison d'été qui arrive à sa fin. La main pâle et délicate de Luna pend dans le vide à côté de la mienne. Si j'étais un gentlemen, ou que je n'avais pas merdé depuis le début de notre relation, je l'aurais prise. Mais je suis un connard sans âme ni sensibilité — enfin, en principe. Mon cœur semble avoir appris à battre lors de nos échanges nocturnes. Jamais je n'accepterai d'admettre cela.

— Tu vas bien ? demande-t-elle, essayant de couvrir le silence pesant

— Ça va, je souffle en haussant les épaules parce qu'au fond, je n'en sais rien. Et toi ?

— Je suis fatiguée, m'avoue -t-elle en faisant une petite moue, comme si elle hésitait de me le dire.

Je me risque sur une route cabossée, car je n'ai pas réabordé ce sujet depuis la fois où je m'étais moqué d'elle. La dernière fois où je l'avais fait au bahut.

— C'est à cause de ta sœur ?

Elle ne répond pas, ses paupières plissées retenant quelques larmes. Je me pince les lèvres et cale mon allure à la sienne, lorsque je m'arrête, elle m'imite.

— Écoute, Lunie...

— Ne m'appelle pas comme ça, réplique-t-elle. Pas de surnom, Paul.

— Je suis désolé pour ta sœur. Et j'ai été le plus gros des cons ces derniers temps — je l'ai toujours été, en fait. Mais je voudrais sincèrement te présenter mes excuses, et j'espère que tu les accepteras.

Elle s'effondre sur un banc. Tout cela est beaucoup trop dur à supporter pour elle, je le comprends totalement.

— Si tu savais à quel point je suis désolé ! Je m'en veux terriblement, Luna. Est-ce-que tu veux bien me pardonner ?

Ses yeux noirs, si noirs ! se lèvent sur mon visage, détaillent mes cheveux, mes joues, mon sourire compatissant, et soudain, mes épis blonds me paraissent beaucoup trop banals. Ses iris se posent sur mes lèvres, puis sur mes yeux, à nouveau. Mon cœur me trahit, s'emballant dans ma poitrine. Le con.

— Il faut que je réfléchisse, Paul.

Elle se redresse, lisse sa jupe, et s'échappe.

Bien joué.

Je rentre dans le café, m'installe à une table et commande ce chocolat viennois qu'elle m'a dit qu'elle aimait tant.

C'est vrai que c'est bon.

Je le déguste, pensant à son regard sur ma bouche.

Seul.

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L'Enfer c'est nousWhere stories live. Discover now