1. Jeu de piste

63 9 109
                                    

29 janvier 2023, un an et quelques mois plus tôt

Mon réveil se mit à sonner bruyamment. Le bruit me vrilla les oreilles et je grommellai instantanément, le nez enfoui dans mon oreiller. Je basculai et roulai de manière à me retrouver sur le dos, le nez vers le plafond. J'entrouvris les paupières... et les refermai aussitôt, aveuglée par la lumière matinale de janvier, un peu trop éclatante à mon goût. Je finis par les rouvrir (non sans peine) et m'étirai lentement. Après quelques secondes, je trouvai le courage de me redresser. Mon réveil avait depuis le temps arrêté de sonner. Je lui jetai un coup d'œil, il était dix heures et quart, nous étions le samedi 29 janvier, la fin du premier mois de l'année 2023 arrivait...

Minute.

Je fronçai les sourcils, puis me mordis la lèvre.

Il est dix heures et quart ?! Je bondis comme un ressort. J'étais censée être sur la place du village dans une grosse quinzaine de minutes, et il était de notoriété publique que je suis incapable de mettre moins d'une demi-heure à me préparer une fois levée. Pourtant, il allait falloir que je fasse ça en trois fois moins de temps...

Je m'éjectai de mon lit à la vitesse de l'éclair, et attrapai un jean, mon t-shirt "Gamers don't die, they respawn", un sweat à capuche Star Wars et des sous-vêtements dans la penderie. Je sortis de ma chambre, envoyant la porte claquer contre le mur, et me précipitai dans la salle de bains avec un juron. Cinq minutes plus tard, j'en sortais, encore dégoulinante de ma douche express. Une fois revenue dans mon domaine au bout du couloir, à côté de l'escalier, j'attrapai mon téléphone sur la table de nuit chargée de livres et d'amiibos Zelda, attachai ma montre à mon poignet. Je décrochai une petite sacoche du porte-manteau et glissai à l'intérieur un petit carnet, un stylo et mes clés. Une fois la porte refermée et un panneau "Attention, ne pas entrer ! Dangerosité : Lvl 100 !" suspendu à la poignée, je dévalai l'escalier de bois clair en direction du salon, où mon frère Alexandre était affalé dans un canapé le nez sur son portable, un bol de céréales à moitié vide posé sur la table basse non loin. Il leva la tête à mon approche, et éclata de rire à la vue de mon air de chien battu —et mouillé, qui plus est.

—Eh ben, Livi, t'es tombée du lit ? s'exclama-t-il en riant aux éclats.

—Très drôle, maugréai-je. Je n'ai pas entendu mes réveils. Je dois être sur la place dans cinq minutes, et j'ai rien mangé. Pourtant, avec les potes, on va faire du vélo pour aller quelque part. Et je sais d'expérience que faire du vélo dans les bois le ventre vide, c'est pas la meilleure idée du monde.

—Et c'est où que vous devez aller ?

—Aucune idée, fis-je en haussant les épaules. Ethan nous a envoyé un message sur le groupe qui nous disait de nous ramener samedi à 10h20 sur la place, parce qu'il avait quelque chose d'ultra-hypra urgent à nous montrer, et que ça ne pouvait pas attendre que j'aie eu ma grasse matinée du samedi —ce sont ses mots. Il n'a eu aucune considération envers mon humble personne, déplorai-je.

—Pauvre de toi, rit Alexandre. C'est un véritable drame. Mais, euh, fait-il après quelques secondes de battement, tu ne devrais pas te dépêcher ?

Je jetai un coup d'œil paniqué à ma montre... et me décomposai en voyant l'heure. Plus que sept minutes pour manger me brosser les dents, sauter sur mon vélo et me précipiter vers la place... Autrement dit, mission impossible.

—Salut ! criai-je à Alexandre tout en me précipitant vers la cuisine.

Le rire de mon aîné m'accompagna alors que je m'éloignais. Une fois dans l'autre partie du salon, j'esquivai mon petit frère de trois ans qui jouait avec ses petites voitures, étalé sur le parquet, et manquai de trébucher en glissant sur un de ses véhicules.

Nos toutes premières foisWhere stories live. Discover now